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L’ex-Yougoslavie, paradis retrouvé des touristes

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Dubrovnik, Croatie. À 7 heures du matin, la lumière du jour se déverse sur les grandes forteresses qui entourent le vieux quartier de Dubrovnik et rebondit sur les dalles couleur crème de la grand-rue piétonne qui traverse la ville, chef-d’œuvre d’urbanisme du XVIIe siècle.


Dubrovnik, « perle de l’Adriatique »


Elle peut sembler impie, cette heure matinale pour une promenade. Mais à une heure plus tardive, on ne verrait même pas la rue sous les hordes de passagers descendus de leurs bateaux de croisière.


Il y a vingt ans, le monde était choqué de voir ce trésor historique bombardé par les troupes serbes et monténégrines campées dans les collines de Dubrovnik. Ces jours-ci, les bataillons de touristes qui arrivent au port de la « perle de l’Adriatique » en navires de luxe indiquent clairement que cette région de l’ex-Yougoslavie s’est pleinement remise des guerres des années 1990.


La côte spectaculaire de la Croatie – dans une eau turquoise et transparente, parsemée de villes historiques et de plus de 700 îles – est redevenue une des premières destinations côtières d’Europe. L’année dernière, le pays de 4,4 millions d’habitants a accueilli 9 millions de visiteurs !


Nature sauvage


De plus en plus, les voyageurs redécouvrent la beauté variée de ce qui composait autrefois la Yougoslavie : les montagnes, les eaux cristallines du Lac Ohrid en Macédoine, l’architecture et la culture ottomane en Bosnie, les paysages sauvages du Monténégro ou la vibrante vie nocturne de Belgrade.


« Les gens sont l’attraction première », remarque Raymond Maxwell, un Irlandais qui voyage régulièrement dans la région. Cette année, Maxwell a emmené sa famille en randonnée dans les montagnes qui longent la frontière entre le Monténégro, le Kosovo, et l’Albanie, où des ours, des loups et des lynx rodent dans les paysages les plus sauvages d’Europe.


« Ça peu paraître un peu risqué, mais l’accueil est toujours formidable, et l’on peut voir ces pays devenir des nations modernes. Les gens sont attachants, fiers, jusque dans les endroits les plus reculés. Et ils investissent dans de merveilleux petits hôtels. »


Mostar, à l’image de la reconstruction


La Maison Muslibegovic, à Mostar, en Bosnie-Herzégovnie, est un de ces endroits. Le manoir ottoman du XVIIIe siècle a été restauré avec amour et transformé en un musée, hôtel et boutique. La famille du directeur, Tadzudin Muslibegovic, y a vécu depuis neuf générations. Richement décorée d’antiquités orientales et de tapis locaux colorés, la Maison Muslibegovic a été élue l’année dernière parmi les dix meilleurs hôtels au monde par le guide Expedia Isider.


Non loin de là, se trouve le pont « iconique » de Mostar, qui surplombe la rivière Neratva – un des 18 sites classés au patrimoine mondial d’Unesco parmi les anciennes républiques yougoslaves.


Intact pendant plus de quatre siècles, l’arc construit en roche de calcaire s’est écroulé en 1993, sous l’effet d’un féroce bombardement de l’artillerie croate. Mais comme beaucoup d’autres monuments de l’ère ottomane abîmés durant la guerre, il a été reconstruit. Aujourd’hui, à la surprise des visiteurs, des habitants casse-cou s’amusent à sauter du pont dans les eaux fraîches, 20 mètres plus bas.


Sarajevo, à la croisée des cultures turque et européenne


Pour revenir à Dubrovnik, une promenade sur les remparts offre des perspectives magnifiques sur les vieilles maisons en pierre et le littoral qui les entourent. Mais les toits plus bas révèlent l’étendue des dommages des guerres des Balkans. Les vieux toits de tuiles en argile roux et rose sont désormais moins nombreux que les tuiles neuves de couleur orange foncé qui se sont imposées après les bombardements serbes et monténégrins.


Quatre-vingt-cinq kilomètres au nord, la capitale bosnienne de Sarajevo fut l’épicentre tragique de la guerre entre 1992 et 1996. Les forces serbes positionnées dans les montagnes entourant la ville auraient lancé 2 millions d’obus sur la ville, causé la mort de 10 000 civils et laissé à peine un immeuble intact.


Une reconstruction intense a effacé les signes de la guerre, du moins dans l’ancien centre. Un visiteur va croiser des mosquées, des marchands de tapis, des cafés à narguilé dans le quartier de Bascarsija, ou siroter des cocktails dans les bars branchés en face de la cathédrale catholique, sans même remarquer les traces du siège, ou à peine.


Des traces de la guerre, discrètes mais omniprésentes


Bien que les travaux de restauration de l’hôtel de ville du XIXe siècle soient encore en cours, une grande partie de la ville a depuis longtemps été reconstruite, d’où ce mélange de cultures turque et d’Europe centrale. Les salons de thé servent à la fois des baklavas collants et sucrés du Moyen-Orient et des confections viennoises de crème et de chocolat.


Toutefois, les rappels de la guerre sont discrets, quoiqu’omniprésents : des plaques aux coins des rues, sur les murs des marchés ou aux entrées des parcs, rappellent les noms de ceux qui y sont morts. Dans les cimetières de la ville, bon nombre des pierres tombales blanches sont datées du début des années 1990.


Le tunnel creusé sous l’aéroport de Sarajevo pour alimenter la ville assiégée a été reconverti en musée par la famille Kolar, dont la maison endommagée par le shrapnel cachait autrefois l’entrée du tunnel.


Une diversité culturelle unique


Avant sa séparation, la Yougoslavie s’étendait sur un territoire plus grand que la Grande-Bretagne, mais avec un tiers de la population. En traversant la région en voiture, on va découvrir une diversité dramatique de paysages et de cultures, des pentes montagneuses enneigées des Alpes à la vaste plaine du Danube, de la côte méditerranéenne ponctuée de clochers vénitiens aux vallées sauvages parsemées de villages en pierre où des marchands aux bords des routes proposent des fromages de mouton, des bocaux de miel ou des bouteilles de liqueur locale. En l’espace de quelques kilomètres, l’on a l’impression d’être en Turquie, en Italie, en Autriche, en Russie ou quelque part… simplement unique.


Les temps changent


Au nord-ouest, près de la frontière entre la Slovénie et l’Italie, le lac Bled scintille comme un saphir parmi les pics des Alpes Juliennes. En signe des temps qui changent, la villa Bled, une construction impressionnante du milieu du XXe siècle, avec sa vue plongeante sur les eaux douces, autrefois le lieu de villégiature préféré de l’homme fort du communisme yougoslave, Josep Broz Tito. Elle est devenue un hôtel de luxe. On y trouve un spa, un merveilleux restaurant gourmet et une suite présidentielle à 850 euros la nuit, dans les chambres de Tito lui-même !



Global Post/Adaptation JF – JOL Press

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