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Cures de jouvence et bains de bière

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Konopkiva, Ukraine. Au sanatorium de Medobory dans l’ouest de l’Ukraine, les visiteurs ne viennent pas seulement pour prendre « les eaux ». Ils viennent aussi pour prendre « la bière ».

Il ne s’agit pas de la boire, bien sûr, mais de s’y baigner.

 

Des thérapies peu orthodoxes

Les bains de bière font partie des nombreuses thérapies peu orthodoxes que propose ce spa à 18 km de Ternopil.

L’ancienne Union Soviétique est en train de devenir La Mecque des méthodes de guérison décalées. Ce phénomène est avant tout dû à l’état d’avancement de la médecine dans ces pays, souvent en retard par rapport à l’Occident. En conséquence, les gens se tournent vers l’homéopathie et les remèdes moins conventionnels.

Une forte tradition de remèdes faits maison dans les milieux ruraux pousse les gens à retenir une grande partie de leurs pratiques traditionnelles. Ils ignorent largement les pratiques médicales modernes.

Des ventouses sur la peau par l’application d’ampoules de verre vidées de leur air par la flamme au cataplasme de moutarde qui consiste à recouvrir la poitrine d’un torchon imbibé de moutarde, pour « brûler » une toux, ces méthodes alternatives ont de quoi faire sourire. Elles étaient pratiquées couramment, pourtant, au XXsiècle, un peu partout dans le monde

 

Une médecine anecdotique ?

Le docteur Richard Styles, directeur médical du Centre médical américain à Kiev, explique qu’il était au courant des thérapies inhabituelles parfois utilisées dans ces régions. Généralement, dit-il, dans les pays de l’ancienne Union Soviétique, la recherche n’est pas conduite selon des normes aussi strictes que dans les pays occidentaux. « Mais nous devons reconnaître que toute médecine n’est pas basée sur l’évidence scientifique, estime le docteur Styles. Parfois, la médecine est anecdotique, et certains médecins se réfèrent à leur propre expérience. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils ont tort. »

Selon les documents promotionnels de Medobory, s’immerger dans la bière serait bénéfique pour les reins, et aiderait à la digestion. Les bactéries présentes dans la levure de bière rajeuniraient la peau et détendraient le corps, argumente la brochure.

Sans doute. Mais boire la bière pourrait produire certains de ces résultats, non ? Vérité journalistique oblige, j’ai décidé de tester la théorie de Medobory !

 

Les bains à la bière : efficacité non prouvée

Mariya, de Medobory, ouvre deux forts robinets. La grande baignoire en marbre blanc se remplit d’eau chaude et de ce qui a l’odeur d’une Pilsner blanche. Mariya m’y invite : j’entre dans la baignoire.

La mousse s’écarte, je m’habitue à l’odeur. La sensation est celle d’un bain ordinaire – à part la tentation d’absorber une gorgée de son contenu.

« J’aurais dû apporter une paille ». Mariya rit : « La prochaine fois, prévenez-nous de votre arrivée et nous en aurons une toute prête. »

Interrogé sur l’efficacité du bain à la bière, le docteur Styles se contente de remarquer qu’aucune étude n’étaye les prétentions thérapeutiques de Medobory. Il ajoute : « Mais l’idée n’est pas sans attrait. »

 

De la boue, des piqûres d’abeille et du dioxyde de carbone

Si vous ne voulez pas exhaler l’odeur d’une brasserie, vous pouvez essayer l’une des nombreuses autres thérapies « alternatives ». Certaines seront connues des habitués des spas occidentaux, d’autres beaucoup moins.

Connu : l’enveloppement à la boue pour accélérer la guérison d’une fracture, apaiser les allergies ou encore les cicatrices.

Moins connu : vous laisser infliger des dizaines de piqûres d’abeilles pour stimuler le système nerveux et booster le système immunitaire. Parfois, pour des raisons mystérieuses, on conseille aux patients de manger du miel au même moment.

Sérieux : le bain de dioxyde de carbone, administré dans ce qui ressemble à un poumon de fer.

 

Une popularité qui perdure

La plupart des visiteurs de Medobory viennent pour une cure assez traditionnelle. Ils se baignent dans des eaux saturées de minéraux tels que le chlorure de sodium ou le soufre, ou les boivent. Il n’y a là rien de nouveau : les sources naturelles qu’on trouve dans la région sont depuis longtemps connues pour leurs pouvoirs de guérison. Les sources étaient un lieu de villégiature privilégié par l’aristocratie locale avant l’ère soviétique.

Le médecin chef, Vasil Martynyk, qui travaille au sanatorium depuis son ouverture, assure que les tests établis sur des procédures validées montrent des résultats tangibles chez la majorité des curistes. Tous les patients à qui j’ai parlé m’ont également assuré qu’ils ressentaient une amélioration de leur santé, quel que soit le traitement suivi. Selon Martynyk, plus de 90 % des patients deviennent des clients réguliers. Quant aux membres du personnel, on ne peut nier leur enthousiasme pour leur travail.

« Vous devriez rester un peu plus longtemps, a dit Martynyk alors que je partais. L’homme qui travaille avec les sangsues arrive dans deux heures… »

 

Global Post /Adaptation Jack Fereday – JOL Press

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