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Le paradoxe fiscal

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La disparition récente de Maurice Allais  sera-t-elle l’occasion de se pencher sérieusement sur ses propositions qui paraissaient jusqu’alors iconoclastes, comme l’abandon de toute taxation des revenus du travail qu’il considérait comme contraire aux principes d’équité ?

Telle pourrait être la lecture optimiste de la récente réunion convoquée à l’Elysée où le Président de la République a abordé avec des Elus, la question du bouclier fiscal et de l’ISF.

Le paradoxe fiscal de notre pays est d’accroître les inégalités tout en donnant l’illusion de les combattre.

En matière de fiscalité, les idées ne sont ni de droite ni de gauche, elles sont bonnes ou mauvaises.

Et pourtant, il s’agit bien d’un combat doctrinaire qui semble guider notre politique fiscale.

Cette démarche cherche ainsi à masquer la réalité d’une situation dont la gravité pour les finances publiques est sans précédent.

Augmentation des dépenses publiques et baisse des recettes fiscales

Depuis la fin des années de croissance, les gouvernements successifs sont confrontés à une équation qu’ils ne peuvent résoudre entre une augmentation galopante des dépenses publiques liées notamment aux transferts sociaux et une baisse constante des recettes fiscales.

D’une architecture totalement obsolète, notre politique fiscale repose sur un fondement d’égalitarisme, alors que l’impôt ne doit pas avoir comme objectif de lutter contre les inégalités de revenus.La question qui se pose à nos sociétés est de reconnaitre qu’il existe réellement deux types de revenus, des revenus gagnés et des revenus non gagnés. Les premiers sont ceux résultants du fonctionnement normal de notre économie qui, pour qu’elle soit efficace, doit s’organiser sur la base d’une économie de marché ou d’échange.Ces revenus gagnés sont pour la majorité d’entre nous des revenus légitimes et ce à juste titre.

Par opposition, les revenus non gagnés ou revenus illégitimes sont ceux issus d’une économie de spéculation.

Revenus légitimes ou revenus illégitimes ?

Loin de comprendre cette logique, nos gouvernants persistent à ne pas considérer l’importance que revêt cette différence entre «revenus légitimes et revenus illégitimes» dans l’opinion publique.

Les revenus légitimes doivent être appréhendés très différemment en terme d’impôts, par oppositions aux revenus illégitimes qui, pour la majorité des citoyens, doivent être lourdement fiscalisés. Le principe selon lequel seuls sont légitimes et justifiés, les revenus correspondants à un service effectivement rendu, parait bien correspondre à l’éthique admise.

Nous ne pouvons persister dans une fiscalité qui pénalise autant le travail des personnes physiques et que celui des entreprises.

Pour cela, plusieurs pistes peuvent être explorées dont la suppression totale de toutes les charges directes ou indirectes, impôts sur le revenu ou impôts sur le bénéfice des personnes physiques ou morales.

Comment compenser la baisse des recettes publiques ?

La baisse des recettes publiques générées par cette décision pourrait être compensée par les mesures suivantes :

De telles mesures permettraient d’accroître sensiblement l’attractivité des revenus du travail ainsi que la performance des entreprises tout en jugulant les risques de création de bulles et de dérapages spéculatifs.

L’ensemble des charges liées à la protection sociale, à la maladie et aux retraites seraient donc fusionnées dans le cadre du budget de la nation donnant ainsi tout son sens au mot «solidarité».

Les taux de prélèvements proposés ont été déterminés en fonction de différents paramètres existants et ayant fait l’objet d’études préalables. Notre paradoxe fiscal réside dans notre incapacité à nous remettre en cause pour bâtir cette nouvelle société plus juste à laquelle nous aspirons tous.

Maurice Allais est décédé  le samedi 9 octobre 2010. Pour en savoir plus, lire sa biographie sur Wikipédia.

 

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