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Chicago Tribune, le Républicain qui a demandé la démission du Républicain Nixon

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Ancrage républicain…

 

À ses débuts, le journal ne choisit pas d’affiliation politique même si son contenu s’avère clairement conservateur. Les éditoriaux xénophobes sont chose commune dans la deuxième moitié du xixe siècle. Vers 1855, le journal s’affilie au parti nativiste, Know Nothing (à l’origine opposé à l’immigration irlandaise), derrière le candidat Levi Boone à la mairie de Chicago. Lorsque Charles H. Ray, Horace Greeley et Joseph Medill achètent chacun un tiers du Tribune, la ligne éditoriale s’éloigne du parti nativiste et tend à se rapprocher du parti Républicain. Chicago Tribune fusionne dès lors avec trois autres journaux : Free West en 1855, Democratic Press en 1858, Chicago Democrat en 1861.

 

…de longue date

 

Pendant la guerre de Sécession, les nouveaux éditeurs prennent parti pour l’abolition de l’esclavage et soutiennent Abraham Lincoln à la présidence en 1860. Le journal restera par la suite un organe de presse du parti Républicain. Ce qui ne l’empêche d’apporter son soutien à des candidats indépendants comme Horace Greeley en 1872 ou Théodore Roosevelt en 1912. Le Tribune a même soutenu des Démocrates en course pour le Sénat comme Obama, ou Melissa Bean pour les Chambre des Représentants.

 

L’ère McCormick

 

En 1910, McCormick prend le poste d’éditeur et fait du Chicago Tribune le troisième quotidien le mieux vendu. Il reste à sa tête jusqu’en 1955, année de sa mort. Après une guerre économique contre le Herald-Examiner de Hearst dans les années 1920, le Tribune ressort grandi de cette bataille, fort de 250 000 lecteurs. Sa ligne politique, pendant les années McCormick, fait du quotidien un outil de campagne pour les Républicains même à travers la simple couverture de l’actualité. Il se dit « le journal américain pour Américains » (« The American Paper for Americans ») et dénonce le New Deal, les actions entreprises par les Démocrates, dénigre la France et la Grande-Bretagne, mais s’enthousiasme pour les actions de Chiang Kai-Shek, nationaliste chinois, ou du sénateur Joseph McCarthy. Sous la direction de McCormick, le journal publie de véritables scoops. En juin 1919, il obtient le texte du Traité de Versailles, et lors de la seconde guerre mondiale révèle les plans d’attaques américains sur Pearl Harbor.

 

L’erreur de 1948

 

En 1948, le quotidien commet une erreur qui le propulse sur le devant de la scène médiatique. Lors des élections présidentielles, convaincu que Harry S. Truman, candidat Démocrate, va perdre, et que le candidat Républicain Thomas Dewey va gagner, le rédacteur en chef fait titrer en une « Dewey bat Truman ». mais c’est Truman qui l’emporte. Ce numéro devient un collector que le vainqueur brandit fièrement sur une photo prise le jour de sa victoire.

 

Prix Pulitzer en série

 

Sous la direction de McCormick, le journal a refusé pendant des années de participer à la compétition pour le prix Pulitzer. Pour autant, il a gagné près de 25 prix divers pour les compétences de ses éditorialistes dans ces années-là. Dès 1961, le premier prix Pulitzer est remporté pour les caricatures des éditoriaux de Carey Orr. Trois autres prix sont remportés pendant les années 1970, et onze entre 1980 et 2000. Le titre engrange cinq nouveaux prix au début du XXIe siècle. Ses reportages primés vont des fraudes gouvernementales au désastre d’une tornade frappant la région.

 

Le temps du Watergate

 

Au début de l’année 1974, le quotidien décide de publier les textes des enregistrements du Watergate. Bingo, il est le tout premier à les publier, avant même le bureau d’impression gouvernemental ! Le Chicago Tribune souligne alors à quel point les principes qui devraient caractériser les membres du gouvernement sont terriblement absents dans ce type d’affaire. Le quotidien ira jusqu’au bout de sa logique en demandant la démission de Nixon : il ne transige pas entre ses principes éthiques et son engagement politique en faveur du candidat Républicain.

 

Principes fondateurs : liberté, économie de marché et intégrité

 

En 2007, la ligne éditoriale est réaffirmée dans un ensemble de principes, publiés. La philosophie qui anime les colonnes du journal y est redéfinie de manière plus claire, autour de la liberté. Sur le plan des principes économiques, le quotidien insiste sur la liberté d’entreprendre et l’économie de marché. Le Chicago Tribune met l’accent sur l’intégrité nécessaire du gouvernement et des institutions privées qui jouent un rôle fondamental dans la société, rappelle l’importance pour la population du libre accès aux informations de nature à forger son choix de gouvernance. Mais il reste un vecteur de promotion de Chicago et de sa région.

 

Évolutions et rachats

 

Le format broadsheet du quotidien se fait tabloïd pour certains points de vente pour des considérations économiques. Son édition sur Internet l’a poussé à acquérir près de 10 % des parts de marché d’America Online pour abriter des sites tels que Chicagotribune.com (1995), Metromix.com (1996), ChicagoSports.com (1999), ChicagoBreakingNews.com (2008), et ChicagoNow.com (2009). En 2002, le journal a lancé une édition tabloïd particulièrement destinée aux 18-34 ans, RedEye. Les difficultés financières connues par le titre ces dernières années ont assombri son histoire. En 2007, le titre est racheté par un magnat de l’immobilier, Sam Zell, pour 8,2 milliards de dollars. Depuis 2008, le journal adhère au programme Chapter 11 Bankuptcy protection, censé le protéger de la faillite. Une partie de la dette du journal a été remboursée. Malgré ses difficultés, le Chicago Tribune reste un des quotidiens les plus important du pays.

 

En bref

 

Pays : États-Unis

Périodicité : quotidien

Genre : généraliste

Diffusion : 1 209 581 exemplaires

Adresse : 435 N. Michigan Ave., Chicago, IL 60611

Site web : http://www.chicagotribune.com/

 

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