Le Nouvel Observateur fait partie des premiers newsmagazines français. Cet hebdomadaire d’informations générales fut publié pour la première fois le 19 novembre 1964. Il a réussi à surmonter quelques obstacles financiers et éditoriaux pour finir par s’inscrire en pole position du panorama des newsmagazines. Novateur, celui que l’on ne nomme jamais autrement que Le Nouvel Obs s’attache à un contenu représentatif de l’ère du temps en jouant la carte de ses lecteurs.
Une histoire semée d’embûches
Le Nouvel Observateur a fait ses premiers tours de rotative sous le nom de L’Observateur politique, économique et littéraire dès le 13 avril 1950. Ce sont d’anciens résistants comme Gilles Martinet, Roger Stéphane, Claude Bourdet et Hector de Galard, avec la collaboration de Jean-Paul Sartre, qui le créent. Il change deux fois de nom : en 1953 pour L’Observateur Aujourd’hui et en 1954 pour France Observateur. Politiquement, le journal s’oriente sur le chemin de la dénonciation de la colonisation, des scandales de la torture en Algérie. Notoriété acquise, il tire alors à plus de 100 000 exemplaires. Les premières difficultés financières se font sentir au début de l’année 1964.
Premiers pas du Nouvel Obs
Claude Perdriel, un industriel, Jean Daniel, qui quitte L’Express, décident de relancer l’hebdomadaire sous le titre Nouvel Observateur à partir du 19 novembre 1964. Vingt ans plus tard, pour résoudre de nouveaux soucis financiers, Claude Perdriel augmente à nouveau le capital du journal et devient l’actionnaire majoritaire. Le magazine reste l’héritier d’une longue lignée d’opposition aux gouvernements français de centre droit, et se place dès lors au centre gauche, sensible aux idées sociales-démocrates comme en témoignent les écrits d’André Gorz, philosophe, qui signe ses publications sous le nom de Michel Bosquet. Malgré les difficultés financières, Jean Daniel assure la direction jusqu’en 2008. Il cède son fauteuil à Denis Olivennes, directeur général délégué du groupe Nouvel Observateur et directeur de la publication de l’hebdomadaire. Il a été récemment remplacé par Laurent Joffrin.
Un magazine ancré dans la réalité
Le Nouvel Observateur se veut représentatif de la modernité des années 1970, en révélant l’évolution des habitudes des Français, les nouveaux courants socioculturels qui se multiplient. Le concept du journal est alors modifié après les premières difficultés financières pour en faire un newsmagazine fondé sur les reportages et les faits de société. Sa portée culturelle lui assure de nombreuses plumes célèbres. De plus, le lancement de suppléments étend sa couverture de l’actualité et lui confère une diffusion nationale. En 1985, un supplément Obs de Paris s’attache à détailler la vie culturelle de la capitale tout en développant un cahier économique. En 1993, le TéléCinéObs fait son apparition qui se consacre aux spectacles et principalement à la télévision. En 2003, divers suppléments régionaux accompagnent le magazine national. L’innovation, qui place Le Nouvel Observateur comme un magazine représentatif de l’ère du temps, est son passage à l’ère numérique en 1999 par la création d’un site d’information en continu sur Internet, à l’initiative de Patrick Fiole. L’information y est assurée en temps réel, différée des publications hebdomadaires.
Jean Daniel, un étonnant fondateur
D’abord journaliste reporter, repéré par Jean-Jacques Servan-Schreiber, Jean Daniel couvre les événements d’Algérie et s’intègre parfaitement à l’équipe de L’Express, proche des idées de Pierre Mendès-France. Mais ses articles polémiques le font remarquer à plusieurs reprises. Il nage volontiers à contre-courant : à l’écoute des aspirations nationalistes puis indépendantistes des Algériens, il croit néanmoins en la capacité de De Gaulle à faire la paix en Algérie. Sur la question israélo-palestinienne, ce juif de confession se dit favorable à la création d’un État palestinien. Enfin, politiquement, longtemps « mendésiste », il se rallie par la suite à François Mitterrand. Son engagement politique n’est pas récent puisque, dès 1947, il se prononce en faveur d’une unité économique en Europe et, en 1953, alors qu’il entre à la Société générale de presse, il y prend en charge les « affaires coloniales ». Très vite, il se fait connaître à l’international et rencontre JF Kennedy comme Fidel Castro. Ses rapports se complexifient avec le dirigeant de L’Express, ce qui le pousse, au cours de l’hiver 1963-1964, à reprendre France Observateur avec l’aile gauche de L’Express. Tout en poursuivant son activité d’éditorialiste, il compose de nombreux livres autour d’auteurs qui lui sont chers comme Camus, ou de thèmes qu’il affectionne comme Israël ou l’identité.
Bibliographie
La Guerre et la paix : Israël-Palestine : chroniques, 1956-2003, Odile Jacob, 2003
Cet étranger qui me ressemble, Grasset, 2004
Avec Camus : comment résister à l’air du temps, Gallimard, 2006
Jean Daniel : 50 ans de journalisme, de L’Express au Nouvel Observateur, Corinne Renou-Nativel, Le Rocher, 2005 : c’est l’histoire de Jean Daniel, témoin engagé et fondateur du Nouvel Observateur, qui occupe une place originale dans le paysage médiatique français. L’un des hommes marquants de la seconde moitié du xxe siècle.
En bref
Pays : France
Périodicité : hebdomadaire
Genre : Magazine d’actualité
Diffusion : 530 123 exemplaires
Adresse : 2 place de la Bourse, 75002 Paris
Tél : 01 44 88 34 34
Directeur de publication : Laurent Joffrin
Directeur de la rédaction : Michel Labro
Site web : http://www.nouvelobs.com