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Mon 11 septembre 2001

11 Septembre 2001. 8 heures 45.

Rituel quotidien. Je suis en train de finir de boire mon café en grillant une cigarette.  Je suis plus ou moins assis – ou débout, je ne sais pas très bien – sur un tabouret surélevé, couleur argent. Ma cuisine est ouverte sur le séjour. Et la télévision est allumée. Quelques jours plus tôt, j’ai accompagné mes deux enfants à leur rentrée scolaire. Leur premier jour à « la grande école ». Comme ils étaient fiers, leurs cartables neufs sur leur dos.

8 heures 46…

Si j’ose dire, j’ai raté le début. Je manœuvrais ma voiture dans l’allée de la maison. Alors que je revenais sur mes pas pour éteindre le téléviseur et ressortir par la terrasse de l’arrière cuisine, je suis stupéfait par les images que je découvre. Elles passent en boucle depuis quelques minutes mais je ne le sais pas encore. Je n’entends pas non plus tout de suite les commentaires du journaliste. L’appareil incliné fonce sur un immeuble, une tour. Il ne peut pas l’éviter. Il ne va pas l’éviter. C’est complètement dingue. Mon regard est comme aspiré par l’écran. Et, l’avion transperce littéralement le gratte ciel. Des boules de feu en jaillissent aussitôt. Une immense trainée noire commence à s’échapper des étages et apparaît dans le ciel azur. C’est une image incroyable. Je suis persuadé d’avoir vu la bande annonce d’un film catastrophe. Je suis debout, à moins de deux mètres du poste de TV et je reste scotché par la prouesse technique des effets spéciaux. Ca a l’air si réel. J’attends d’entendre le présentateur prononcer le titre du film. J’ai déjà envie d’aller le voir.

Le titre du film ne viendra jamais. L’instant d’après, mon cerveau m’ordonne d’enregistrer que la catastrophe est bien réelle. Mais, je peine à le croire. Pourtant, les images du crash du Boeing continuent de passer en boucle tandis que d’autres caméras filment le cauchemar en direct.

9 heures 03…

Je me souviens encore du visage incrédule et l’instant d’après pétrifié de l’homme filmé dans la rue, levant les yeux au ciel vers la tour sud du World Trade Center, au moment où le second appareil percuta les étages supérieures de l’immeuble. L’état de choc m’envahit. Je me rappelle ne pas avoir pu prononcer le moindre mot durant de longues secondes. Peut-être même durant 2 ou 3 minutes entières. Alors que je suis à plus 6 000 kilomètres, je reste tétanisé devant les images. Décomposé. Anéanti.  

9 heures 58…

Les images répétées comme à l’infini par les télévisions des crashs des deux appareils dans les tours du WTC s’imprimèrent définitivement dans ma mémoire à ce moment là. Le journaliste nous apprend qu’il s’agirait d’une attaque terroriste. L’espace aérien américain vient de fermer. Dans un fracas indescriptible mais comme si le film passait au ralenti, la première tour se désintègre littéralement sur elle-même. Au fur et à mesure de l’effondrement, un gigantesque nuage anthracite comme la vague géante d’un tsunami se répand à toute vitesse alentours. Il finit par envahir tout l’écran. C’est l’apocalypse à New York. En direct.

10 heures 28…

La tour jumelle s’effondre à son tour tel un château de cartes. C’est comme une éruption volcanique : des milliers de tonnes de gravats, de béton, de verre, de ciment, de meubles, d’êtres humains sont projetés dans toutes les directions autour du pied de l’immeuble. Les Twins Towers n’existent plus, pulvérisées, réduites en poussière à jamais. L’émotion me submerge comme si mon esprit, enfin, acceptait la réalité des faits. Je sens les battements de mon cœur s’accélérer. Les larmes me viennent lentement tandis que mes yeux fixent toujours l’écran de télévision.

Je sanglote plus fort. Et les images deviennent floues.

 

Bertienews – 11 septembre 2011 –

 

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