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Pourquoi des autorités si désarmées face aux attentats ?

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New Dehli, Inde. Quelques heures seulement après l’explosion effroyable qui a tué 11 personnes et blessé des douzaines d’autres, la ville chancelle encore.

Mais l’opinion publique ne se tourne pas seulement vers les victimes. Ainsi, lorsque Rahul Gandhi, leader du Parti du Congrès, a tenté d’aller rendre visite aux victimes dans un hôpital, une colère a éclaté spontanément.

 

19 attentats en 15 ans

Pourquoi ? L’attentat du 7 septembre est le dix-neuvième en quinze ans à frapper la capitale indienne. Pourtant, malgré de nombreux remaniements, ni le gouvernement actuel du Parti du Congrès ni ses prédécesseurs du Parti Bharatiya Janata n’ont pris de mesures efficaces pour améliorer la sécurité intérieure du pays.

Au lieu de quoi, « on a mis beaucoup de symbolisme dans la création de certaines méta-institutions qui n’ont absolument aucune utilité », explique Ajai Sahni, directeur de l’Institut du management des conflits, à New Delhi.

Le bilan n’est guère plus positif pour Kishalay Bhattacharjee, spécialiste en sécurité interne à l’Institut d’études et d’analyse de la défense : « Malgré tous nos soucis de sécurité durant les années 1960, nous n’avons toujours pas de politique de contre-insurrection. Nous n’avons pas de politique antiterroriste. En conséquence, toutes les décisions sont prises au coup par coup. Elles sont improvisées et servent souvent à apaiser les peurs ou calmer la colère du moment, puis le gouvernement revient au mode passif. »

 

Une opinion publique à bout de nerfs

À 10 h 17, mercredi 7 septembre, un explosif fabriqué à base de nitrate d’ammonium a été déclenché parmi la foule assemblée devant la Cour suprême à New Delhi.

Apparemment dissimulée dans une valise, la bombe a généré une puissante explosion qui a tué plusieurs personnes sur le coup et infligé des lacérations à plusieurs autres. Le soir même, 11 victimes avaient succombé à leurs blessures. On compte plus de 70 blessés.

Chaque homme politique de renommée en Inde et plusieurs personnalités étrangères ont exprimé leur horreur. Ils ont tous parlé de « solidarité » avec le gouvernement au milieu de la crise. Mais quand Rahul Gandhi est arrivé à l’hôpital Ram Manohar Lohia, où les victimes se faisaient soigner, des groupes de gens furieux ont commencé à vociférer, à exiger qu’il « rentre chez lui », selon l’India’s Economic Times.

Gandhi était venu en représentant du gouvernement ou des pouvoirs publics : la colère, pourtant, n’en est que plus palpable, et justifiée. Selon les experts, depuis l’attaque sur le Parlement en 2001 jusqu’aux attentats de Bombay en 2008, les institutions indiennes chargées de la sécurité intérieure ont toujours répondu de la même façon : blabla. Elles publient quelques documents. Ou créent une nouvelle agence de renseignements. Mais, dans la rue, là où la politique du gouvernement devrait avoir un impact, rien ne change.

 

Les experts montent au créneau

« Oubliez le service de renseignement, se lance Bhattacharjee. L’infrastructure de sécurité et de surveillance de base ne fonctionne pas dans notre région. Si vous allez au centre commercial ou au cinéma, il y a bien des détecteurs de métaux, mais la moitié du temps ils sont hors service. »

« Dans le cas actuel, les services de renseignements indiens avaient transmis des informations sur une possible attaque terroriste à la police de New Delhi. Pourtant, les informations n’étaient pas suffisamment spécifiques pour mettre sur pied un plan d’action. Et il est là, le problème. La police est le maillon faible dans notre façon de gérer la sécurité », poursuit Bhattacharjee. « Pour que le système fonctionne, la police doit être l’agent le plus important, car ni l’armée ni les paramilitaires ne sont sur le coup. »

 

Des réformes stériles

l’Inde a continuellement évité les réformes de base, au profit d’une multiplication d’acronymes stylés et de fantaisies de toutes sortes. L’Agence nationale d’investigation (ANI), par exemple, a été créée pour éliminer la perte d’information, pour coordonner le renseignement. Le Centre national du contre-terrorisme (CNCT) a eu pour mission… plus ou moins la même chose. Et puis voilà le Réseau de renseignement national – ouvert le 1er septembre – qui devrait rassembler tous ces rassemblements de renseignements rassemblés en une base de données centrale ! Mais l’obstacle en Inde n’est pas que le pays possède trop d’information, ou qu’il est trop désorganisé, nous dit Sahni. « La réalité, c’est que nous avons des flux très lents d’information sur le terrain. »

Le gouvernement a-t-il vraiment « tout faux » ? Peut-être pas : la mesure la plus efficace introduite ces dernières est la création d’une base de données, le Système de réseau de pistage criminel (SRPC). Mais pour Sahni, la façon dont elle a été conçue garantit peu ou prou sa défaillance. « Ce n’est pas la peine de créer ce centre informatique gigantesque à Delhi sans… au moins un ordinateur et un homme pour s’en occuper dans chaque commissariat »…

« Nous essayons de régler les difficultés par le haut, alors que nous devrions améliorer le système par le bas. »

 

Global Post / Adaptation Jack Fereday-JOL Press

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