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Daily Mirror, scandales dûment sourcés…

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Un journal pour femmes, lu par les hommes ? 

 

Le nom Daily Mirror « reflète » bien le projet d’Harmsworth : créer un « miroir de la vie féminine, tant par ses côtés sombres que ses aspects joyeux, une sorte de divertissement, ni trop sérieux ni trop ennuyeux ». Toutefois, Alfred Harmsworth espérait toucher aussi la cible des hommes, ce qu’il annonçait dans son sous-titre, « un journal pour hommes et femmes » (ce qui ne semblait pas troubler la logique britannique…).

Pendant un an, le journal végète, ce qui l’oblige à baisser son prix et à revoir sa formule, l’équilibre des photographies, des textes et des caricatures.

 

Record de ventes

 

Dix ans après sa fondation, le journal est cédé au frère du fondateur. Les ventes augmentent et certaines éditions dépassent le million d’exemplaires, ce qui fait du Daily Mirror le quotidien illustré le plus vendu en Grande-Bretagne. Dès 1939, il dépasse le 1,4 million d’exemplaires. Après la guerre, les ventes triplent jusqu’à 4,5 millions d’exemplaires ! Il domine nettement le marché des tabloïds britanniques.

 

Le journal de la classe ouvrière

 

À la fin des années 1930, le quotidien entre en guerre contre le Daily Herald et le Daily Express. Cecil King et Guy Bartholomew, respectivement trésorier et éditeur, qui assurent principalement la direction du Daily Mirror, le font basculer : ce journal conservateur, de classe moyenne, devient le tabloïd de la classe ouvrière.

Pendant la seconde guerre mondiale, il se range du côté des soldats et civils, critique les compétences des décisions politiques. Après la guerre le Daily Mirror, menacé de censure, se rallie au camp travailliste, persuadé que le Labour Party saura préserver la paix dans la Grande-Bretagne d’après-guerre.

 

Érosion des ventes

 

En 1968, la rédaction en chef introduit un supplément où cohabitent l’international, la politique, l’économie, la science et le monde des affaires, le « Mirrorscope ». C’est un tournant qui le positionne sur un contrat de lecture à même d’attirer un lectorat issu des classes supérieures, potentiellement bien plus vaste.

En 1984, le Sun, autre tabloïd britannique, le détrône en termes de diffusion. Les présidents du groupe qui publie le Daily Mirror se succèdent : de Robert Maxwell, jusqu’à sa mort en 1991, à David Montgomery par la suite. Mais ces dix dernières années, l’ex-n° 1 des tabloïds se laisse dépasser par un autre « Daily », le Daily Mail.

 

Comment repérer les gays ?

 

Une édition du dimanche, Sunday Pictorial, devenu Sunday Mirror, accompagnait le quotidien dès 1915. Il fut à l’origine récemment d’une controverse sur l’homosexualité en Grande-Bretagne avec un guide « au second degré » anglé : « comment repérer un homo ? »

 

Un tabloïd populaire et provocateur

 

Politiquement, le quotidien ne cache pas ses opinions. Opposé à la guerre en Irak, il a financé un fonds de protestation contre la guerre en 2003. Dans le même objectif, la une du 4 novembre 2004, après la réélection de George W. Bush à la Maison Blanche, titre « Comment 59 054 087 personnes peuvent-elles être si bêtes ? » Le tabloïd compare les quotients intellectuels des électeurs de Bush, cherche à prouver qu’ils se situent sous le seuil d’intelligence moyenne, à l’inverse de ceux qui ont voté pour le candidat démocrate, John Kerry. Bien sûr, cette pseudo-étude n’est qu’un canular, malgré tout prise au sérieux par les… intéressés !

Sinon, le quotidien se dit habituellement sûr de ses sources et s’assure constamment de vérifier ses informations. En cas d’erreur, un démenti est publié. Sa diffusion, passée sous la barre des deux millions, le classe encore parmi les quotidiens importants, même s’il se discrédite par ses provocations et son populisme.

 

Anecdote

 

« Car, en matière de fange, le Sunday Mirror, un de ces tabloïds à scandales qui fait jaser dans les jardins anglais, est un grand pourvoyeur. Alors, fort de certaines confidences d’origine douteuse, le Mirror a mis le paquet à la mi-juin sur une sordide histoire de drogue et de sexe dans laquelle serait impliqué le cavalier néo-zélandais, qui vit et entraîne ses chevaux en Angleterre.
Dans ce déballage scabreux, Mark Todd, à quarante-quatre ans, se voit ainsi accusé d’avoir sniffé de la cocaïne et de s’être vautré dans le stupre et la luxure lors d’une soirée gay… » Liliane Trévisan, L’Équipe, 18 août 2000.

 

En bref

 

Pays : Royaume-Uni

Périodicité : quotidien

Genre : généraliste

Diffusion : 1 700 000 exemplaires

Adresse : One Canada Square, London, United Kingdom

Directeur de la rédaction : Richard Wallace

Site web : http://www.mirror.co.uk/

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