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Contre l’obscurantisme et autres idées reçues…

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À la lumière des levées de boucliers récentes devant certaines innovations technologiques, pourtant indispensables et  prometteuses de bien-être, notre nation, berceau du « siècle des lumières », me paraît glisser irrémédiablement vers une forme d’obscurantisme. On assiste à des manifestations violentes, souvent d’allure moyenâgeuse, de la part de la population intoxiquée par des groupes qui n’ont aucune connaissance scientifique. En s’appuyant sur le principe de précaution, ils ont la faculté de manipuler et de mobiliser, créant ainsi des mouvements d’opinion puissants qui laissent désarmés les hommes politiques. Lesquels sont amenés à aller dans leur sens, ne fût-ce que pour éviter de générer des manifestations qui viendraient encore alourdir un climat social difficile.

OGM : fauchés au champ du déshonneur

Je prendrai dans la chronique de tous les jours deux exemples qui me paraissent caractéristiques, celui des OGM et celui des gaz de schiste. Je ne suis pas un grand scientifique, mais il n’est pas interdit à tout citoyen un tant soit peu cultivé d’essayer de raisonner avec un peu de bon sens.

Notre pays est le seul à interdire la culture des OGM. On comprend très bien qu’il faille prendre les plus grandes précautions avant de se lancer dans des aventures technologiques hasardeuses, mais il faut bien constater que, dans le monde, des centaines de millions de personnes consomment depuis longtemps des OGM, et ne s’en portent pas plus mal pour autant.

En France, des expérimentations de culture en plein champ étaient en cours : il y en avait plus d’une centaine, il en reste une. Les autres ont été fauchées et arrachées les unes après les autres par des individus dont la plupart ne savaient pas ce qu’ils faisaient. De même, nous avions des chercheurs dévoués corps et âme à leurs travaux, qui ont vu leurs laboratoires saccagés, leurs recherches détruites et qui ont dû abandonner. C’est ainsi que ces chercheurs qui étaient en pointe sur le sujet, se sont dispersés et pour la plupart sont partis s’installer à l’étranger.

Quel beau résultat ! Tous ceux qui ont conduit et participé à ces opérations lamentables savent-ils qu’il faudra bien trouver des solutions pour nourrir la population de la planète qui vient de passer de 6 à 9 milliards d’individus en quelques décennies ? Savent-ils qu’il est vital pour un pays de disposer de la maîtrise de l’approvisionnement en graines ? Savent-ils que c’est un domaine stratégique de première importance ? Savent-ils enfin qu’ils font le lit de grands groupes étrangers qui dicteront un jour leur loi ?

Gaz de schiste : l’occasion manquée

Le deuxième exemple est celui des gaz de schiste. Un récent débat au Parlement a montré l’impuissance de nos gouvernants à faire prévaloir le bon sens. De quoi s’agit-il ? La question de ressources énergétiques moins polluantes se pose de manière récurrente, et les gaz de schistes seraient une réponse à des pénuries éventuelles, d’autant plus que la technologie progresse et va offrir des moyens d’exploitation plus propres que ceux d’aujourd’hui.

Aux États-Unis, cette exploitation est généralisée. Une grosse part de l’énergie fossile de ce pays est fournie par l’utilisation des gaz de schiste. Il faut également savoir que le sous-sol européen renferme plus de 10 % des réserves mondiales et que la France disposerait de près de 30 % des réserves européennes.

Nous venons de nous priver de la possibilité un jour d’exploiter cette richesse. Il s’agissait dans un premier temps, non pas de mettre en production des sites, mais de dresser la carte des éventuels gisements. Levée de boucliers, manifestations, hurlements de foules manipulées… Au bout du compte, recul du gouvernement : on a, pour ce faire, tout utilisé, les photographies de sites d’exploitation en Amérique – il faut bien le reconnaître, les Américains n’ont pas été très exigeants sur le respect de l’environnement, mais leur pays est si vaste qu’ils ont jugé ne pas devoir prendre les précautions élémentaires qui auraient été de mise en Europe.

Le passage en boucle d’une vidéo montrant l’inflammation d’un robinet d’eau montre que les images ont la vie dure et restent dans l’imagination collective.

Sur ces deux sujets, le politique a reculé pour la raison évidente de ne pas déplaire à l’électorat à l’approche d’échéances importantes. À cet égard, nous ne sommes pas les seuls confrontés à cette pression : je n’en veux pour preuve que la volte-face spectaculaire d’Angela Merkel sur le nucléaire. Mais le rôle du politique n’est-il pas de montrer le chemin, et d’expliquer au peuple les voies de développement indispensables, les meilleures et les plus sûres, en s’assurant du respect de l’environnement et de la sécurité des populations ? Pour ce faire, il dispose d’une communauté scientifique de très haut niveau qui est catastrophée devant le rejet des progrès de la technologie. Cette communauté est cependant incapable de faire entendre sa voix car elle va à l’encontre des hurlements de la foule ! Y aura-t-il des médias assez courageux et honnêtes pour leur donner une tribune significative ?

Bernés par des gens incultes…

Il existe une Académie des Technologies qui regroupe dans tous les domaines scientifiques des savants de très haute volée : pourquoi ne pas leur donner la parole et les utiliser pour faire de la pédagogie approfondie auprès du peuple ? Pendant combien de temps encore allons-nous nous laisser berner par des gens incultes en matière scientifique, mais qui savent « surfer » sur les peurs et manier les opinions afin de progresser dans leur combat politique ?

Quand allons-nous réagir, avant que notre pays ne laisse passer ses chances et qu’il ne finisse par n’être plus que dédié au tourisme ?

Ce jour-là, nous aurons oublié ce qu’était notre nation lorsqu’elle était en pointe en Europe et dans le monde. Alors les tenants de l’obscurantisme auront gagné !

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