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Standard & Poor’s dégrade la note américaine

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Standard & Poor’s, comme les autres agences de notation dont les analyses déterminent le taux auquel un État emprunte sur les marchés, avait jusqu’alors toujours maintenu la note américaine aux trois « A » sacro-saints. Elle vient de l’abaisser d’un cran : AA+. Raison : l’agence estime que le plan de réduction des déficits ne va pas assez loin.

 

Une défiance préoccupante

 

Vendredi 5 août 2011 : la date restera gravée dans l’histoire des États-Unis. La place forte économique du monde, le marché numéro un planétaire a suscité la défiance de l’une de ces agences privées arbitres des taux d’emprunt des États. « La dégradation reflète notre opinion. Elle est que la consolidation fiscale du plan que le Congrès et l’Administration ont récemment approuvée se montre insuffisante pour, selon notre analyse, stabiliser la dynamique de la dette du gouvernement à moyen terme », a expliqué S&P, cité par Bloomberg.

Et pour faire bonne mesure, l’agence de notation conserve sa perspective « négative » pour les États-Unis.

 

Avertissement avec frais

 

La notation de Standard & Poor a été mise en place en 1941 : jamais, pour les États-Unis, elle n’avait dégradé les AAA. Des signes avant-coureurs s’étaient fait jour. Le 14 juillet, S&P avait expliqué que le pays devrait montrer sa capacité à réduire les déficits de quatre trillions de dollars sur 10 ans[1] s’il voulait conserver sa note, rappelle le site d’information Marketwatch. Le plafond de dettes, décrété par le président Barak Obama la semaine précédente, aboutissait à une réduction du déficit de 2,1 trillions de dollars, selon les estimations du Budget Office du Congrès. En conséquence, S&P avait averti les États-Unis le vendredi après-midi qu’une dégradation était imminente. Il est possible que les rumeurs qui ont couru sur une telle menace aient contribué à la chute de 416 points du Dow Jones, pense Marketwatch.

 

Conséquences : la réélection d’Obama en question

 

Quelles sont les conséquences négatives d’une telle dégradation ? Le New York Times en liste quelques-unes :

– un coup dur en année pré-électorale pour Obama. Qu’elles soient fondées ou non, de telles appréciations passeront pour la preuve que le président n’a pas réussi à maîtriser les finances du gouvernement.

– Le coût financier risque de peser lourd. Le gouvernement fédéral doit dépenser quelque 250 milliards de dollars d’intérêts par an. Si bien que même la légère augmentation des taux de crédit qu’exigeront les investisseurs dans la dette américaine se traduirait par des dizaines de milliards de dollars.

– Les agences de notation ont averti qu’une dégradation de la dette du gouvernement impliquerait sans doute celle des autres organismes sur lesquels il s’appuie. Par exemple, les sociétés de crédit immobilier Fannie Mae et Freddie Mac que contrôle le gouvernement. Ces mêmes sociétés qui s’étaient illustrées de la pire des façons lors de la mise en évidence de la crise des subprimes, à partir de 2008, laquelle avait abouti à la crise bancaire économique majeure dont les États-Unis et le reste du monde paient toujours les effets. Conséquence : les taux de crédit immobilier se verraient augmenter pour les emprunteurs.

 

Menaces des autres agences

 

Moody’s et Fitch, les deux autres agences de notation majeures, ont annoncé dans la foulée que leur note AAA attribuée aux États-Unis ne serait pas dégradée. Mais elles n’ont pas caché qu’elles pourraient s’y résoudre à leur tour si l’Amérique du Nord ne parvenait pas à réduire sa dette, et si son économie se dégradait.

 

Global Post / Adaptation JOL-Press.


[1] Aux États-Unis, un trillion vaut 10 à la puissance 12.

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