Rouge de colère. C’est la teinte que la tête du mouvement mutualiste a prise en découvrant que les sénateurs lui avaient refusé le droit de « nouer des relations contractuelles » avec les professionnels de santé.
Voilà belle lurette que la Mutualité Française avait déjà conclu des accords, notamment dans les domaines de l’optique et de la dentisterie, permettant de réduire les sommes restant à la charge de ses assurés après remboursement. Et, accessoirement, de se constituer un vaste réseau de professionnels agréés.
Une récente décision de justice interdit pourtant cette pratique aux seules mutuelles de santé alors que les sociétés d’assurance et les institutions de prévoyance en conservent le droit.
Pour remédier à cette situation ubuesque, un tout petit article de rien du tout devait simplement être voté par les deux assemblées. Et voici le Sénat, enflammé par un nouvel accès de fièvre d’indépendance, qui le rejette.
Etienne Caniard – qui étrenne ses galons de Président de la Mutualité Française cette année mais cumule quelques heures de vol dans le domaine de la négociation – a, sans hésiter, abandonné l’option frappe chirurgicale au profit de la Grosse Bertha et s’est immédiatement retiré des discussions sur la nouvelle Convention nationale des médecins libéraux, en empêchant ainsi la tenue.
D’une pierre, trois coups : un coup de semonce vers l’Assurance Maladie, soupçonnée de chercher à contrôler la politique des complémentaires santé, un coup de Trafalgar vers les syndicats de médecins libéraux, accusés de faire discrètement obstacle à la contractualisation, un coup de pub utile par ces temps incertains en direction des 38 millions de Français protégés par une des 600 « vraies mutuelles » de la Mutualité Française.
Suite du feuilleton le 1er juillet en séance plénière au Sénat, mais on peut penser que le malentendu sera vite dissipé en se souvenant qu’en matière de vote, le mouvement mutualiste dispose d’une réserve de feu intacte car peu utilisée ces dernières années…