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La libération sexuelle passe par les hôtels coquins

Une tradition

Des photos de couples s’embrassant tendrement, en noir et blanc, ornent la façade de la boutique du Motel V à Mexico. Les clients accèdent à leurs chambres par des garages privés recouverts de gigantesques photographies d’étreintes passionnées avec ces simples mots : « Ne pas déranger ». Cet hôtel de passe, ou « hotel de paso » comme on l’appelle au Mexique (dérivation de pass-through hotel), relève d’une tradition de la culture mexicaine, par ailleurs résolument conservatrice. Les avantages de ces nouveaux hôtels : pas besoin de réserver, les chambres sont disponibles pour la nuit ou seulement pour quelques heures. Auparavant, ces lieux étaient discrets, mal équipés, sans publicité. Ils sortent de l’ombre, se sont dotés de mobilier et d’un décor haut de gamme et leurs noms se veulent bien plus évocateurs…

Le succès des hôtels de charme : signe de modernité

Cette tendance marque un changement relativement lent mais notable dans les mœurs mexicaines. Surtout dans la capitale, la tolérance en matière de droits sexuels et de diversité sexuelle s’est considérablement développée ces dernières années : la ville de Mexico a décidé en 2007 de légaliser l’avortement jusqu’à la fin du troisième mois de grossesse. L’année dernière, elle a approuvé le mariage homosexuel. Quand les hôtels traditionnels refusaient parfois les couples homosexuels, les nouveaux ne discriminent personne et visent à accueillir une clientèle plus jeune. « La mentalité a beaucoup changé et elle continuera à changer », estime Paris Bonilla, 31 ans, qui se félicite de l’évolution de ces nouvelles pratiques d’accueil. Peu à peu, ces établissements s’agrandissent. Leur pari : attirer dans les années à venir une clientèle toujours plus en plus internationale et sophistiquée.

Mauvaise réputation ? Et alors !

Ces nouveaux points de rendez-vous ont d’abord souffert d’une mauvaise image. Et puis, cela a changé : Viviana Méndez, 39 ans, explique qu’ils sont devenus, et ont été appréhendés comme, de véritables cocons amoureux pour couples mariés ou pas, désireux de s’échapper du chaos de la ville. « D’une certaine manière, tout le monde a besoin de se reposer et de se vider de son stress de la journée. Il vaut mieux dès lors se “reposer” avec quelqu’un qui vous masse et qui éprouve du plaisir avec vous », affirme Méndez, divorcée depuis peu.

Irrésistibles…

Quelques exemples. La boutique du Motel V propose déguisements, jouets et autres commodités utiles pour susciter la joie et la bonne humeur chez les clients. La paroi extérieure de l’hôtel Cuore est couverte de gigantesques cœurs rouges illuminés, et ses suites offrent de profonds jacuzzis et même des balançoires. À l’hôtel Pop Life, des douches translucides au milieu des chambres et des bancs rembourrés intégrés dans le cadre des lits améliorent le confort. « Il y a un type de statut à adopter. Nous voulons nous positionner là, dans ce secteur, ce segment de personnes qui recherchent quelque chose de spécial », explique spécialement José Maria Aliaga, gérant de la boutique du Motel V.
Tant de nouvelles « options » attirent un nombre spectaculaire d’adhérents, informés via le Web. À Mexico, Oscar Goldman et Sandra Poyato, tous deux âgés de 35 ans, ont lancé un site en mai, WeLoveSex, destiné exclusivement aux « hotels de paso ». Les critiques ne les atteignent pas. « Je pense que le sujet est cool, et si on me juge, je m’en fiche carrément ! » conclut Poyato.

 

GlobalPost/Adaptation ML – JOL Press

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