Site icon La Revue Internationale

7 mois après le séisme, un autre regard sur la vie…

[image:1,l]

Des gestes du quotidien aux comportements commerciaux, des tendances sociales aux valeurs communes tout prend une forme nouvelle. Certains parlent même d’une nouvelle conscience. « C’est peut-être le début d’une nouvelle ère au Japon », confie Mark Dytham, un architecte installé à Tokyo. « Avant le séisme, le pays stagnait sous nombre d’aspects. Il y avait un réel manque de sens […] Maintenant, existe un regain d’énergie que nous ne soupçonnions pas. Des changements apparaissent. »

Des liens humains se tissent

« Les Japonais, surtout les jeunes, ont découvert une partie d’eux-mêmes qu’ils ne connaissaient pas. » Mariko Fujiwara est consultante chez Hakuhodo Institute of Life and Leaving. Son agence a récemment pointé du doigt un « développement de la responsabilité personnelle » et un « désir de contribuer à la construction de la société », apparu après le séisme.

« Le nouvel élément frappant, c’est la solidarité dont fait montre désormais la population. Avant, on a remarqué que les Japonais n’avaient pas le sens de la solidarité, ils donnaient moins de temps à la société et moins d’argent aux œuvres de charité que les Occidentaux. Depuis, le bénévolat est véritablement revenu à la mode. »

River Furuta, 34 ans, s’est tournée vers l’humanitaire tout de suite après le séisme. Elle est maintenant chef de projet pour l’association Hands on Tokyo, une œuvre de charité créée après le séisme. « Il faut aller à Tohoku pour vraiment comprendre les conséquences dramatiques que le tsunami a laissées derrière lui. Ce que vous voyez là-bas est suffisant pour insuffler le besoin de changement chez quelqu’un. Quand je suis revenue chez moi après deux jours de volontariat, j’ai immédiatement voulu retourner sur place, pour aider. »

Furuta constate ce même changement chez ses compatriotes.

« Je pense que la jeune génération est plus active et a vraiment compris le sens de la relation humaine, de la famille, des amis, collègues, etc. Ce que nous ne pouvons pas faire tout seul, nous le pouvons à plusieurs. La catastrophe a réellement agi comme un filtre, stimulant les priorités de chacun. »

D’amour et de poésie

L’amour et la religion reviennent aussi à la mode. Une forte augmentation de la fréquentation des lieux de culte a été enregistrée après le séisme.

Les mariages sont en outre en pleine croissance. L’agence de rencontre Marry Me a affirmé que les inscriptions sur leur site avaient augmenté de 30 % depuis le mois d’avril. Cette augmentation est encore plus significative dans les environs de Fukushima. Autre constat dans les librairies, les livres consacrés au bouddhisme, à la vie de famille et même à la poésie ont remplacé aux caisses les ouvrages d’économie et de finances.

Un Japon avide de richesses

Cependant, le matérialisme n’a pas complètement disparu.

Après une période de deuil, les Japonais ont tout de même repris peu à peu goût au luxe. « Les ventes de champagne ont considérablement augmenté ces derniers temps », selon une marque installée à Tokyo.

Et pendant que le reste du monde achète de l’or à un rythme effréné, avec effet à la hausse sur son prix, les Japonais vendent tout ce qu’ils peuvent. Une vraie volonté de profiter de la vie. Pour certains, le séisme semble avoir infusé l’idée qu’il n’y a pas de temps à perdre ni à gâcher.

« Certains Japonais plus âgés qui avaient amassé de l’or chez eux, parfois oublié dans un coin de leur maison, ont le désir maintenant de le vendre pour en profiter », selon Midori Abe, vendeur d’or indépendant à Tokyo. « Ils dépensent l’argent qu’ils ont échangé contre leur or en voyages ou en restaurants 5 étoiles. »

Le retour aux cellules de base de la société

D’autres changements significatifs sont apparus dans les nouvelles méthodes de travail des Japonais. Le télétravail, par exemple, fait son apparition.

NTT, la plus grande entreprise de télécommunications japonaise, a constaté une nette augmentation des demandes de ses salariés pour travailler de chez eux depuis le séisme.« La demande d’accès aux outils à distance était limitée dans la mesure où tous les salariés trouvaient plus simple de venir travailler dans l’entreprise. Après le séisme, les sociétés ont été plus désireuses de fournir ces outils à leurs employés. »

Des services d’aide au télétravail offrent désormais aux employés de se connecter au système informatique de leur entreprise, d’envoyer des emails en toute sécurité depuis l’adresse de leur société et d’utiliser de chez eux les logiciels de leur entreprise. Des systèmes de vidéoconférences sont aussi mis en place. Un changement radical pour un pays dans lequel les entreprises laissaient rarement les salariés utiliser leur ordinateur en dehors de l’entreprise.

Des grandes tragédies induisent parfois de profonds changements.

 

Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

Quitter la version mobile