Site icon La Revue Internationale

Arte, le « karambolage » franco-allemand

Image 7.pngImage 7.png

L’Association relative à la télévision européenne (Arte) est le fruit d’une longue gestation qui débute à la fin des années 1980 lorsque se met en place un groupe de travail transnational étudiant les possibilités de création d’une chaîne culturelle franco-allemande. Encore adolescente, Arte, qui n’a que 19 ans, porte en elle ce que la télévision culturelle européenne a de mieux à offrir.

 

Deux papas…

 

À l’origine seulement allemande, lorsque les länder de Bade-Wurtemberg, de Rhénanie-Palatinat et le bourgmestre de Hambourg évoquent la création d’une chaîne culturelle en mars 1988, Arte ne tarde pas à devenir une chaîne culturelle franco-allemande dans l’esprit de ses initiateurs, François Mitterrand et Helmut Kohl. Son acte de création est posé, alors qu’à la veille de la réunification allemande, le 2 octobre 1990, la France et les 11 länder occidentaux signent un traité interétatique qui jette les fondements de la tant désirée chaîne culturelle européenne.

 

… une seule maison

 

Très rapidement, on doit trouver un foyer pour la jeune Arte : c’est chose faite le 30 avril 1991 alors que la chaîne devient un groupement d’intérêt économique (GEIE), soit une entité juridique propre, basé à Strasbourg. Le siège actuel d’Arte jouxte les institutions européennes présentes à Strasbourg. Si sa nouvelle demeure est en France, sa gestion n’en demeure pas moins binationale : ainsi, la chaîne voit-elle se succéder à sa tête tous les quatre ans un président allemand si son vice-président est français, et inversement.

 

Une enfance troublée

 

En France, Arte n’a pas toujours été Arte : elle a appris de ses ancêtres, et notamment de la Société d’édition de programmes de télévision, plus connue sous le nom de La Sept lancée le 23 février 1986 qui devient, en mars 1989, la Société européenne de programmes de télévision. Même si la chaîne jouit d’un accord avec FR3 pour disposer d’un créneau hebdomadaire sur le réseau hertzien, elle doit attendre le dépôt de bilan d’une autre chaîne, La Cinq, pour se développer sur les fréquences hertziennes laissées vacantes. Le 27 septembre 1993, La Sept change de nom et devient La Sept-Arte avant d’affirmer définitivement son identité en tant qu’Arte France le 1er août 2000.

 

« Vivons curieux ! »

 

Depuis 2004, Arte a adopté le slogan « Vivons curieux ! » qui sonne véritablement comme un manifeste. La chaîne fait écho à son acte fondateur, le traité interétatique de 1990, en proposant des programmes à vocation culturelle. Avec des parrains tels que Pierre Soulages, Pierre Bourdieu ou encore Erik Orsenna, qui ont tous participé au développement de la chaîne, Arte ne pouvait faillir à sa mission de conception, réalisation et diffusion de programmes culturels et internationaux destinés à opérer un rapprochement significatif entre les Français et les Allemands, et plus largement entre tous les peuples d’Europe.

 

Émancipation et organisation

 

Avant même sa création, Arte disposait d’une confortable autonomie comme le stipule l’article 1 du traité interétatique qui veut que la chaîne ne soit pas contrôlée par le CSA : elle n’est soumise qu’à la seule surveillance de ses sociétaires réunis en assemblée générale quatre fois par an, mais aussi au comité de gérance qui rassemble son président, son vice-président, son directeur des programmes et son directeur de gestion.

 

Trouver sa voie

 

Pour l’élaboration des programmes eux-mêmes, Arte s’appuie sur la conférence des programmes qui élabore la ligne éditoriale de la chaîne et la grille des programmes. Ainsi, certaines émissions sont-elles devenues emblématiques pour Arte comme les soirées Thema des mardi et dimanche soirs qui proposent de rassembler autour d’un thème précis – qu’il s’agisse d’un fait historique, social ou politique – un ensemble de documents audiovisuels variés.

 

Bibliographie

 

Le choix d’Arte, Jérôme Clément, Grasset : Jérôme Clément revient sur son parcours professionnel, des cabinets ministériels au Centre national du cinéma, pour aboutir à Arte depuis les années 1990.

Arte et le cinéma : le désir d’autre chose, Michel Reilhac et Frédéric Sojcher, Séguier : les deux auteurs analysent les liens étroits que nourrissent Arte et le cinéma, particulièrement le cinéma d’auteur qui a su trouver, via la chaîne franco-allemande, un renouveau.

 

En bref

 

Pays : France, Allemagne

Langues : français, allemand

Genre : chaîne généraliste binationale publique

Audience : 1,6 % de parts d’audience en 2010 en France

Site web : www.arte.tv/fr

Quitter la version mobile