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Avis de gros temps pour Angela Merkel ?

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[image:1,l] Jol Press : une défaite de plus pour Angela Merkel, mais une défaite attendue ?


Christian Schubert : Est-ce vraiment une défaite pour la chancelière ? D’abord, elle n’a pas perdu Berlin, dirigé depuis deux mandats déjà par la gauche. Elle ne l’a pas gagné. Oui, c’était attendu. Pourtant, elle aura même eu une raison de se réjouir : avec un score de 23,5 %, la CDU progresse. On est loin des plus de 40 % des années 1980 ou 1990, mais il n’y a pas eu d’effondrement.


En revanche, c’est une défaite cinglante pour ses alliés libéraux du FDP. Pour la cinquième fois dans l’année, ils n’obtiennent aucun élu dans une assemblée régionale. Avec 1,8 %, ils terminent même derrière le NPD, le parti néo-nazi.  


Le FDP était à 14 % au plan fédéral lors des dernières élections générales de 2009, on en est loin… Si un partenaire s’effondre, n’est-ce pas la coalition dans son ensemble qui se retrouve fragilisée ? Peut-elle tenir jusqu’en 2013, terme de la législature en cours ?


Certes, au Bundestag, Angela Merkel et la CDU ont besoin d’un partenaire, et ils en ont un puisque toutes ces défaites électorales locales n’affectent en rien la composition de l’assemblée. En plus, difficile d’envisager un retournement d’alliances avant 2013. Le véritable danger, c’est que la CDU et le FDP ne parviennent que très difficilement à se mettre d’accord sur une ligne politique commune. Dans les derniers mois, le FDP s’est distingué par un discours très hostile sur les questions européennes, ou, plus exactement sur l’union monétaire, la zone euro et la gestion de la crise. Les libéraux sont contre une européanisation des systèmes de sauvetage des États défaillants, contre les euro-obligations, contre le développement des fonds de sauvetage. Ce qui explique, par exemple, l’évocation par le ministre de l’Économie d’une éventuelle sortie de l’euro de la Grèce.


Le FDP ne s’oppose pas par principe à l’Union européenne. Il manifeste un euroscepticisme de circonstance, motivé par la manière dont est gérée l’union monétaire.


Quels impacts peuvent avoir ces divergences sur la politique européenne de l’Allemagne et, en particulier, le fonctionnement du couple franco-allemand ?


Contribuer à ce que les choses évoluent dans le sens voulu par Merkel. Récemment, elle est apparue déterminée à avancer, avec Nicolas Sarkozy et la France, afin de faire face à la crise de la dette, à la crise de l’euro et éviter que tout ne dégénère en une crise de la construction européenne. Le FDP l’avait bloquée et ralentie, en tentant de jouer sa propre partition. Les libéraux n’en ont tiré aucun profit dans les urnes. Leur position affaiblie pourrait à court terme faciliter les choses.


Difficile d’imaginer dans ces conditions que CDU et FDP repartent ensemble en 2013…


Oui. À en croire les sondages, si les élections avaient lieu aujourd’hui, les libéraux seraient absents du Bundestag. Pas un seul élu, une première dans l’histoire de la République fédérale.


Merkel est donc contrainte d’obtenir seule une majorité…


Pas forcément. Les Verts apparaissent de plus en plus modérés et l’hypothèse d’une coalition noire, celle des CDU, et verte n’est plus nécessairement farfelue. Les Verts ont déjà gouverné avec les sociaux-démocrates du SPD, Gerhard Schroëder, pas certain qu’ils soient prêts à recommencer. Une autre grande coalition avec le SPD ne peut pas être exclue non plus.


Justement, du côté du SPD, qui pourrait être le challenger de Merkel dans deux ans ?


Le SPD ne désignera son candidat qu’à l’été 2012. Sigmar Gabriel, le président du SPD, est loin d’être le favori pour obtenir l’investiture. Les sondages placent en tête Walter Steinmeier, candidat malheureux en 2009, et surtout Peer Steinbrück. On dit aussi que le maire de Berlin, Klaus Wowereit pourrait tenter sa chance. Sa victoire d’hier ne l’aura pas desservi.


 


Propos recueillis par Franck Guillory pour Jol Press


[image:2,s] Christian Schubert est correspondant à Paris du quotidien de référence allemand, le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

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