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Dilma Rousseff, femme de pouvoir redoutable

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« Guerillera » avant d’être présidente

Même si elle ne le montre pas, elle appartient aux femmes les plus puissantes du monde. Avant de devenir la première femme présidente du Brésil, Dilma Rousseff était une jeune « guerillera ». Les chefs d’État de cette région, fortes personnalités par l’image, mettaient en avant leurs pouvoirs populiste et révolutionnaire lors de leur accession au pouvoir. Son prédécesseur, Luiz Inacio Lula da Silva, était d’ailleurs considéré comme le « politicien le plus populaire du monde ».

Des dirigeants adeptes des shows TV

Le président de la Bolivie, Evo Morales, est le premier dirigeant indigène du pays, ancien éleveur de lamas devenu réformateur socialiste, capable de critiquer l’Occident tout en plaisantant lors de shows TV comme dans le Daily Show de Jon Stewart.

Et qui peut oublier le président vénézuélien Hugo Chavez ? Lui qui dansa carrément lors de sa propre émission télévisée et chanta en direct la froideur de ses sentiments à l’égard de la secrétaire d’État des États-Unis, Hillary Clinton !

Rousseff a décidé de s’entourer de personnalités charismatiques et pragmatiques afin d’appliquer un programme populiste. Elle-même soigne son image, toujours habillée en tailleurs cintrés assortis de bijoux de valeur. La présidente est toujours courtoise dans ses déclarations publiques, elle évite tout sarcasme comme son prédécesseur Da Silva.

Elle est ce dont « le Brésil a besoin »

Les observateurs disent que son attitude est tout ce dont le pays a besoin en ce moment. Le Brésil a renforcé son implication dans les affaires internationales. Dilma a par exemple su négocier un échange de combustibles nucléaires entre la Turquie et l’Iran dans le but de lever les sanctions de l’ONU prises à l’encontre de Téhéran. Elle s’est également abstenue de voter pour une intervention internationale en Libye. Le Brésil est également en lice pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

Très appréciée par le peuple

Les candidatures du pays pour l’accueil des Jeux Olympiques en 2016, une première pour une nation en développement, et pour la Coupe du monde en 2014, furent saluées.

Les Brésiliens portent leur présidente dans leur cœur. Une récente enquête CNI/Ibope a montré que 65 % des personnes interrogées lui font confiance, soit le même score qu’affichait Da Silva lors de son mandat présidentiel.

Paulo Sotero, directeur de l’Institut brésilien du centre académique international Woodrow Wilson, basé à Washington, affirme que « les gens apprécient l’image que Dilma renvoie du Brésil, notamment à travers son style qui se veut moins festif ou charismatique que Lula. C’est une personne posée et réfléchie ».

Torturée à l’âge de 20 ans et emprisonnée 3 ans

Rousseff a 63 ans. Elle a grandi dans une famille de classe moyenne. Son père, un immigré bulgare, lui a donné des leçons de piano et de français. Elle s’est impliquée très tôt dans la politique : déjà militante au lycée, à 20 ans elle rejoint les guérilleros marxistes, groupe alors prohibé par le gouvernement.

La dictature militaire alors la surnommait la « Jeanne d’Arc de la subversion ». Elle ne se revendiquait qu’une organisatrice.

Emprisonnée à 22 ans, torturée pendant 22 jours consécutifs, elle connut trois années de prison.

Mais Dilma Rousseff s’exprime très peu sur son passé révolutionnaire. C’est pourtant lui qui finit par « coller » parfaitement à ce qu’attendaient les électeurs : un prolongement de leur cher Da Silva, dont elle a été le chef de cabinet.

Un virage de la gauche vers le centre

En poste depuis huit mois, Roussef a su s’imposer en tant que femme et politicienne. À la surprise générale, elle s’est quelque peu détournée de ses racines de la gauche radicale pour s’orienter vers une politique plus centriste. Rosangela Bittar, chroniqueur politique au Brésil, a cette conclusion : « Dilma n’est pas Chavez. »

Des mesures parfois contestées

Par exemple, sa première mesure législative fut de limiter la hausse du salaire minimum pour contrôler l’inflation et les dépenses publiques. Ce qui provoqua la colère des dirigeants syndicaux. Leurs poupées qui caricaturaient la présidente portaient les mots « DIL-MA » : en portugais, « mauvaise femme ».

« Mauvaise femme » Rousseff reste imperturbable. Elle continue avec fermeté de lutter contre l’inflation, malgré des coupes budgétaires jugées impopulaires et une augmentation des taux d’intérêts.

Un combat contre la pauvreté

Elle a également promis de combattre la pauvreté, dans la logique Da Silva : elle poursuit les aides financières données aux mères si elles envoient leurs enfants à l’école et la gratuité des soins médicaux requis.

Programme a été approuvé par les économistes qui y voient une stratégie efficace pour combattre la pauvreté. Ses idées ont été reprises par les pays en voie de développement en Afrique.

« Nettoyer » le gouvernement de la corruption

Rousseff a également décidé de faire face à la corruption. Elle s’est montrée intransigeante à l’encontre de trois ministres, y compris son chef de cabinet, accusés de corruption. Une nouvelle vague d’accusations concernant le ministère de la Ville pourrait bien lui faire prendre de nouvelles sanctions.

Les opposants y voient la preuve que son parti est encore infesté de politiciens ravis de vendre leur influence. Mais pour la plupart des Brésiliens, ce « nettoyage » est le bienvenu dans un pays habitué au « copinage ». Ses mesures lui ont d’ailleurs valu le surnom, par les médias, de « faixina », « celle qui fait le ménage ».

Du coup, ses relations sont devenues très tendues avec la coalition au pouvoir et les proches de Da Silva.

Implication dans les affaires internationales

L’opposition l’a accusée de revenir sur sa promesse de donner la priorité aux droits de l’Homme dans les affaires internationales.

Lors d’un Conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil s’est abstenu de voter pour l’autorisation d’une intervention militaire contre l’ancien despote libyen Mouammar Kadhafi.

De même, le pays s’est montré réticent sur l’approbation d’un projet condamnant la répression sanglante du gouvernement syrien à l’encontre de manifestants.

Rétablir la vérité

Rousseff a décidé de s’intéresser aux crimes non résolus lors de la dictature militaire brésilienne de 1964 à 1985, cette période durant laquelle elle fut torturée si longtemps. Mais les militaires qui ont soutenu le régime sont protégés par une loi d’amnistie. La ministre des droits de l’Homme a donc plaidé longtemps pour la création d’une « commission de la vérité », qui citerait les noms des tortionnaires sans les inquiéter.

Rousseff déclara lors de son discours d’investiture : « Je n’éprouve aucun regret ni aucun ressentiment ou de la rancœur. »

Global Post/Adaptation Pasqualine Nelh – JOL Press

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