Aucune grande ville indienne n’offre à ses résidents un approvisionnement en eau permanent. Dans la majorité, l’eau n’est disponible que de façon imprévisible à certains moments de la journée.
Les Indiens les plus riches contournent la pénurie en payant pour des systèmes de réservoirs de pompes et de filtres, mais les plus pauvres doivent dépenser la plus précieuse de leurs ressources, leur temps. Ils attendent parfois toute la journée que l’eau jaillisse.
Une association d’étudiants américains semble avoir trouvé un moyen efficace pour venir en aide aux populations en combinant solidarité sociale et usage du téléphone portable…
En Inde, comme dans la majorité des pays d’Asie du Sud où la fourniture d’eau est aléatoire, ce sont souvent les femmes qui passent leurs journées entières à attendre de s’approvisionner, au détriment de leurs responsabilités professionnelles et familiales.
Une solution inattendue
Un groupe d’étudiants de l’Université de Berkeley en Californie a décidé de venir en aide à ces familles indiennes en utilisant les nouvelles technologies.
Ces étudiants américains ont récemment lancé un projet nommé NextDrop (littéralement « la prochaine goutte »). L’idée consiste à utiliser les téléphones portables, heureusement très répandus en Inde, pour tenir informé en temps réel la population de la disponibilité de l’eau.
Deux cents familles, dans six quartiers de la ville de Hubli dans le sud de l’Inde, participent actuellement à cette expérience. Le procédé est simple : lorsque l’un des participants constate que l’eau coule à l’un des points d’eau de la ville, il envoie un texto à la centrale d’appel de NextDrop qui, après vérification, la répercute – toujours par SMS – aux 199 autres participants.
NextDrop assure que l’information se montre la plus fiable possible. Pour encourager les participants à la diffuser, elle rémunère modestement leurs contributions.
Jusqu’ici, le système semble prometteur, et les mères de familles indiquent que grâce à NextDrop elles plus à attendre à proximité du point d’eau toute la journée pour espérer s’approvisionner.
Un système à perfectionner
La majorité des femmes associées au projet ont rapidement indiqué qu’elles ne pouvaient pas lire les messages reçus et qu’elles préféreraient recevoir des notifications vocales.
Selon Thejo Kone, un étudiant qui avait participé au lancement du projet et qui est maintenant en charge de son évolution, « la prochaine étape du projet inclura donc un système de messages vocaux s’ajoutant aux textos ».
L’autre récrimination des familles tient au délai de l’avertissement. Idéalement, il faudrait qu’elles soient alertées 15 à 30 minutes avant le début de la disponibilité de l’eau. Comment faire ? Les étudiants envisagent de collaborer avec les autorités en charge de la distribution de l’eau. Malheureusement, de véritables prévisions sont très difficiles à établir dans ce domaine puisque la distribution de l’eau dépend de nombreux facteurs extérieurs soumis à des impondérables comme l’alimentation électrique, la corruption ou les fuites de canalisations mal entretenues.
« Quels que soient les emplois du temps prévus, il est très difficile de s’y fier. En fait, personne ne peut réellement savoir quand l’eau arrivera », indiquait encore Thejo Kone.
NextDrop espère changer la donne et s’approcher le plus possible des véritables horaires de distribution d’eau en collectant ses informations auprès des hommes en charge de l’ouverture et de la fermeture des valves. Selon Kote, « il est impossible d’assurer une distribution régulière et ponctuelle de l’eau, mais on peut fournir des informations fiables sur la prochaine distribution ».
Une solution bientôt étendue à tout le pays
L’organisation entend passer les 18 prochains mois à étendre le système à l’ensemble de la ville de Hubli, et elle espère le développer dans d’autres villes indiennes.
Hubli est l’une des 400 villes d’Inde de plus de 100 000 habitants à souffrir d’alimentation en eau précaire, selon NextDrop. L’organisation envisage d’adapter son système à d’autres obstacles du même type comme la distribution d’électricité.
Emily Kumple, une des jeunes diplômée en charge du projet, affirme qu’elle est « ravie d’offrir un service qui aide à la fois la population au quotidien et encourage les autorités à améliorer leurs propres services ».
Global Post / Adaptation JOL-Press.