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La beauté d’une Kadhafi…

La fille du dictateur tortionnaire en fuite aurait donné le jour à une fille le lendemain de son arrivée en exil en Algérie. Surprise : personne n’avait fait état de cette grossesse pour cette trentenaire en beauté… Ce n’est pas un scoop pour The Scotsman. Mais que dire du choix de cette une rayonnante ?

 

Pourquoi cette image rayonnante ?

Bien sûr, une naissance est toujours un moment de bonheur. Celle-ci intervient pourtant dans un instant dramatique. Cette fillette naît dans un monde terrible, petite-fille d’un fou furieux qui porte le poids du sang de milliers de Libyens et d’étrangers, notamment Américains ! Elle naît en exil, son avenir est des plus incertains, celui de sa mère encore davantage. Et pourtant, le quotidien britannique, écossais ou pas, a choisi la plus belle image que ses documentalistes aient pu trouver, quand d’autres quotidiens ont opté pour des images plus neutres ou moins souriantes. La taille même de ce visage dans une « une » à l’anglo-américaine, toujours très chargée en textes, est à son tour porteuse de message.

 

De la lutte contre la faim à la piscine aux décors en or

Quel message ? Ambigu. Certes, Aicha Kadhafi n’est pas forcément responsable des meurtres à grande échelle de son colonel de père. Toutefois, ni ses frères ni son autre sœur, pas plus que sa mère ne sauraient se prévaloir d’une amnistie morale, à l’heure où l’on apprend que la famille aurait soumis à des tortures abominables au moins une des « domestiques », aujourd’hui enfin appelée à témoigner. Bien sûr, cette avocate internationale semble se démarquer par la création de sa fondation Waattassimou de lutte contre la faim en Afrique. Mais enfin cette « Claudia Schiffer du désert » comme on l’a surnommée s’est aussi distinguée comme avocate de Saddam Hussein, et un temps possible « reine » de Libye après son père. Elle s’offusque sur un plateau télé français des bombardements ciblés contre sa propre famille – attitude compréhensible si elle n’était pas médiatisée. Enfin c’est sa résidence personnelle qu’ont investie les insurgés libyens, sidérés par cette piscine et ces décorations en or massif, dans un ancien hôpital que l’on affirme avoir été réquisitionné sur sa volonté…

 

Premier ou second degré ?

Alors, la maternité est-elle ce moment de grâce qui mérite, aux yeux de la rédaction en chef du Scotsman, que cette trouble maman soit ainsi montrée aussi belle et rayonnante, sur deux colonnes à la une et une hauteur de grand événement ? S’agit-il d’un second degré que rien ne laisse entrevoir ?  Le titre du « papier, « Aicha Kadhafi s’enfuit pour donner le jour », plaide pour cette hypothèse.

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