Les unes très chargées des journaux israéliens, à l’image de la presse américaine d’information, offrent l’occasion de composer des titres-phrases nuancés. Et de juxtaposer les informations et les photos dans un registre significatif.
Drapeau en flamme, drapeau virtuel
L’œil du lecteur voit les images avant le texte. Il panoramique des flammes qui s’élèvent d’un drapeau israélien brûlé devant l’ambassade israélienne en Jordanie au portrait le doigt levé du ministre des Affaires étrangères palestinien, Riad Malki. Raccourci immédiat entre la manifestation hostile de la population d’un état arabe et le « pavé dans la mare » palestinien : la demande officielle d’une reconnaissance de son État auprès des Nations unies. Brûler un drapeau (un geste très grave) est manifestement sur le même plan que la demande de reconnaissance de ce même drapeau au monde. Lourd de sous-entendu.
Saut de ligne pour faire bouger les lignes
Mais la formulation même du titre à propos de la démarche palestinienne est à son tour objet de décryptage par sa complexité. Littéralement, sur 3 lignes, le titre en gras signifie : « Abbas attend une “offre crédible” de pourparlers de paix avant la décision des Nations unies – (L’émissaire) ministre des Affaires étrangères de Palestine déclare : “la décision finale devra intervenir dans les prochains jours” »
(L’émissaire) figure dans cette traduction entre parenthèses puisque, en anglais, il est postposé : « PA foreign minister Envoy ». Et rejeté à la ligne, en un corps beaucoup plus petit. Tout se passe comme si les compositeurs du titre du Jerusalem Post avaient voulu placer sur le même plan, la même ligne, la décision finale de l’ONU et l’envoyé palestinien. Pour quelle raison ? Peut-être pour faire sentir aux lecteurs à quel point Abbas et son ministre sont en ce moment les hommes forts – et menaçants – de la décision historique du 23 septembre ?