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Réflexion sur le sens des célébrations nationales…

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Les cérémonies du 14-Juillet 2011 ont été un grand moment de communion entre la nation et son armée, moment marqué cette année par le recueillement de tous à la suite de la mort de sept soldats tombés en Afghanistan.

 

L’hommage du président

À l’issue du défilé, le président de la République a prononcé des paroles fortes – qui ne peuvent qu’engendrer l’adhésion, quelle que soit l’appartenance politique – sur l’engagement des hommes et des femmes de la défense. Tous ces soldats servent leur patrie avec courage et abnégation, sans se poser de question sur la nécessité politique de telle ou telle opération. Ils engagent leur vie dans des combats que la nation a voulus, aujourd’hui en Afghanistan et en Libye, hier en Côte d’Ivoire et dans bien d’autres points du globe : aussi leur doit-on le plus grand respect.

 

Le débat dérisoire autour du défilé citoyen

En cet après midi de fête nationale est venue se greffer la déclaration d’une candidate à la prochaine élection présidentielle [Éva Joly, NDLR] qui souhaiterait remplacer le défilé des troupes par on ne sait quel défilé dit « citoyen » ; une telle déclaration a eu un écho qu’elle n’aurait jamais dû avoir. Les médias, en panne de scoop, ont voulu faire le « buzz » sur un sujet aussi insignifiant : d’une information dérisoire, on a créé un débat qui a occupé les ondes et toute la presse écrite pendant plusieurs jours. C’est un signe des temps et il faut savoir s’y plier !

À l’occasion de ce 14-Juillet, on a aussi beaucoup parlé de nos opérations extérieures.

 

L’Afghanistan au cœur du défilé

Tout d’abord, on a parlé de l’Afghanistan, et on a tenté de faire le lien entre la visite du président et l’attentat qui a tué nos militaires : après la mort de Ben Laden puis l’annonce des retraits progressifs des troupes de l’Otan, les Talibans continuent à mener leur guerre afin de se placer le plus possible en position de force lorsqu’ils seront seuls en face de l’armée afghane. Leurs actions sur le terrain, gênées par notre présence, se tournent aussi vers le terrorisme, et c’est ce dont ont été victimes nos soldats le 13 juillet. De même, on a accusé notre président de suivisme des Américains lorsqu’il a annoncé le retrait partiel de nos troupes : qu’aurait-on dit si Nicolas Sarkozy, prenant le contre-pied des déclarations américaines, avait affirmé qu’il maintenait nos troupes ?

 

La question libyenne

Ensuite, on a également beaucoup parlé de la Libye : on a prononcé les mots d’« enlisement », d’« intervention inutile »… Qu’aurait-on dit là encore si l’on avait laissé massacrer impunément les habitants de Bengazi ? On a vu au mois de janvier les critiques portant sur l’attentisme du gouvernement devant les événements de Tunisie. Quant à la question de l’enlisement : le dénouement aurait pu se montrer certes beaucoup plus rapide si la coalition avait agi avec plus d’efficacité et de vigueur. En effet, du fait de la constitution même de la coalition, la résolution 1973 de l’ONU est appliquée dans un sens très restrictif, si bien que le nombre de sorties d’attaques est très limité. On peut rappeler qu’en 1991, lors des opérations aériennes de la première guerre du Golfe, ont été exécutées plus de 1 000 sorties par jour pendant trente jours, ce qui a permis de limiter l’opération terrestre à 48 heures quasiment sans pertes. De même, dans l’affaire du Kosovo, c’étaient 850 sorties par jour qui ont été réalisées, ce qui a permis d’amener la Serbie à la table des négociations. Aujourd’hui, en Libye, près de 150 sorties journalières seulement sont menées. On comprend dans ces conditions que les choses puissent durer un peu plus longtemps. Dans ce genre d’opération, les frappes doivent être massives et intéresser non seulement les objectifs militaires, mais également les objectifs stratégiques que sont les centres de communication, les infrastructures routières, ferroviaires aériennes et portuaires, les centres de commandement, les dépôts, les installations de fourniture d’énergie…

 

De l’inadéquation des moyens déployés

Enfin, concernant ces opérations en Libye, je me pose une question : en cette période de restrictions budgétaires, je me demande quel est l’intérêt d’avoir déployé un groupe aéronaval complet alors que les missions sont toutes possibles à partir de nos bases métropolitaines comme Solenzara, Istres, Saint-Dizier ou Nancy, ou encore de toutes les bases aériennes de nos alliés dans le nord de la Méditerranée ? Déployer près de 4 000 hommes à bord d’un porte-avions, de frégates, d’un sous-marin nucléaire d’attaque et d’autres navires de soutien pour mettre en œuvre une petite vingtaine d’avions de combat me paraît très dispendieux. Je ne vois pas dans cette mise en place la justification d’une quelconque nécessité opérationnelle. Les arguments en faveur d’une telle participation me paraissent peu recevables.

 

Coup de chapeau aux hommes et femmes de la défense

Pour en revenir aux hommes et aux femmes de la défense, la nation leur doit, me semble-t-il, un « coup de chapeau » : voilà une institution qui est engagée dans plusieurs opérations extérieures, alors qu’elle continue à assurer ses missions en métropole et dans les Dom/Tom, missions rendues plus lourdes depuis le 11-Septembre (surveillance des approches maritimes, sûreté aérienne, vigipirate…), et qu’elle fait face à une très profonde restructuration avec la suppression de 54 000 postes et la fermeture de nombreuses installations nécessitant des déménagements de personnels avec tous les problèmes matériels et humains que cela comporte. En entend-on parler dans la presse… ?

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