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Le Parisien/Aujourd’hui en France, populaire et fragilisé

Un journal « populaire de qualité »

 

Le Parisien Libéré voit le jour le 22 août 1944, il se veut « populaire de qualité ». Il se donne les moyens de ses ambitions en particulier dans le choix de ses chroniqueurs qui allient langage populaire et journalisme de fond. Sa coloration politique est clairement à droite, puis durablement gaulliste. Ses tirages augmentent régulièrement pendant l’après-guerre: 222 000 (1945), 340 000 (1947), 1 005 681 (1958), 1 100 000 (1965) et culminent à 1 180 000 en 1969, avec l’annonce du décès du général De Gaulle.

 

L’extension aux départements

 

À partir de mars 1960, Le Parisien Libéré étend ses éditions dans les départements de l’Oise (1960), de l’Eure, de l’Yonne, des Hauts-de-Seine (1985), de la Seine-Saint-Denis (1985) et du Val-de-Marne (1985). En parallèle, entrent dans le groupe de presse Amaury des titres sportifs (L’Équipe, en particulier), des journaux de province et des mensuels féminins. En février 1966, parallèlement à son édition habituelle, Le Parisien Libéré crée une édition en petit format, spécial Métro-Île-de-France.

 

Crises et renaissance

 

La crise économique pétrolière des années 1970 touche de plein fouet le journal qui perd près de la moitié de son audience en moins de cinq ans. S’y ajoute une grève de plusieurs mois du Syndicat du livre CGT qui empêche toute publication du Parisien Libéré, ce qui achève de le couper de son lectorat. La tempête passée, le titre regagne petit à petit les années suivantes son audience en dépit des conflits syndicaux qui demeurent, notamment entre 1975 et 1977. Puis, pour achever sa renaissance, Philippe Amaury reprend le Parisien Libéré à la mort de son père Émilien en 1977. Le journal prend son titre actuel – Le Parisien – en 1985, dit-on pour casser sa vieille empreinte gaulliste, passe à la couleur et adopte une nouvelle maquette : la renaissance est achevée.

 

Philippe Amaury, figure emblématique

 

Né le 6 mars 1940, Philippe Amaury, docteur en droit et diplômé de Sciences Po, était à la tête de son groupe depuis près de 23 ans lorsqu’il décède le 23 mai 2006. La mort accidentelle de son père en 1977 avait enclenché une bataille juridique entre ses deux héritiers, Philippe et sa sœur Francine, privilégiée dans un testament controversé. Le différend est réglé par un accord amiable de partage en septembre 1983. Deux mois plus tard, Philippe Amaury arrive aux commandes du groupe Le Parisien Libéré, qu’il rebaptise Les Éditions Philippe Amaury en 1985. Pour parvenir à court-circuiter la distribution qui lui échappe, il engage en 2000 et 2001 un bras de fer avec le syndicat du Livre CGT et les Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP). Le lancement d’un système de distribution propre au Parisien lui donne le dernier mot.

 

Un personnage solitaire

 

Homme discret qui gouverne en solitaire, il prend seul les rênes de son groupe en janvier 2004 après le départ du directeur général Jacques Guérin en raison de divergences sur la stratégie. Sa femme Marie-Odile est vice-présidente du groupe, sa fille Aurore en est la directrice des études stratégiques, mais son fils Jean-Étienne n’a pas de fonctions au sein du groupe. Philippe Amaury reste dans les mémoires pour son parcours singulier, sa détermination et son implication dans « son » journal.

 

Jamais sans mon Parisien

 

Les quelque 3 000 employés du groupe Amaury produisent les quotidiens Le Parisien/Aujourd’hui en France, L’Équipe et L’Écho Républicain, ainsi que L’Équipe Magazine, France Football et Vélo MagazineEn 2010, le groupe Amaury choisit de tenter l’expérience des paris sportifs. Il annonce alors sa volonté de se défaire du Parisien – Aujourd’hui en France mais se ravise quelques mois plus tard. Au grand soulagement des « fans » du Parisien, persuadés que sans le groupe, le quotidien eût signé son arrêt de mort.

 

Les déboires financiers s’amoncellent

 

Pourtant, le journal est bel et bien en proie à des difficultés financières. Il va se réinventer, mais en passe par des plans sociaux. En septembre 2009, le directeur de la rédaction Dominique de Montvalon et deux rédacteurs en chef, Philippe Duley et Gilles Verdez, sont licenciés en raison du « manque de clarté du plan éditorial ». Ils sont remplacés par Thierry Borsa. Ces semaines d’errance ont un impact très négatif sur des ventes, d’ores et déjà en recul.

 

À la recherche d’une nouvelle identité

 

En novembre 2009, la Société des journalistes du quotidien, en sommeil depuis douze ans, est relancée, vrai tournant dans le journal qui participe de sa nouvelle identité. En outre, pour achever sa transformation, Le Parisien inaugure une nouvelle formule et introduit la couleur le 26 janvier 2010. Le quotidien est désormais divisé en trois séquences : «L’actu» (informations générales), « Le sport », et « L’air du temps » (société, culture, médias). En dernier lieu, Le Parisien lance une campagne de pub – « Le Parisien, il vaut mieux l’avoir comme journal »dans laquelle sont parodiées des situations « typiques » de Parisiens sans savoir-vivre. Cette campagne humoristique de second degré participe au rajeunissement et à la dynamisation de l’image du journal. L’avenir dira si la relance est solide.

 

Anecdote

 

Le premier titre de une, « La victoire de Paris est en marche ! » parut trois jours avant la libération de la capitale. Bon augure.

 

Bibliographie

 

Le site www.lexpress.fr publie un hommage posthume à Philippe Amaury le 24 mai 2006 (http://www.lexpress.fr/actualite/economie/philippe-amaury-est-mort_458549.html)

 

En bref

 

Pays : France

Périodicité : quotidien

Format : tabloïd

Genre : généraliste

Diffusion : 499 257 ex. (2009)

Propriétaire : Groupe Amaury

Directeur de la rédaction : Thierry Borsa

Rédacteurs en chef : Stéphane Albouy, Nicolas Charbonneau, Bertrand Parent

Site web : www.leparisien.fr et www.aujourdhui.fr

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