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Au nom de l’avenir de nos enfants

« Ce n’est pas plus mal que si c’était pire » affirmait rigolard un certain Coluche. Eh bien, voilà ! C’est la situation dans laquelle nous avons basculé avec la crise de la dette publique (et privée aussi, soyons sans illusion) dans la zone euro. Mme MERKEL et M SARKOSY ont aujourd’hui en commun d’être devenus non plus des dépositaires du rêve européen de nos pères mais bien les fossoyeurs. Simple citoyen, je suis atterré  de voir nos politiques tétanisés face à l’enchaînement prévisible de la crise  depuis septembre 2008 dont le « top départ » fut donné par la faillite retentissante de la banque LEHMANN BROTHERS.

Reprenons le fil des chapitres déjà écrits.

Tout le monde – économistes et autres experts de tout poil, responsables européens, certains gouvernants eux-mêmes –  est aujourd’hui convaincu que jamais la Grèce ne pourra rembourser sa dette. Les deux plans d’aide n’ont servi qu’à gagner du temps. Inutilement et inefficacement. Ce pays est au bord de la faillite. Il appartient désormais au marché de dire quand le fruit pourri tombera de l’arbre.

Et certains avancent déjà que la Grèce pourrait sortir de la zone euro et revenir à sa monnaie nationale, le drachme, seul chemin de redressement possible. Mais, je crois que les traités européens interdisent cette option. Alors que faire ?

La gangrène va-t-elle gagner les autres pays : Espagne, Portugal, Irlande, Italie…France ? Le fameux fond de stabilisation européen ne servira pas plus que le plan d’aide à la Grèce pour ces pays. C’est un pis-aller pour ralentir la propagation du mal. C’est surtout mutualiser les dettes, donc encore s’endetter alors que les marchés attendent des gouvernements de la zone euro des plans de rigueur drastiques construits sur la forte diminution de la dépense publique. C’est d’ailleurs la politique suivi par la Canada à la fin des années 80. Ce pays connaît aujourd’hui des excédents budgétaires et une croissance économique annuelle de l’ordre de 3% depuis plus d’une décennie.

Revenons à l’Allemagne. Qui dit que la chancelière MERKEL, pour sa survie politique et une fois constaté le défaut de la Grèce par Bruxelles,  ne choisirait pas de faire cavalier seul – son pays en a les moyens – et éviter la contamination par la dette. Elle pourrait même entrainer à ses côtés les Pays bas, le Danemark et la Norvège.

Fin 2008 et durant l’année 2009, à grand renfort de G7, G8 et G20, nos gouvernants avaient proclamé la fin du système financier incontrôlé et incontrôlable. Les banquiers allaient désormais devoir marcher droit. Mesdames, Messieurs les peuples européens, vous allez voir ce que vous allez voir ! On n’a rien vu malheureusement. Trois ans plus tard, la crise est plus que jamais présente pour chacun d’entre nous. La régulation promise du système financier mondial n’a pas eu lieu.

Les marchés se « vengeraient-ils » ? A observer la chute vertigineuse des cours des banques françaises depuis trois mois, la question devient pour ainsi dire légitime : SOCIETE GENERALE  – 60%, BNP PARIBAS – 49% et CREDIT AGRICOLE – 52%. Sur la même période le CAC 40 affiche « seulement » une baisse de 25%. Et, nous avons bien entendu la semaine passée, la directrice du FMI, Mme LAGARDE inviter les banques européennes à se recapitaliser. Est-ce à dire que les résultats des stress tests ne seraient que mensonges et maquillages ? Ce matin, c’est l’agence de notation Moody’s qui envisage de dégrader les notes des trois établissements français. Jusqu’où ira-t-on ?

Nationaliser les banques ? Et, pourquoi pas ? L’idéologie ultralibérale en vigueur chez nos gouvernants nous conduit manifestement tout droit dans le mur. N’est-ce pas là l’occasion historique de remettre véritablement de l’ordre dans le système bancaire et financier. Par exemple, séparer les activités de banque de dépôt de celles de banque d’investissement. En dernier ressort, dans le système bancaire français actuel, la garantie de l’état interviendrait en cas de mise en faillite d’une banque.

Quel temps se profile à court terme ?

Il est à redouter que l’Allemagne décide de faire « cavalier seul » ou rassemble sous sa bannière les pays les plus vertueux. Où se situera la France? Ne sera-t-elle pas alors punie sévèrement de l’irresponsabilité de ses gouvernants depuis 30 ans. Le vote de la règle d’or n’y changerait rien.

L’Europe est en train de crever. C’est le rêve européen de nos pères que vous avez tué. C’est aussi l’avenir de nos enfants que vous avez largement hypothéqué. Chômage de masse des jeunes (et aussi des moins jeunes), récession économique chronique, diminution de la protection sociale, insuffisance de logements, financement des retraites, systèmes de santé fragilisés. L’Europe nous la subissons. C’est celle des technocrates de Bruxelles, celle des marchés financiers sans règle et des multinationales sans foi ni loi (exemple : les Laboratoires Servier).

Je ne connais pas les solutions. Mais, j’ai la conviction qu’il faut remettre complètement à plat le projet européen. De fond en comble. « Du sang et des larmes » promettait  Winston Churchill aux anglais en mai 1940. Je préfère vous proposer une autre de ces citations célèbres : « il n’y a rien de négatif dans le changement, si c’est dans la bonne direction ».

 

bertienews – 12 septembre 2011 –

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