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Accueillir le dalaï lama ou y renoncer pour plaire à la Chine ?

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Johannesburg, Afrique du Sud. Un voyage de 4 jours, dirigé par le vice-président d’Afrique du Sud, Kgalema Motlanthe, à Pékin, renforce l’image d’une Afrique du Sud courbant l’é… Chine. Le dalaï lama risque de se voir refuser son visa pour la deuxième fois. Un geste qui pourrait beaucoup choquer en Afrique du Sud mais complaire aux autorités chinoises. La délivrance ou non de ce visa est un exemple de l’influence économique et politique qu’exerce la Chine sur l’Afrique du Sud.

Le dalaï lama, objet de dérision en Chine

Le dalaï lama est tourné en dérision par la Chine qui le décrit comme un « séparatiste » ou encore un « loup déguisé en moine ». Le leader tibétain désire simplement se rendre en Afrique du Sud pour assister, le 7 octobre, à la fête d’anniversaire des 80 ans de son vieil ami et collègue, prix Nobel de la Paix, l’archevêque émérite Desmond Tutu. Il tient également à donner une conférence intitulée « La paix et la compassion en tant que catalyseur pour le changement », dans le cadre des festivités.

Sonam Tenzing, le représentant du dalaï lama pour l’Afrique, basé à Pretoria, déclare qu’« il a soumis tous les documents requis. Les frais de visa ont été versés. Les hôtes sud-africains sont pleins d’espoir ».

Premier visa refusé en 2009

Malheureusement, la situation n’est pas nouvelle pour le chef spirituel qui a déjà eu à subir un refus de visa. Pourtant, il a déjà visité l’Afrique du Sud trois fois dans les dernières années de l’apartheid. En 2009, l’Afrique du Sud lui a interdit d’assister à une conférence donnée par le prix Nobel de la Paix. Prétexte : sa visite pouvait détourner l’attention de la Coupe du monde de football 2010 !

Tutu a reçu un prix Nobel pour sa contribution à la fin à l’apartheid. Après la fin de la domination blanche, l’Afrique du Sud s’est efforcée de devenir un exemple en matière de droits de l’homme et de démocratie. Tutu a qualifié l’action par le gouvernement sud-africain envers le dalaï lama de « honteuse ». Il s’agit d’« une trahison de la lutte que nous avons menée. Succomber à la pression chinoise est une faute. »

Enjeux importants

Au cours des deux dernières années, les relations entre Pretoria et Pékin se sont dégradées de jour en jour. Viendra, viendra pas ? La question frôle le suspens.

Le commerce entre l’Afrique du Sud et la Chine a considérablement augmenté ces dernières années. Il est passé de plus de 8 milliards de dollars en 2006 à un montant record de 25,6 milliards de dollars en 2010, selon les chiffres chinois. L’année dernière, à Beijing (Pékin), l’Afrique du Sud a été invitée à rejoindre le regroupement exclusif du BRIC(S), principales économies émergentes (Brésil, Russie, Inde, Chine… Afrique du Sud), malgré la stagnation économique de Afrique du Sud.

Il existe un fort courant d’échanges entre les deux pays, à commencer par… la formation politique à l’école du Parti Communiste chinois, pour les hauts fonctionnaires, au sein du parti du Congrès national africain ! Le président Jacob Zuma, en visite à Beijing l’année dernière, à indirectement fait l’éloge du système politique autoritaire de la Chine : une « discipline politique » pourrait être « une recette pour le succès économique ».

La Chine nie bloquer le visa du dalaï lama

Clayson Monyela, porte-parole de ministère sud-africain des Affaires étrangères, a nié, cette semaine, un quelconque blocage de la visite du dalaï lama. Mais il est constant que la Chine fait bien pression sur les pays qui acceptent la venue du moine tibétain.

Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré à Beijing lors d’une conférence que la « position de la Chine qui est de s’opposer à la visite du dalaï lama dans tous les pays avec lesquels elle est en lien est claire et cohérente ». Hong aurait dit ne pas avoir été jusqu’à interdire la venue du dalaï lama en Afrique du Sud.

Mardi, la délégation commerciale d’Afrique du Sud, qui comprend les ministres du Commerce et de l’Industrie, des Entreprises publiques, de l’Énergie et des Ressources minérales, est arrivée en Chine. Le vice-président Motlanthe a prévu de rencontrer le vice-président chinois Xi Jinping, peut-être futur président chinois. Xi Jinping semble vouloir conserver la position actuelle du pays à l’encontre du Tibet. Dans un discours prononcé en juillet, Xi a promis d’écraser les forces séparatistes tibétaines liées au dalaï lama.

La Chine affirme que le Tibet a toujours fait partie de son territoire. De nombreux Tibétains affirment que la région est autonome depuis des siècles, et accusent Pékin de réprimer leur religion et leur culture. Le dalaï lama vit en exil en Inde depuis 1959 après avoir fui un soulèvement raté contre la domination chinoise au Tibet.

Deux moines dans une région tibétaine du sud-ouest de la Chine se sont immolés lundi pour protester contre la politique chinoise, y compris les restrictions sur la liberté religieuse.

 

Global Post/Adaptation Pasqualine Nelh – JOL Press

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