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Les troupes américaines armées d’un iPhone

En Afghanistan, la guerre a pris un tournant très technologique. Le capitaine Jonathan Springer, un fanatique d’Apple, a développé une application un peu particulière pour établir et tracer des cartes, de photographier le terrain et d’envoyer des coordonnées précises pour les bombardements…

 

Vallée du Pech, Afghanistan. Une roquette explose tôt un matin, alors que toute la base dort encore. Le réveil est brutal pour les soldats du poste avancé de Blessing, au cœur de la province de Kundar près de la frontière avec le Pakistan. Les éclats d’obus se sont éparpillés sur les murs des dortoirs avoisinant. Les médecins s’affairent et un spécialiste des explosifs analyse l’obus.

Les représailles commencent et la zone d’où vient le tir est déjà bombardée. Aux commandes ? Un homme seul, équipé d’un iPhoneLe capitaine Jonathan Springer, un spécialiste d’artillerie de 31 ans, qui se décrit lui-même comme un fanatique d’Apple, se sert de Tactical Nav, une application spécialement développée pour aider les militaires. L’appli comprend une boussole, un appareil photo et un système de cartes ultraprécis conçu pour retrouver un lieu, à quelques mètres près, avant d’envoyer les coordonnées aux personnes connectées à cette appli.

De manière plus pratique, cette technologie, comme l’explique le capitaine Springer, offre non seulement à des soldats de localiser et cibler précisément les positions ennemies, mais également de transmettre ces données aux équipes d’artillerie distantes, de repérer et signaler les EEI (Engins explosifs improvisés) placés sur les routes et d’appeler un hélicoptère pour l’évacuation rapide des blessés. « Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est fournir aux soldats un outil précis et peu coûteux pour les aider au combat, explique le capitaine Springer. Je pense en priorité, et en permanence, à ce dont mes hommes ont besoin pour aller au combat et surtout pour qu’ils n’y meurent pas. »

 

Une application polyvalente

 

Dans le civil, Jonathan Springer travaille pour une société informatique de développement de logiciels. Depuis son arrivée en Afghanistan, il a passé presque tout son temps libre, et sa paie, à créer cette application. Il est fier d’avoir été si attentif aux détails pour son application. Les utilisateurs de Tactical Nav vont choisir des niveaux de précision pour les coordonnées qu’ils transfèrent. Le smartphone a aussi un mode « sans lumière », un avantage certain sur le terrain lorsque les soldats ont besoin de dissimuler les sources lumineuses. S’il a développé ce programme pour les militaires, Jonathan Springer est bien conscient des applications civiles : « L’application pourrait tout aussi bien servir à des chasseurs et tous les amateurs de sports en extérieur. Et pourquoi pas à ma mère qui se perd parfois dans les rayons du supermarché… »

Tactical Nav est la dernière née des applications « tueuses » à destination des utilisateurs d’Apple sur le champ de bataille. Bulletfight et iSnipe sont disponibles depuis plus d’un an : les deux applications calculent et prévoient la trajectoire des balles en analysant les conditions atmosphériques, la vitesse du vent et l’altitude. D’autres applications récoltent des informations indispensables et spécifiques aux militaires.

 

Un outil dangereux entre de mauvaises mains

 

Mais la facilité d’accès à ces produits grand public pose problème : et si une application comme Tactical Nav tombait entre de mauvaises mains ? « La dernière chose que je souhaite, c’est d’avoir créé quelque chose qui serve à l’ennemi, confesse Jonathan Springer. Si un jour, un Taliban se retrouve avec un iPhone dans les mains et utilise mon application, alors là, on aura un gros problème… »

Bien sûr, la possibilité de voir un jour un Taliban avec un fusil-mitrailleur dans une main et un iPhone dans l’autre semble assez peu probable, même si on sait que les rebelles sont pleins de ressources et ont une forte capacité d’adaptation. Selon certaines sources militaires, des militants qui se battent contre les forces de la coalition sont régulièrement vus avec des téléphones satellites ou des systèmes de navigation à distance. Les téléphones portables, smartphones, et autres gadgets similaires, devraient intensifier une présence de plus en plus importante sur les champs de bataille dans les années à venir car les appareils militaires traditionnels sont très « encombrants » en comparaison de ce qui se trouve aujourd’hui dans le commerce. Toujours est-il que Jonathan Springer espère bien lancer son application sur le marché grand public aussi vite que possible…

 

GlobalPost / Adaptation JOL-Press.

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