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Un parc d’attraction thématique sur les nains

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Un casting géant a été lancé début 2009 à travers toute la Chine. L’annonce diffusée via Internet et les grands quotidiens précisaient que les candidats devaient avoir entre 18 et 40 ans et pouvaient venir de tout le pays. Un seul critère obligatoire pour travailler dans ce « Royaume des nains » : mesurer moins d’un mètre trente. Pour son ouverture à l’été 2009, Le parc a finalement recruté 80 personnes.

 

La différence offerte en spectacle

 

Deux fois par jour, les employés montent sur scène pour un spectacle digne des meilleures émissions de variétés du pays. Ce « petit monde », placé sous la houlette d’un « Roi des nains » – minuscule personnage qui chevauche sur scène un scooter jaune – chante et danse pour le plus grand plaisir des touristes chinois.

« Je pense que c’est un lieu original, et plutôt amusant », confie Li Ximing, un visiteur. En général, l’idée même de mettre en scène des gens uniquement parce qu’ils ne ressemblent pas à tout le monde provoque un fort sentiment de gêne. Mais bien qu’ils dansent pour les touristes de passage habillés en princesse ou déguisés avec des uniformes de guerrier, les artistes de ce parc au thème pour le moins insolite considèrent cet endroit comme un havre de paix face à la discrimination dont ils sont victimes dans la société chinoise. « Chez moi, les autres nous prennent de haut, nous fixent du regard. Il est plus dur pour nous de trouver du travail et lorsqu’on y parvient, il faut travailler plus dur, pour prouver que nous ne sommes pas des incapables », dit Yang Lichun, qui a quitté Pékin et traversé le pays avec sa fiancée pour s’installer dans les alentours du parc.

Il ne s’agit pas d’une communauté créée par et pour des nains. Contrairement au discours parfois relayé dans la facétieuse presse chinoise, les artistes ne vivent pas dans les maisons en forme de champignons qui servent de décor.

Ce parc d’attraction appartient à un fonds d’investissement de la province du Yunnan qui compte bien engranger des profits. Pour les employés, il s’agit simplement de ce que les Chinois appellent « dagong » : travailler dans la Chine moderne en quittant sa ville d’origine. Des dizaines de millions de Chinois appliquent ce même principe pour une usine ou un chantier de construction.

 

Le progrès social par le mauvais goût

 

En Chine, les gens handicapés sont fortement discriminés. La sélection à l’embauche basée sur des critères physiques est un fait largement accepté.

Si l’on en croit ce que disent les employés, il n’y a pas de meilleur endroit pour eux à l’heure actuelle que cet endroit qui au contraire des pratiques généralement observées, met leur différence en valeur.

Yi Shaobo, 28 ans, travaillait dans une usine de pièces détachées automobiles à Wuhan, où il est né, à près de 2 000 km du parc. Il ne gagne pas mieux sa vie au Royaume des nains mais il y est heureux. « Je ne suis pas venu pour l’argent. Je suis venu parce que cela me faisait plaisir. À l’usine, les gens devaient m’aider en permanence et je voulais être indépendant », dit-il.

Les acteurs gagnent entre 80 € et 120 € par mois, selon leur rôle. C’est à peu près autant que ce que gagne un employé dans une usine, et plus que ce que certains gagnaient auparavant. Mais, et c’est plus important, les nains qui travaillent ici disent avoir trouvé l’esprit de camaraderie et le respect qui leur manquait auparavant. Dans le « Royaume des nains », et parce que tous les acteurs sont petits, personne n’est jugé sur sa taille et le bruit court que depuis l’ouverture du parc, huit couples se seraient formés.

Le nombre de visiteurs a pourtant tendance à s’étioler, la lune de miel des comédiens ne durera peut-être pas éternellement. Mais les artistes gardent espoir et affirment vouloir « travailler dans le parc tant qu’il existera ».

 

Global Post / Adaptation JOL-Press.

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