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Lutte contre la désertification : We are the World !

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Déjà vues, bien trop souvent, ces images d’enfants aux ventres gonflés, de mères impuissantes à les soulager… sous un soleil de plomb, sur des sols fissurés, de pauvres êtres comme déshumanisés. Ils puisent dans leurs dernières forces, s’agglutinent autour des camions d’une aide toujours insuffisante dans l’espoir de glaner un peu de nourriture et ainsi retarder une mort quasi certaine. Le Sahel dans les années 1970, l’Éthiopie dix ans plus tard, maintenant le Soudan… et 15 millions de personnes directement affectés dans la corne de l’Afrique. Pourtant, cette nouvelle tragédie est davantage que la énième manifestation d’une malédiction africaine, elle illustre pourquoi la désertification, la détérioration des terres et la sécheresse concernent non seulement l’Afrique mais, en réalité, la communauté internationale dans son ensemble. Et urgemment.

40 % des terres émergées touchées

Dans les dernières années, l’Afrique orientale, le Niger, l’Australie, le Guatemala, les États-Unis, le Mexique, la Chine… Les feux de forêt en Russie qui menaçaient Moscou à l’été 2010, les paysans français qui manquaient de fourrage pour le bétail ce printemps 2011. Les territoires concernés par la sécheresse ont été multipliés par deux entre les années 1970 et le tournant du siècle. Surface affectée sur la planète par la désertification : 5,2 milliards d’hectares, soit 40 % des terres émergées. Si les zones arides sont en première ligne, fragilisées dès les premiers effets du changement climatique, le phénomène est ressenti bien au-delà. Sont menacés directement les modes de vie de plus d’un milliard de personnes, presque deux.

Une lente prise de conscience

La désertification n’est pas un fléau moderne. De nombreux indices archéologiques et historiques montrent que la dégradation remonte à plusieurs siècles. Pourtant, le débat n’a été lancé qu’il y a une trentaine d’années avec une première conférence des Nations unies dédiée au sujet à Nairobi en 1977. Ensuite, avec la seconde sécheresse en Afrique subsaharienne, ce sont les opinions publiques mondiales qui ont ouvert les yeux, encouragées, notamment, par une mobilisation sans précédent des célébrités les plus en vue. Dans l’imaginaire collectif, restent Band Aid de Bob Geldof, avec son concert géant entre Wembley et Philadelphie, ou USA for Ethiopia et son parterre de stars et starlettes.

L’imbrication des composantes

En 1992, le lien est établi avec la protection de l’environnement au sens large. À Rio, au Sommet de la Terre, les dirigeants mondiaux reconnaissent la nécessité de prendre en compte les premiers signes avant-coureurs d’un changement climatique. Depuis 1996, la communauté internationale a tenté de combattre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse par la mise en œuvre de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD). En 2000, la communauté internationale a lancé une campagne vigoureuse contre la pauvreté dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement pour éradiquer la pauvreté d’ici à 2015. L’imbrication d’un phénomène écologique avec des aspects économiques, politiques et de développement est reconnue. L’objectif est la définition conjointe de politiques publiques adaptées, en s’appuyant sur une collaboration avec les organisations non gouvernementales et les populations.

Des résultats inférieurs aux espérances

À quatre ans de la date butoir de 2015, la pauvreté perdure, et tout particulièrement dans les régions affectées par la désertification. Les résultats observés sont nettement inférieurs aux espérances. Les bailleurs de fonds se désintéresseraient des pays les plus directement concernés, à ce jour, car leur poids tant politique qu’économique demeure trop faible. Il n’y a pas de budget alloué spécifiquement à la lutte contre la désertification et la sécheresse. Le financement des opérations conduites n’est possible qu’en piochant dans les subsides d’autres secteurs du fonds pour l’environnement mondial, par exemple la préservation de la biodiversité ou la lutte contre les effets du changement climatique.

Les conditions d’un scénario catastrophe

Pourtant, la situation s’aggrave et, sans jouer les cassandre, l’on va dire que les conditions de scénarios catastrophes se mettent lentement en place. Les terres arides représentent 41,3 % de la surface de la Terre et abritent 37,4 % de la population ; 50 % des terres agricoles sont dégradées. La pauvreté, l’illettrisme des femmes, la mortalité infantile augmentent avec l’aridité. Pire encore, 80 % des conflits armés de la première décennie du siècle ont eu pour décor des zones arides. À quand les guerres de l’eau tant annoncées ?

L’ONU tire à nouveau le signal d’alarme

Dans un tel contexte, l’ONU, à l’initiative de son secrétaire général Ban Ki-Moon, tire une nouvelle fois le signal d’alarme. À 10 mois du Rio+20, nouveau Sommet de la Terre, les pays membres de l’organisation ont été conviés, mardi 20 septembre, en préambule de la séance plénière annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies, à participer, au plus haut niveau politique, à une réunion sur le thème : « Faire face à la désertification, à la dégradation des terres et à la sécheresse dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté. »

Avant qu’il ne soit trop tard

Désormais, nul ne peut se sentir à l’abri, où qu’il soit. Si la solidarité de circonstance flanche, notamment face à la situation au Soudan, c’est sans doute la faute d’une crise économique et financière d’ampleur majeure, car, dans la plupart des régions du monde, on peut déjà ressentir les effets directs ou indirects des bouleversements climatiques, de la désertification galopante et des sécheresses récurrentes qu’ils provoquent. Des adaptations, des changements de comportements s’imposent. Différemment, certes, selon la localisation géographique, mais sûrement, le monde entier subira les conséquences de maux que l’on a cru longtemps cantonnés à l’Afrique.

Et s’il fallait une chanson pour motiver les foules, et ceux qui les dirigent, dans le registre Michaël Jackson, mieux vaudrait We are the World ! que Thriller.

 

GlobalPost/Adaptation FG – JOLPress.

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