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Les « head shops » vendent des ersatz de drogue… et se font plastiquer

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Tout a commencé avec l’explosion qui a dévasté la boutique Nirvana de Capel Street à Dublin le 12 février 2010. Cinq jours plus tard, un cocktail Molotov était jeté dans le Happy Hippy au nord de Frederick Street. Depuis, sept points de vente aux noms tout aussi exotiques ont été la cible d’attaques similaires à travers l’Irlande.

 

Un phénomène de société inquiétant

 

Derrière ces noms se cachent des « head shops », boutiques spécialisées dans la vente de drogues légales et de l’équipement nécessaire à leur consommation. On compte 70 points de vente de ce genre en Irlande. Manifestement, certains groupes de citoyens souhaitent leur disparition. Il faut dire que les produits vendus dans les head shops font fureur chez les jeunes de la classe moyenne irlandaise. Un vendredi soir, en l’espace de deux heures, une équipe de télévision a filmé plus de 400 jeunes en train de poireauter devant l’une de ces boutiques très spéciales. Ils sont prêts à payer 40 euros en moyenne pour des drogues qui contiennent souvent de la méphédrone, un produit de synthèse sous forme de poudre blanche imitation de la cocaïne, et complètement légal en Irlande. Dans certains pays, il a été démontré que la méphédrone était liée à un certain nombre de décès. Pas encore en Irlande où l’on a pourtant beaucoup parlé du cas de Daryl Smith, un jeune Dublinois qui a tenté de se suicider après une overdose. Le jeune homme avait voulu se jeter sous un train avant d’essayer de se poignarder avec un tournevis. Cet étudiant de 19 ans est le portrait type de l’adolescent qui n’achèterait jamais de la drogue illégale, mais qui consomme régulièrement de la méphédrone.

 

Livraisons à domicile

 

Bien que le chef de la police antidrogue irlandaise, Tony Quilter, ait assuré que les head shops étaient sous surveillance, personne ne sait qui se cache derrière les attaques de ces derniers mois. Parmi les principaux suspects : les dealers locaux dont les affaires pâtissent de leur succès, ou encore des groupes de citoyens inquiets des effets de ces échoppes sur leurs quartiers. Car l’opinion publique s’inquiète de plus en plus de cette mode, et le gouvernement irlandais s’empresse de préparer un projet de loi pour ces imitations tout aussi illégales que les substances auxquelles elles se substituent. L’Irlande imite le reste de l’Europe où 14 pays ont déjà pris des mesures pour contrôler la vente de ces ersatz… avec un succès variable.

L’interdiction de la méphédrone, entrée en vigueur en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord début avril 2010, a poussé les consommateurs à passer la frontière irlandaise pour se ravitailler. Les législateurs auront du mal à suivre. Selon un rapport du European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction, 24 nouvelles drogues chimiques légales ont vu le jour en Europe en 2009. Neuf d’entre elles sont, depuis, vendues comme engrais ou épices, à fumer pour créer un effet proche de celui du cannabis. Face à la mauvaise publicité qui leur a été faite ces derniers temps, certains head shops ont commencé à distribuer des prospectus proposant… la livraison à domicile. Désormais, dans certains quartiers de Dublin, il est aussi facile de se faire livrer des substituts de cocaïne ou de cannabis que de commander une pizza.

 

Des autorités impuissantes

 

Pour stopper la prolifération de ces nouvelles drogues, le ministre irlandais des Affaires communautaires, Pat Carey, voudrait rendre les points de vente illégaux car d’après lui interdire les substances n’est pas suffisant. Selon le rapport du Monitoring Centre, les fournisseurs contournent facilement les contrôles en changeant constamment la composition des additifs synthétiques et en créant régulièrement de nouveaux packagings. Pour le ministre irlandais de la Justice, Dermot Ahern, une variante d’un produit va facilement se retrouver sur le marché en quelques jours. Il souhaite donc changer la loi pour « poser la question d’un point de vue judiciaire et sanitaire ». Mais certains membres de son parti ne sont pas du tout du même avis. Pour le député Jim McDaid, une telle approche risquerait, en tout et pour tout, de redonner le pouvoir aux gangs.

 

Global Post / Adaptation JOL-Press.

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