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La Croix, catholique et humaniste

Changement de cap

 

La Croix à ses origines s’affirme en 1890 comme « le journal catholique le plus anti-juif de France ». De fait, pendant l’affaire Dreyfus, le journal orchestre une violente campagne antidreyfusarde. Néanmoins, si, à l’origine, la raison d’être de La Croix et de défendre la tradition conservatrice jusqu’à l’extrême, à partir des années 1930, le journal opère un changement : il devient un quotidien d’information générale et traite progressivement des questions sociales, soutenant entre autres des mouvements comme la Jeunesse ouvrière catholique (JOC), rattachée à l’Église de France.

 

La modernisation sous l’ère Gabel

 

C’est sous l’impulsion du père Gabel que le journal se renouvelle. Rédacteur en chef à partir de 1949, il introduit de nouvelles rubriques, comme le sport, le cinéma, la mode ou le théâtre. Le 1er février 1956, La Croix paraît pour la première fois sans le crucifix qui orne la « une » du journal depuis sa création. Durant cette période, le journal se montre ouvertement favorable aux prêtres-ouvriers et s’engage activement contre la torture en Algérie.

 

L’ère Wenger et les rapports avec l’Église

 

Lorsque le père Antoine Wenger devient rédacteur en chef de La Croix en 1957, le quotidien soutient le concile Vatican II (1962-1965) qui ouvre l’Église catholique aux défis de la société moderne (reconnaissance du pluralisme, des droits de l’homme et de la liberté religieuse) et fait entrer le catholicisme dans le monde du xxe siècle. Le journal, au diapason avec l’Église de France, fera beaucoup pour faire connaître et développer les intuitions du concile. Les changements qu’opère La Croix lui permettent de retravailler son image et d’apparaître plus accessible.

 

Un journal atypique porteur d’un regard humaniste

 

Néanmoins, ce changement de cap ne suffit pas, La Croix sait que pour conserver son audience et l’augmenter, il doit apparaître moderne. En mars 1968, La Croix paraît sous un format tabloïd. En janvier 1972, elle devient La Croix-l’Événement. Le choix de ce nouveau titre dénote une volonté de la rédaction de montrer que le journal n’est pas seulement religieux, mais un quotidien comme les autres, attentif aux phénomènes de société. Par ses transformations, La Croix cherche à conquérir un public plus large. Le titre souhaite avant tout transmettre un regard différent sur le monde qui nous entoure, un regard porteur d’espérance et empreint d’humanisme tout en tenant à rester moderne.

 

Des difficultés financières à la reconquête de son lectorat

 

La Croix peut se prévaloir d’une audience nationale significative : 87 % des ventes se font par abonnement. Toutefois, la faiblesse de la diffusion et des ressources publicitaires en berne entraînent une situation financière critique dans les années 1980 et 1990. C’est le groupe Bayard Presse (ex-La Bonne Presse), qui évite la banqueroute du titre en y injectant les bénéfices de ses autres publications (Le Pèlerin, Notre Temps, Pomme d’api…).

 

Une nouvelle formule qui ne fait pas recette

 

En 1983 – à l’occasion de son centenaire La Croix-l’Événement lance une nouvelle formule, plus dynamique et attrayante. En juin 1983, Noël Copin devient rédacteur en chef du journal. En dépit de tous ses efforts, le nombre des lecteurs du journal continue à diminuer.

 

Réaffirmation de l’identité catholique

 

C’est à cette époque que le journal choisit de ne garder que son nom originel, La Croix, et de réaffirmer son identité catholique. En 1995, Bruno Frappat, ancien du Monde, devient le nouveau directeur de la rédaction de La Croix.

 

Nouvelles technologies

 

Le groupe Bayard modernise La Croix en introduisant la rédaction électronique. Le journal lance également en 1987 une banque de données en texte intégral du quotidien. Le groupe se diversifie dans la presse enfantine et dans la documentation catholique par la création de nouveaux titres. En 2005, un nouveau rédacteur en chef est nommé, Dominique Quinio. Le 21 novembre 2006, le journal lance une nouvelle formule et le site Internet du quotidien, www.la-croix.com, est lui aussi renouvelé. Les efforts de modernisation paient : La Croix reconquiert son public et augmente ses ventes ainsi que la consultation de son site.

 

Une figure du journal : le père Wenger

 

Antoine Wenger est né le 2 septembre 1919 à Rohrwiller (Bas-Rhin), il est mort le 22 mai 2009. C’est un ecclésiastique français, éditorialiste à La Croix, byzantiniste et historien. Il est nommé rédacteur en chef en 1957 et sera pendant 12 ans un témoin et acteur de la politique française et internationale ainsi que de la vie ecclésiale hexagonale et mondiale. La mission qu’il s’est donnée : représenter un pont entre Rome et La Croix, entre l’Église et les citoyens, lecteurs du journal. Ce rôle lui a permis de faire de La Croix le journal qu’il est aujourd’hui : atypique, humaniste et accessible.

 

Bibliographie

 

Biographie d’un Journal : la Croix, Yves Pitette, Ed. Perrin : un décorticage de l’histoire de ce journal atypique du paysage médiatique.

 

En bref

 

Pays : France

Périodicité : quotidien

Genre : généraliste

Diffusion : 104 901 ex. (2009)

Propriétaire : Groupe Bayard Presse

Directeur de publication : Georges Sanerot

Directeur de la rédaction : Dominique Quinio

Rédacteurs en chef : Dominique Greiner, François Ernenwein, Florence Couret, Guillaume Goubert, Pierre Allais, Jean-Christophe Ploquin

Adresse : 18 rue Barbès, 92128 Montrouge Cedex

Téléphone : 01 74 31 15 05

Site Web : www.la-croix.com

 

 

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