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Acheter les champs de coca pour… enrayer la cocaïne

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L’image devrait rester dans les médias comme celle de Kroutchev frappant de sa chaussure son pupitre à l’ONU en 1960 pour protester contre l’ingérence des États-Unis : celle du président bolivien Evo Morales en train de mâcher à l’assemblée de l’ONU des feuilles de coca… Voulait-il se donner du courage ? Non, il démontrait par son geste que la menace de classer les plants de coca en soi parmi les substances interdites comme les narcotiques était ridicule. « S’il s’agit de drogue, alors arrêtez-moi », a-t-il lancé à ses pairs.

Coca hors la loi

C’est que les enjeux pour son pays et sa population ne sont pas minces. La coca est un marché, c’est aussi une culture, au deux sens du terme : voilà 3 000 ans que les Boliviens mâchent la feuille de coca, a rappelé Morales. En vain. Le traité d’interdiction de la culture doit entrer en vigueur en janvier 2012.

Couper l’herbe sous le pied…

Alors si les Boliviens ont de la coca, ils ont aussi des idées.

Même si une partie de la production est transformée en gâteaux, le pays ne peut nier qu’une autre partie sert de matière première aux labos clandestins pour la production de cocaïne. D’où ce plan astucieux annoncé dans le quotidien colombien El Espectador : le gouvernement se dispose à devenir propriétaire de plus de 4 000 hectares de champs de coca. Dans un seul but : priver les producteurs de drogue de l’indispensable feuille…

Opération décocaïnation

Le rendement d’un hectare tourne autour de 1,3 à 3,7 tonnes, estime une étude des Nations unies. Le prix ? Un kilo de feuille de coca sur le marché local se négocie aux alentours de 5 dollars.

Tous les peuples andins mâchent la feuille de coca. C’est l’équivalent de la caféine cher à l’Occident, consommée aussi sous forme de pâte ou de gâteau. Mais hélas, la substance peut prendre aussi la forme d’une drogue dure. Tout au long des décennies 1980 et 1990, la Bolivie fut le grand producteur de drogue aux yeux du département d’état américain. D’où le vaste exode rural dans la région de Chapare, « grenier » de la coca. Sur les quelque 30 900 hectares de coca, plus de la moitié se transforme au final en cocaïne. Dans le plan gouvernemental, 10 900 ha seront détruits, 16 000 seront conservés pour les transformations légales, et les 4 000 autres, rachetés par l’état, seront ajoutés aux superficies « légales ».

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