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Tourisme sexuel contre féministes

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Expatriés + sexe = sexpats

Pendant les premières soirées d’été, on peut les repérer, individuellement ou en groupe : ces étrangers, des hommes de tout âge et de toute nationalité, venus d’ex-URSS, d’Europe, d’Amérique du Nord, du Moyen-Orient et d’Afrique. Ils sont à Kiev, assis aux terrasses des cafés qui animent les rues du centre-ville, ou autour de la place de l’Indépendance, rassemblés comme des escadrons de guérilla. Et la nuit, ils font le bonheur des discothèques, des restaurants et des bars. Certains étudient et travaillent ici. D’autres sont venus découvrir l’architecture, l’histoire et les fascinants musées de cette capitale de l’est européen. Beaucoup, cependant, ont une arrière-pensée moins honorable : rencontrer des femmes. Le plus possible…

C’est ce qu’on appelle le tourisme sexuel des adeptes du « sex pats », jeu de mot avec « expat », expatrié mâtiné de sexe ! Le phénomène est bien trop fréquent dans le monde, y compris en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique. Mais il semble qu’il soit ancré dans l’ancien bloc de l’Est comme une indirecte vengeance des Occidentaux.

 

Un tourisme surtout sexuel

Riga, Prague, la Cracovie… autant de pays envahis à coups de norias aériennes favorisées par le low cost des compagnies comme l’irlandais RyanAir. Les hommes sont attirés par ces régions où ils sont persuadés que la drague « marche » bien mieux que chez eux. Pourquoi ? Parce qu’ils s’imaginent que les filles y ont une attitude plus libérée, qu’elles ont un faible pour « l’étranger » ou que les difficultés économiques du coin vont leur faciliter les choses. Et puis, parfaitement anonymes, ils pourront, pensent-ils, se montrer aussi grossiers qu’ils le souhaitent.

 

L’Ukraine, où les femmes sont fières de leur beauté et de leur féminité, est devenu l’une des destinations les plus populaires. « Quel est le pays aux femmes les plus séduisantes ? » est l’une des questions les plus appréciées des hommes et des femmes confondus Malheur à vous si vous ne répondez pas « l’Ukraine » : vous susciterez au mieux la déception, au pire l’indignation. Les jeunes gens en rut qui sillonnent les autres villes d’Europe en hordes turbulentes, ivres – et souvent britanniques –, qui accostent les nanas du coin et s’exhibent à l’occasion, n’ont pas débarqué ici, heureusement. Mais d’autres groupes, si.

 

Des abus prévisibles

Pour beaucoup, l’objectif est assez simple : trouver une petite amie, voire une épouse. Les sites Internet de rencontre occidentaux où s’alignent des noms féminins à consonance ukrainienne sont devenus des vaches à lait à millions, sinon à milliards. Mais la démarche s’assimile souvent à une simple envie de sexe facile – souvent via des agences matrimoniales sont les hommes détournent les services pour rencontrer et coucher avec le plus de femmes possible pendant leur court séjour.

Sans surprise, la prostitution semble bel et bien avoir explosé et traîne dans son sillage pas mal d’avanies. Selon une étude de l’International HIV/AIDS Alliance en Ukraine, le pays aligne l’un des taux de VIH les plus élevés d’Europe, et pour la première fois, l’année dernière, les infections par voie sexuelle ont dépassé la contamination par les seringues des junkies. La traite des êtres humains pour le commerce du sexe reste une tragédie chronique, même si aucun chiffre officiel n’existe pour savoir si elle est réellement en hausse ou seulement constante.

Anna Hutsol, de l’organisation Femen, veut changer le système. Pendant un an, son groupe d’activistes et elle ont mené une série de démonstrations « tape-à-l’œil », par exemple en paradant autour de la ville dans des vêtements minimalistes provocateurs pour attirer l’attention, puis en distribuant des tracts aux hommes expatriés pour les informer que la prostitution, entre autres, est illégale en Ukraine.

 

GlobalPost/Adaptation Marguerite Laferrère – JOL Press

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