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Michael Moore derrière les indignés de Wall Street

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Michael Moore sait raconter une histoire. On ne peut pas réaliser trois des documentaires les plus vendus au box-office sans posséder un sérieux savoir-faire en matière de narration.


Militant


Moore, Michael, né à Flint, dans le Michigan. Dès l’adolescence Michael Moore prend goût à l’engagement politique en se faisant élire à la commission scolaire et en participant à de nombreux débats. Après la fondation d’un journal hebdomadaire, The Michigan Times, il a rejoint le magazine turbulent Mother Jones. Et c’est là que sa personnalité controversée a porté ses premiers fruits : après une dispute avec son patron à propos d’un article sur le licenciement massif par General Motors dans sa ville natale, le jeune militant est licencié à son tour. Mais en portant plainte pour licenciement abusif, Michael Moore obtient 58 000 dollars – de quoi financer son premier documentaire, Roger et moi, dans lequel le réalisateur dénonce les abus du système capitaliste en s’attaquant en particulier à la délocalisation de General Motors au Mexique, qui a causé une montée du chômage à Flint. De la suite dans les idées…


Des films qui dérangent l’« establishment »


Ont suivi plusieurs films à succès, dont Bowling for Columbine, sur le phénomène criminel des armes à feu aux États-Unis, et Fahrenheit 9/11, qui plonge dans le blanc de l’œil des États-Unis après le 11-Septembre, et fustige le gouvernement de George W. Bush pour la façon dont il a géré la situation. Au fur et à mesure de ses documentaires, Michael Moore se forge un style : des interviews naïves en surface qui mettent en exergue la véritable opinion, parfois choquante et souvent ridicule, de ses interlocuteurs. Michael Moore filme ainsi des scènes hilarantes, mais vraies : au début de Bowling for Columbine, pour le remercier d’avoir ouvert un compte, une banque offre au réalisateur… un fusil !


Tantôt accusé de populisme, tantôt d’hypocrisie, car le réalisateur critique les dérives du capitalisme tout en gagnant des millions de dollars, Michael Moore provoque toujours des réactions fortes, d’admiration ou de haine. Pas étonnant s’il est le chouchou des plateaux de télévision.


Indignation croissante


Le réalisateur a de nouveau montré son talent narratif hier soir au cours du Piers Morgan Tonight Show sur CNN. Il s’en est pris au capitalisme, à l’égoïsme récurrent de Wall Street, et à une poignée d’autres impasses économiques qui touchent les États-Unis.


Mais la partie la plus intéressante concernait le mouvement des indignés qui campent à Wall Street, dans le sud de Manhattan, et qui attirent autant les médias que les stars engagées (Susan Sarandon et Alex Baldwin s’en mêlent) : sur CNN, Moore a prophétisé : les manifestations – qui durent depuis 11 jours – sont le signe d’événements plus importants à venir.


Un mouvement qui va s’amplifier ?


« Nous nous sommes débarrassés de l’esclavage en 1863 dans ce pays. C’est seulement en 1960 qu’on a vu de grandes manifestations et la reconnaissance des droits de vote et des droits civiques. Les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1920, et le vrai mouvement de libération des femmes n’a eu lieu que dans les années 1960 et 1970. Les choses exigent du temps. Mais pas tant que ça, cette fois. Les gens ne mettront pas 100 ans pour réagir parce que Wall Street a abusé de sa position. Ils ont pénalisé trop de gens, surtout ceux issus de la classe moyenne qui croyaient autrefois dans Wall Street.


46 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté aujourd’hui aux États-Unis », lance Moore, visiblement indigné lui aussi. « C’est un crime, c’est immoral. Et ces types-là affichent un profit record cette année. »


Pour le moment, ils sont quelques centaines de personnes à essayer d’« occuper » Wall Street. Mais le mouvement pourrait bien gagner en ampleur. Invité à l’émission Countdown with Keith Olberman la semaine dernière, Michael Moore a appelé les Américains à travers le pays à reproduire le mouvement au sein de leurs propres communautés.

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