Site icon La Revue Internationale

Vers une confrontation violente ?

capture_decran_2011-09-09_a_12.14.08.pngcapture_decran_2011-09-09_a_12.14.08.png

Sanaa, Yémen. Se souvient-on du Yémen ?

Avec Kadhafi toujours en fuite et la violente répression en Syrie, il est facile d’oublier le mouvement de protestation au Yémen. Peut-être parce qu’il ne semble pas réaliser beaucoup de progrès.

Des milliers de Yéménites continuent de manifester contre le régime du président Ali Abdullah Saleh. Plus de sept mois après leur première manifestation, leurs tentes se sont répandues partout dans les villes du Yémen.

Mais Saleh, même s’il demeure en Arabie Saoudite, est toujours au pouvoir, et son parti a manqué une seconde fois l’occasion de transférer le pouvoir au vice-président.

 

L’exemple libyen

Du côté des manifestants, la frustration monte – et certains, inspirés par la chute de Tripoli et le triomphe des rebelles libyens, envisagent une approche plus militariste.

« Nous avons vu ce qui s’est passé en Libye et nous nous sommes plaints de notre sort », dit Nader Abdullah, place du Changement. Nader est un manifestant qui travaille pour les médias. « Nous avons toujours dit que notre révolution serait pacifique. Et c’est ça, le problème. »

Son sentiment est de plus en plus partagé : « Nous en sommes aux derniers jours de la protestation. Maintenant, il doit se passer quelque chose. Nous sommes tellement fatigués et frustrés », menace Mohammad Hassan, un manifestant qui vit sur la place du Changement depuis quatre mois. Partout sur la place, peint sur les murs et les tentes, s’étale le drapeau tricolore du Conseil national de transition libyen. L’exemple. Un symbole fort. Et comme les rebelles libyens, certains des manifestants voudraient désormais se confronter aux forces loyalistes à travers le pays.

Dimanche 4 septembre, lorsque les leaders de l’opposition ont réussi à prendre la tête d’une manifestation pour la maintenir à l’intérieur d’un cordon de sécurité, certains protestataires ont laissé éclater leur colère : l’épreuve de force était impossible. « Or nous en avons besoin ! », s’énerve un contestataire en simulant par sa gestuelle le tir d’une mitraillette.

Tandis que la marche pacifique des manifestants tournait autour de la place, un petit groupe de protestataires a pris les choses en mains : ils se sont séparés de la foule et ont commencé à s’approcher de la maison du vice-président, Abd Rabo Mansur Hadi, gardée par les loyalistes. À peine s’étaient-ils approchés du domicile que les gardes ont tiré sur quatre d’entre eux.

 

Vers une confrontation ?

Les représentants des partis de l’opposition, qui ont formé une coalition, ont déclaré leur détermination à éviter toute violence ou guerre civile. Le parti le plus important de l’opposition, Islah, dirige désormais une grande partie des activités quotidiennes de la place du Changement – activités financées par Hamid Al-Ahmar, homme d’affaires milliardaire, chef de tribu et leader du parti Islah.

Mais face au pacifisme de l’opposition, les protestataires perdent patience. L’opposition, disent-ils, en les privant de chocs avec les forces de sécurité, affaiblit la pression de leurs demandes. Au lieu d’affrontements, ils se sont vus escorter par des ambulances.

« Nous nous attendions à voir de nombreux morts aujourd’hui », laisse tomber, cynique, Khalid Al-Awami, l’un des manifestants prêts à en découdre. « Comment allons-nous mettre la pression sur le régime si nous ne quittons pas cette place ? La coalition de l’opposition contient cette révolution, dans une lâche tentative de sauver des vies. Si nous voulons réussir, nous devons être prêts à mourir. »

 

 

Global Post/Adaptation Jack Fereday – JOL Press

Quitter la version mobile