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L’équilibre des groupes de presse au temps du numérique

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La presse semble prise en étau entre une conjoncture qui a porté un coup de boutoir à ses revenus publicitaires, dont on doute qu’ils reviendront jamais à leurs niveaux passés, et à une mutation technologique qui modifie profondément et dans le monde entier les relations des citoyens avec les médias, et accélère la chute de ses diffusions.

Les groupes de presse ne sont certes pas restés inertes. Ils ont abaissé leurs coûts, assaini leurs catalogues, réactivé et amélioré leurs titres, étendu leurs marques, accéléré leur processus de diversification, etc.

Prises de risques en ligne

Lorsqu’ils ont voulu entrer dans l’univers numérique ils ont su prendre des risques et investir, à un moment où les certitudes n’existaient pas.

Comment ? En général par deux voies initiales : acquisition de compétences et de positions sur Internet, via des rachats coûteux d’entreprises « de la nouvelle économie », et création de sites Web propres qui ont également altéré la rentabilité des groupes de presse.

Deux nouvelles voies, plus raisonnables, ont ensuite été adoptées : renforcement de l’activité principale de presse papier et développement d’activités nouvelles diversifiées, périphériques, souvent à dominante numérique.

Faiblesses structurelles

Leurs résultats 2010, nettement améliorés, semblent leur donner raison. Beaucoup s’en sont glorifiés à travers des communiqués triomphants.

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, je ressens cependant un goût d’inachevé et un certain scepticisme.

Les résultats 2010, tout d’abord, traduisent avant tout le résultat de gros efforts de gestion, de réductions de coûts et de rationalisation. En eux-mêmes ils ne sont pas critiquables, surtout lorsqu’ils ont été intelligemment menés, mais ils ne sauraient masquer la persistance de fondamentaux mal orientés : le cœur de métier continue à se contracter (baisse des diffusions) et les revenus publicitaires restent difficiles et nettement inférieurs, à périmètre comparable, à ce qu’ils étaient jusqu’en 2007.

Tout donne à penser, notamment les tendances aux États-Unis, que l’évolution va se poursuivre et que les fondements historiques de la presse vont continuer à se fragiliser.

Peut-on penser qu’une position de résistance et défense sera suffisante dans les années à venir ? J’ai la conviction qu’il faut adopter une autre vision que celle de la plupart des groupes aujourd’hui et qu’un virage est à prendre.

Le numérique n’est pas un complément, la solution est ailleurs

En se renforçant sur leur cœur d’activité, en lançant quelques nouveaux titres, en rénovant les anciens ou en diversifiant les marques existantes, les groupes de presse seront-ils plus forts dans les cinq ans à venir qu’aujourd’hui, retrouveront-ils la santé qui était la leur au cours de la décennie 1990 ?

Ajouter des activités numériques, même créées en interne et saines, dans un groupe resté groupe de presse papier, n’a nulle part suffi à compenser le déclin de l’activité principale. Or, la plupart des groupes continuent à penser leurs activités numériques comme des activités additionnelles, et leur présence sur les supports numériques comme un complément à leurs éditions papier.

J’ai la conviction qu’il faut adopter une autre vision que celle de la plupart des groupes aujourd’hui et qu’un virage est à prendre.

Repenser les médias en pensant aux lecteurs 

Le numérique est omniprésent, nous le vivons dans nos vies quotidiennes et , si des évolutions se profilent, elles iront certainement dans le sens de davantage de numérique dans la société :  les citoyens que nous sommes s’informent de plus en plus sur des supports numériques.

Les groupes de presse ne doivent donc pas simplement se défendre, mais doivent tout faire pour s’approprier les nouvelles règles qui vont gouverner le monde des médias , tout simplement pour conserver leurs lecteurs.

La transmission des contenus sur supports numériques n’est pas une activité annexe.

Les groupes doivent se réinventer à travers deux questions qui doivent guider leurs réflexions et être abordées sans tabous :

• que peut devenir un groupe de presse dans un monde numérique ?

• que peut devenir le métier de la presse dans ce monde nouveau ?

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