L’euro littéralement au bord du gouffre. C’est la une de l’hebdomadaire anglais The Economist dans son édition du 16 au 22 juillet 2011. Compte tenu du sérieux du magazine libéral, il vaut mieux se pencher sur ses arguments…
La pièce de 1 euro se détache clairement sur ce fond rouge sang choisi par le magazine anglais, et la falaise en fond, toute noire, semble bien fragile et prête à céder sous le poids de cet euro disproportionné. S’il venait à basculer, l’euro entraînerait dans sa chute l’Italie, la Sicile et la Sardaigne.
La zone euro pointée du doigt
De manière surprenante, ce n’est pas la Grèce qui est représentée sous cet euro menaçant et vacillant tout à la fois, mais bien la péninsule italienne, comme si The Economist identifiait les victimes à venir de la crise traversée par l’Europe et sa monnaie unique depuis près d’un an. Il est vrai que ce fut une année pleine de rebondissements pour les pays de la zone euro qui ont vu plus d’un de leurs membres plonger dans la crise – économique, politique, sociale – sans précédent : la Grèce, l’Irlande, le Portugal et la Grèce à nouveau.
Menace sur l’Italie
Mais une fois de plus, la Grèce n’est pas directement la question évoquée, plutôt l’Italie : les marchés financiers ont tourné le dos à cette troisième puissance économique européenne, de crainte qu’elle ne soit balayée si la crise venait à prendre une trop grande ampleur. Le montant de la dette publique italienne est extrêmement élevé : elle représente 120 % du produit intérieur brut (PIB) et les emprunts obligataires du pays atteignent 1 600 milliards d’euros. Si l’Italie était parvenue à éviter les difficultés rencontrées par la Grèce ou le Portugal – grâce notamment à un déficit budgétaire plutôt modeste, un système bancaire solide et un taux d’épargne des ménages élevé –, elle doit désormais penser au pire.
Un point de vue critique
Quant à The Economist, il envisage déjà un scénario catastrophe. L’hebdomadaire anglais, d’ordinaire connu et respecté pour son impartialité et son objectivité, se montre particulièrement critique et cinglant à l’égard de l’euro et de la crise traversée par la monnaie unique. Le magazine adopte un angle d’approche scrutateur, induit le suspens, comme un spectateur qui se laisse emporter par la tension d’un film policier. La couverture est en elle-même particulièrement dramatique : ses couleurs fortement contrastées et intenses – le noir qui laisse présager des perspectives sombres, et le rouge qui absorbe le titre de l’hebdomadaire en entier – sont particulièrement frappantes. Cet euro disproportionné, en équilibre, qui écrase sous son poids la péninsule italienne… Albion doit se féliciter de sa situation insulaire et de son refus, il y a dix ans, de prendre part à l’expérience euro.