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Et si la panacée antivirale existait déjà?

Au petit jeu des acronymes, le nouveau médicament décroche le pompon : Draco, pour « Double-stranded RNA Activated Caspase Oligomerizer ». Un homme derrière cette appellation « monstrueuse » (draco, dragon), le docteur Rider, qui a tenté d’expliquer au Daily Mail la portée de sa découverte : « Les antibiotiques ont révolutionné le traitement des infections bactériennes, et nous espérons que ce médicament révolutionnera le traitement des infections virales. » Car le Draco tue tout virus, celui du rhume comme celui du HIV, le sida. Et cette fois, tout le monde tend l’oreille…

Attaque indirecte

Car dans le labo du potentiel bienfaiteur de l’humanité, quinze virus ont succombé au « Dragon » : la dengue, la grippe H1N1 et la poliomyélite, excusez du peu ! Le principe d’action de l’antiviral repose sur le mode d’évolution vitale des cellules : ils poussent les infectées à l’apoptose, autrement dit au… suicide. Mais son grand mérite est qu’il ne touche pas aux cellules saines voisines. Et ça change tout.<!–jolstore–>

Légions « kamikaze »

Pour comprendre, il s’agit de connaître le mode d’action du virus : il produit de l’acide ribonucléique (ARN) une fois dans la place. La cellule, pour se défendre, génère des protéines qui se fixent sur les brins d’ARN étrangers. Mais le processus de défense connaît des limites : à l’image d’une police débordée, le système immunitaire cède face au nombre. C’est l’infection. L’idée de Rider et de son équipe revient, si l’on poursuit la métaphore, à donner des renforts aux protéines qui se contentent de contenir l’intrus : des agents supplémentaires le tuent !

Combien vaudra la panacée ?

Les Romains savaient très bien manœuvrer en ce sens : les premiers légionnaires subissaient l’assaut de l’assaillant, le contenaient, puis, au coup de sifflet du centurion, d’autres soldats se glissaient aux côtés de leurs compagnons et frappaient le combattant ennemi immobilisé par le bouclier adverse. En l’occurrence, l’image se complique : les légionnaires en second ne tuent pas l’ennemi mais la cellule qui l’abrite (et se suicident au passage, si l’on veut absolument pousser la comparaison jusqu’à l’absurde !). Draco n’a, à en croire les chercheurs, jamais failli à sa mission sur… des cobayes. Il s’agit désormais de l’expérimenter sur l’homme. Le Daily Mail le voit volontiers en vente d’ici à dix ans. Le journal a une excellente raison pour y croire : le labo du Dr Rider est financé par… le département américain de la Défense, obsédé par la guerre bactériologique. Les fonds ne manquent pas.

Si Draco tient ses promesses, s’ouvrira une ère de santé pour l’humanité… pour peu que les Américains ne vendent pas à prix d’or ce médicament miracle aux populations souffrantes des pays pauvres. Et jusqu’à ce que le virus, miniature d’intelligence concentrée, ne trouve la parade à la parade…

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