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DSK : finies les vacances ?

DSK en blanc

Paris Match donne le ton en « blanchissant » picturalement l’homme aux cheveux blancs qui va entamer le dernier parcours de sa vie d’homme public. En choisissant de le montrer en tee-shirt blanc immaculé que complète une tenue de parfait vacancier – bermuda clair et chaussures de sport –, l’ex-champion du « choc des photos » délivre un message : DSK en a fini avec la tenue orange des prisons américaines… (Le Journal du Dimanche choisira la même image, mais de face, avec un DSK beaucoup moins souriant).

Après la série d’images dramatiques (le visage défait du prisonnier, les expressions gourmandes assorties de titres accusateurs – souvenons-nous de « The Perv »…), on se demandait comment la presse, française au premier chef, allait « traiter » un DSK libéré. Paris Match évite le portrait triomphant au bénéfice d’une image people très détendue : montrer DSK et sa femme comme s’ils étaient en vacances, comme si rien ne s’était passé, est une façon astucieuse de refléter un état d’esprit hors du contexte (DSK face à un micro, DSK en costume cravate mais les traits tendus…).

« Bientôt la France »

Le poids des mots à présent : primo, la rédaction en chef de Paris Match choisit à juste titre de ne pas séparer le couple : « DSK-Anne Sinclair » sont effectivement liés à jamais par une mésaventure qui, à tout le moins, aura plus que confirmé le goût du mari pour les amours ancillaires rapides. Viol ou pas, l’épouse aura « couvert », y compris financièrement, les écarts de son mari. Montrer le couple est une forme d’information.

Liberté ou honneur ?

Secundo : « L’abandon des charges lui rend sa liberté », titre Paris Match. Cette petite phrase est moins innocente qu’elle n’y paraît. Elle signifie que DSK n’est pas libéré par la démonstration de son innocence, mais par le revirement du procureur, incapable de prouver la culpabilité de son accusatrice. Nuance. Elle « sonne » au surplus dans un registre sémantique où l’on s’attend presque à un autre mot : « L’abandon des charges lui rend… son honneur ». Mais non ! Quant au « Bientôt la France » en titre principal, il traduit au second degré toute une arrière-pensée. « La France », pour DSK, c’est un pays en période pré-électorale dans lequel il va ou non jouer un rôle. Autrement dit, entre la photo du vacancier et ce titre-programme, les rédacteurs du magazine ont joué sur le registre du sous-entendu. Et le tour de force de cette titraille « subliminale » n’est pas négligeable. Imaginez qu’il ne se soit rien passé, que « l’affaire DSK » n’ait pas eu lieu : Paris Match aurait parfaitement pu choisir la même image et le même titre pour un couple en vacances qui se prépare à présider la France…

C’est la France qui l’attend au tournant…

Il fallait enfin poser les bonnes questions, objets des deux autres accroches à la hauteur du bermuda du « vacancier » : « à Paris, un volet juridique l’attend », et « Quel rôle dans la campagne présidentielle ? »

De l’art et la manière de tout exprimer en une…

En attendant, DSK va « s’expliquer » devant le FMI avant de le faire devant les Français. Vous avez dit « message » ?

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