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La famine oubliée

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Une réfugiée somalienne déplacée au camp de Dadaad, à l’est du Kenya, berce son enfant émacié à l’extrême. Ce sont près de 1 500 ans affamés qui arrivent chaque jour au camp dans l’espoir de nourriture, d’eau et de soins. L’ensemble des pays africains ont promis le déblocage de 351,7 millions de dollars pour venir en aide à ceux que la sécheresse et la famine frappent dans la corne de l’Afrique.

Pas même le seuil de 50 millions pour les États africains

C’est de loin la Banque africaine de développement qui s’est engagée le plus par une donation de 300 millions de dollars quand les États africains réunissent 46 millions face à la crise. Des engagements formulés au cours d’un sommet de l’Unité africaine qui s’est tenue à Addis-Abeba, capitale de l’Éthiopie. Seuls quatre chefs d’État ont assisté au sommet qui avait été repoussé. Quelques organisations non-gouvernementales et humanitaires n’ont pas manqué de critiquer les gouvernements africains pour la modicité de leur contribution. « Il est décevant de constater que les promesses n’atteignent pas même le seuil de 50 millions d’euros qu’Act4Africa* s’était fixé », remarque le groupe de financements panafricain, cité par The Guardian.

*Act4Africa est une association caritative de lutte sanitaire, notamment contre le sida.

L’Afrique du Sud, une aumône…

La moitié des engagements ou presque provient de trois pays africains, l’Algérie avec 10 millions de dollars, l’Angola, 5 millions, de même que l’Égypte. Le Nigéria donnera 2 millions de dollars, soit moins que certains de ses voisins à l’économie plus faible. Quant à l’Afrique du Sud, elle donne l’image d’un grippe-sou : l’organisation caritative internationale Oxfam a souligné que le gouvernement n’annonce qu’une donation de 1,3 million de dollars, le reste fourni sous forme de dons individuels. À comparer à la même somme de 1,3 million versée par le dernier État africain créé, le Sud Soudan. À l’opposé, des États comme la Gambie, la Mauritanie et le Congo Brazzaville seront allés au-delà de leur part normale, soulignent les associations caritatives. Au final, l’Union africaine aura fait preuve de toute la lenteur possible dans la levée de fonds en secours aux Africains affamés. Avant la conférence d’Addis-Abeba, l’Afrique ne s’était engagée qu’à hauteur de 500 000 $.

Des sommets de dépenses

« Si nous croyons vraiment aux solutions africaines des maux africains, nous devons en apporter la preuve formelle, pas seulement par des paroles, mais par des actes, ont asséné les représentants africains d’Act4Africa, rapporte The Guardian. Nous devons nous assurer qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle session de parlotte où les leaders de l’Union africaine ne vont pas dépenser des fortunes en voyage, en frais de représentation et en accompagnement. »

Jean Ping, président de la commission de l’Union africaine, a vivement félicité le Kenya, l’Éthiopie et Djibouti pour l’ouverture de leurs portes aux réfugiés. La famine est officiellement déclarée dans cinq régions somaliennes, le pays le plus frappé par la sécheresse, qu’aggrave une longue guerre civile. Les Nations unies estiment qu’environ 12,4 millions de gens de l’Est africain relèvent d’une aide d’urgence. Elles sont à la recherche de contribution à hauteur de 1,1 milliard de dollars à court terme.

« Il nous faut voir la misère avant de lui porter secours… »

Dernièrement, les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OIC) ont promis 350 millions de dollars d’aide à la Somalie lors d’un sommet d’urgence à Istanbul. Son secrétaire général, Ekmeleddin Ihsanoglu, a déclaré espérer pouvoir augmenter l’engagement à 500 millions d’euros. Plus de 600 000 réfugiés ont fui leurs habitats pour s’entasser dans les camps saturés des pays voisins. La réponse internationale se sera montrée « bien tardive », selon le Premier ministre somalien, Meles Zenawi. « Pour une crise annoncée quasiment une année auparavant, un effort plus rapide aurait pu être consenti, constate Irungu Houghton, directeur d’Oxfam Pan-Africa, en réponse à l’agence Bloomberg. Il faut que les gens meurent, il faut que l’on voie des enfants au ventre hypertrophié, il nous faut voir la misère avant que des responsables politiques ne daignent prendre leur responsabilité. »

GlobalPost/Adaptation JolPress

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