Site icon La Revue Internationale

Le Canard Enchaîné, l’exception française déchaînée

Image 10.pngImage 10.png

Le rire comme arme

 

Créé le 10 septembre 1915, le Canard Enchaîné cherche par tous les moyens à lutter contre la propagande officielle et le bourrage de crâne mis en place lors de la première guerre mondiale. Afin d’éviter la censure, sa seule arme est le rire et l’utilisation d’un langage codé, alliant jeux de mots, ironie, métaphores, surnoms moqueurs, et autres figures de styles. Il popularise ainsi des expressions telles que « Minute Papillon » ou « Bla-bla-bla ». Son nom provient de L’Homme libre, une publication qui s’était renommée L’Homme enchaîné après avoir été censurée pour des critiques du gouvernement. Les créateurs du Canard, Maurice et Jeanne Maréchal nomment leur journal Le Canard Enchaîné. Ils comptent parmi leurs collaborateurs Anatole France, Tristan Bernard et Jean Cocteau.

 

La vérité et la liberté comme devise

 

Le slogan de l’hebdomadaire brandit la liberté de la presse, qui « ne s’use que quand on ne s’en sert pas ». La devise qu’invente HP Gassier en 1915, « Tu auras mes plumes, tu n’auras pas ma peau », ironise sur la capacité du journal à éviter toute forme de censure. Le journal cherche à faire de sa stabilité une marque de fabrique. Il applique la charte de Munich, rien ne lui importe plus que la véracité des faits qu’il rapporte. Leurs sources, plusieurs fois recoupées entre elles, sont principalement institutionnelles, issues de leur carnet d’adresses ou du courrier des lecteurs. Seuls les journalistes sont rémunérés pour les informations recueillies.

 

Indépendance financière et politique au cœur de la satire

 

Le Canard ne vit que des recettes de ses ventes et refuse d’accueillir la moindre publicité. Les bénéfices ne sont pas redistribués, mais mis en réserve. De par ses statuts, il se protège de toute reprise de l’extérieur puisque les actionnaires regroupent les fondateurs et les journalistes qui y travaillent. Lesquels sont d’ailleurs parmi les mieux payés de la presse française puisqu’en contrepartie ils ne peuvent ni écrire dans un autre journal, ni accepter la moindre gratification, ni… jouer en Bourse. Pour souligner d’autant plus la transparence, les comptes financiers du journal sont publiés chaque année.

 

Ni gauche ni droite

 

André Escaro, dessinateur du Canard Enchaîné, définit la tendance politique du journal comme indépendant : « La tendance actuelle du Canard, c’est l’objectivité. Ni gauche ni droite. » On le voit d’ailleurs à travers l’alternance politique : quand la gauche est au pouvoir, son mode politique reçoit les mêmes coups de bec que lorsque la droite domine. Le Canard fait peur à tout l’échiquier politique dont les acteurs ne se privent pas de l’utiliser à des fins partisanes pour faire passer l’information : quel que soit le cénacle, une fuite parvient presque toujours aux oreilles des canetons. À l’actif du Canard, de nombreux scandales comme l’affaire des diamants de Bokassa en 1979, l’affaire Papon en 1981, ou encore celle des micros des Renseignements généraux au siège de la rédaction.

 

Bibliographie

 

Le Canard enchaîné ou les fortunes de la vertu, histoire d’un journal satirique 1915-2000, Laurent Martin, Flammarion, 2001 : le Canard Enchaîné constitue une véritable institution de la presse française, malgré une histoire peu connue. En voici une. Malgré quelques crises relatées au fil des pages, Laurent Martin souligne comment l’hebdomadaire a toujours su s’en sortir avec brio, sans pour autant accepter l’esprit de sérieux, ce qui lui permet de conserver l’originalité de sa création. À travers les principales « affaires », l’historien cerne bien la crainte qu’inspire à tout politique un titre qui n’a pas cessé de dévoiler les coulisses de leurs propos authentiques. Souvent éloignés de l’intérêt commun.

Le Canard enchaîné Histoire d’un journal satirique (1915-2005), Laurent Martin, Nouveau Monde Éditions, 2005 : c’est à l’occasion des 90 ans du journal que Martin revient sur son rôle majeur dans de grands événements politiques du siècle. Il se repenche sur une histoire qui a fait trembler les trois dernières Républiques.

Le Canard Enchainé : La Ve République en 2 000 dessins, Jacques Lamalle, Laurent Martin, Patrice Lestrohan, Frédéric Pagès, Les Arènes, 2008 : que serait Le Canard sans ses innombrables caricatures ? Parmi les 75 000 dessins publiés par l’hebdomadaire sous la Ve République, les auteurs en ont sélectionnés  plus de 2 000 à propos de près de 300 événements majeurs sociaux, politiques et internationaux. Textes inédits sur les scandales révélés par Le Canard. Une « mare aux canards » de 4,5 kg et 650 pages…

 

En bref

 

Pays : France

Périodicité : hebdomadaire

Genre : Presse Satirique

Diffusion : 477 002 exemplaires

Adresse : 173 rue St Honoré 75051, Paris Cedex 01

Tél : 01 42 60 31 36

Directeur de la publication : Michel Gaillard

Directeur de la rédaction : Michel Gaillard

Rédacteurs en chef : Claude Angeli & Erik Emptaz

Site web : www.lecanardenchaine.fr

 

Quitter la version mobile