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Les robots, futures stars de l’humanitaire

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Robert Richardson a une vision pour le futur : une longue file de camions qui chemine à travers des territoires dangereux pour approvisionner des fournitures vitales à des populations en grand besoin. Ce qui différencie ces camions de ceux qui circulent à l’heure actuelle : les conducteurs sont des robots.

Richardson, expert en robotique de l’Université de Leeds, « briefait » les associations humanitaires au cours de l’été 2009 lors d’un séminaire organisé par le Programme pour le futur de l’humanitaire (HFT) à Londres. Il a admis que sa vision n’était probablement pas réalisable dans un futur immédiat, mais que la robotique évoluait très rapidement et qu’il était convaincu qu’il y aurait une place pour l’humanitaire.

Les militaires explorent déjà les possibilités de la robotique. Selon Richardson, l’Agence pour les projets de recherche avancée du Pentagone (DARPA) espère qu’un tiers des véhicules de l’armée américaine seront autonomes en 2015.

« Les barrières sont surtout financières à ce stade, dit-il. Toutes les technologies coûtent cher ».

Mais Richardson a remarqué que les voitures que nous conduisons tous les jours auraient pu être prises pour des robots il y quelques dizaines d’années. « Les pièces deviennent autonomes une par une plutôt que le véhicule tout entier ».

 

Des robots déjà à l’œuvre

 

Dans les catastrophes majeures, des petits véhicules autonomes sont déjà prometteurs. Draganfly, compagnie canadienne du Saskatchewan, produit des véhicules aériens légers porteurs d’une petite caméra. Ce sont des UAV (Unmanned Aerial Vehicles, des véhicules aériens automatiques).

« On dirait un hélicoptère miniature, explique Richardson. Mais c’est bien plus sophistiqué. Lors d’une urgence humanitaire, il peut fournir des images aériennes de la région touchée et ainsi montrer l’état des routes et les caches des réfugiés ».

Le premier prix pour un Draganfly, dont la production commerciale vient de débuter, est de 10 000 €. Le département médico-légal de la police de l’Ontario, au Canada, en utilise un pour relever des preuves dans les zones difficiles d’accès.

Robin Murphy, scientifique américaine qui travaille sur des robots humanitaires à la Texas A&M University, développe un projet appelé Rubble Viewer, le « visionneur » de décombres. Il utilise un très petit hélicoptère muni d’un appareil de prise de vue pour filmer les zones sinistrées, et il envoie les images vers un ordinateur. Elles sont numérisées en 3D pour que les équipes de secours visualisent l’intégralité de la situation et déterminent où peuvent se trouver les victimes avant même d’être sur place. Le projet Rubble Viewer a utilisé une série de minis UAV fabriqués par Air Robot, firme allemande. Robin Murphy dirige en outre le CRASR (Center for Robot-Assisted Search and Rescue, le centre de recherche et secours assisté par robot).

 

Encore imparfaits et trop chers

 

Les robots miniatures voient s’ouvrir un futur prometteur, au-delà de la surveillance aérienne. Ils seront ainsi à même de traverser les décombres pour atteindre des victimes coincées dans les débris après un tremblement de terre ou l’effondrement d’un bâtiment. Richardson a indiqué dans son discours que les premiers essais d’utilisation de ce type de robots après les attentats du 11-Septembre n’ont pas été couronnés de succès. Ils étaient trop gros, vite bloqués par des débris.

Des progrès considérables ont été réalisés depuis. La génération actuelle ressemble à une ménagerie de serpents et de chenilles mécaniques, assez agiles pour transporter des caméras miniatures au plus profond d’un immeuble écroulé. L’Université du Michigan a développé un robot chenille, l’Omnitread-4, capable de passer dans des trous de 10 cm de diamètre et grimper à la verticale dans des espaces restreints. Un autre robot sur lequel le groupe de Richardson travaille ressemble à une taupe mécanique avec des pinces suffisamment puissantes pour écarter les débris.

Convaincre le milieu de l’humanitaire d’investir dans des équipements aussi chers ne sera pas facile. « Justifier l’achat d’un tel matériel au lieu de fournitures médicales risque de s’avérer compliqué. Mais il faut mettre le prix d’une vie humaine dans la balance, explique Richardson. L’idée est de sensibiliser les associations humanitaires à ces robots. Il faut essayer de franchir ce type de blocage ».

Rosie Oglesby, la coordinatrice du HFP qui a accueilli Richardson, a déclaré qu’à cette étape le but est de réunir les scientifiques et les décisionnaires de l’humanitaire. « Ce qu’on essaie de faire, c’est d’élargir les horizons de tout le monde et de souligner ce qui est important. On ouvre le dialogue. Ces organisations doivent avoir la possibilité de parler avec les scientifiques. »

 

Global Post / Adaptation JOL-Press.

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