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Mortalité infantile… en progrès mais peut mieux faire

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Le Cap, Afrique du Sud. Les nouvelles estimations des Nations unies pour la mortalité infantile sont-elles bonnes ou mauvaises ?

Plutôt bonnes : la mortalité infantile continue de baisser en général.

Un peu mauvaises aussi : de fortes inégalités persistent entre les familles dans le monde, et les nouveau-nés profitent moins des progrès enregistrés que les enfants plus âgés. La réalité reste très dure : chaque année, 7,6 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent, et les causes de ces décès sont presque toujours évitables.

Quelles sont-elles ? Avant tout, une grande ignorance de ces petits gestes qui sauvent une vie. Pour que survive un prématuré, il suffit parfois d’apprendre à la mère à attacher son nouveau-né contre son propre corps, ce qui garde l’enfant au chaud et assure son allaitement.

Mais bien souvent, il n’y a tout simplement personne suffisamment formé pour procurer ces soins de base aux familles qui en ont le plus besoin. Les bébés et enfants meurent à cause du nombre insuffisant de travailleurs de la santé.

Il n’avait jamais pratiqué de césarienne

Je ne serais pas en vie aujourd’hui si deux travailleurs de la santé ne s’étaient pas battus pour ma vie en milieu rural, en Ouganda. Ma mère a mis 24 heures pour me mettre au monde, dans un hôpital de campagne privé d’eau et d’électricité.

La sage-femme a reconnu que sans une césarienne, la vie de ma mère et ma propre vie étaient en danger. Elle a donc trouvé un médecin qui avait déjà observé les gestes d’une césarienne mais qui n’en avait jamais pratiqué. Elle l’a convaincu d’opérer.

Presque 50 ans plus tard, l’on constate un progrès admirable dans de nombreuses régions du monde : le nombre annuel de morts infantiles a été abaissé de moitié.

Mais en 2010, à peu près 50 millions de femmes ont donné naissance sans la moindre assistance qualifiée. Et dans plus de 60 pays, le personnel de la santé, pourtant nécessaire pour assurer les services de santé de base, reste insuffisant.

Ces pays tombent tous en dessous du taux minimum de 23 docteurs, infirmiers et sages-femmes pour 10 000 habitants.

Revenus trop maigres, fuite des cerveaux

Presque tous les pays d’Afrique et d’Asie souffrent de ce manque, et c’est dans ces régions-là que la mortalité infantile progresse. Par contraste, on compte aux États-Unis 125 travailleurs de la santé pour 10 000 habitants. En Suisse, 200.

Dans les pays les plus pauvres, les maigres revenus et la fuite des cerveaux vers les régions les plus développées compliquent le recrutement et le déploiement de travailleurs très qualifiés, comme les médecins, là où ils manquent le plus.

Le personnel de santé est souvent concentré autour des grandes villes, mais la plupart des décès surviennent dans les régions rurales. Pourtant, les enfants, dans ces régions, ne sont pas condamnés à mourir. Il arrive même, au contraire, que certains pays qui manquent sérieusement de médecins, d’infirmiers et de sages-femmes soient ceux qui ont le plus réduit la mortalité infantile.

Le Népal, le Bengladesh et le Malawi sont trois exemples de pays très pauvres en passe d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement fixés par les Nations unies : réduire la mortalité infantile de deux tiers entre 1990 et 2015.

Un besoin urgent de soins de base

Beaucoup de pays sont loin du but. Mais au Népal, au Bengladesh et au Malawi, avec le soutien international, ont été formés et déployés un grand nombre de travailleurs de santé pour lutter contre les causes principales de la mortalité infantile.

Inutile d’être médecin pour diagnostiquer la pneumonie chez un enfant et lui dispenser les antibiotiques salvateurs pour 0,70 euro. Pas besoin d’être infirmier pour administrer un vaccin, pour aider au planning familial de répartition des naissances, pour distribuer des moustiquaires antimalaria, ou administrer une solution de réhydratation pour traiter la diarrhée. Une sage-femme n’est pas requise pour aider une femme enceinte à se nourrir de façon équilibrée ou à reconnaître des symptômes dangereux, signes qu’elle doit se rendre à l’établissement de santé le plus proche.

Ce sont pourtant ces soins de base qui permettraient d’éviter des millions de décès d’enfants. Ces soins pourraient même aboutir à un meilleur système de soin en général, en libérant les médecins et spécialistes plus qualifiés pour s’occuper de ce qu’eux seuls savent faire.

À New York, un coup de pouce des dirigeants ?

Les dirigeants du monde se rencontrent aux Nations unies cette semaine. Ils vont noter ce que certains pays ont accompli et s’engager concrètement à trouver des solutions au manque de travailleurs de santé dans d’autres pays.

Nous avons des raisons d’espérer : l’année dernière, ces mêmes dirigeants furent nombreux à adopter la ligne de conduite du secrétaire général Ban Ki-Moon, « chaque femme, chaque enfant », pour réduire les décès maternels et infantiles. Mais sans un personnel plus nombreux et mieux équipé, le miracle n’aura pas lieu.

Je fais partie des innombrables personnes qui doivent leur vie aux travailleurs de santé. Maintenant, il est temps que les dirigeants se battent pour les travailleurs de la santé eux-mêmes.

 

Joy Lawn

Global Post/Adaptation JF – JOL Press

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