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À Syrte, un massacre signé Mouatassim Kadhafi

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Découverte macabre

Les corps ont été découverts dans quatre endroits séparés, derrière la maison du fils de l’ancien leader libyen. Certains avaient été alignés le long d’une clôture puis exécutés. D’autres se trouvaient dans un champ, au milieu du bétail. C’est l’odeur insupportable des corps en décomposition qui a attiré l’attention des insurgés. « Il y a 42 morts », affirme Nabeel Alghoail, médecin volontaire, à la tête d’une petite équipe de quatre personnes, avec laquelle il s’est chargé d’examiner les corps. « Ils ont tiré plusieurs fois sur chaque personne, tous étaient des civils. »

Un peu plus loin, les corps gisaient toujours à terre, des tirs fusaient au-dessus d’eux. La bataille, qui a continué jusque dans la soirée, interdisait d’accéder jusqu’à eux. Tous étaient des hommes, vraisemblablement âgés de 20 à 40 ans et attachés aux poignets par les liens en plastique. Yusef Haddaga fait partie du groupe qui a découvert les corps, il témoigne : « Il était à peu près 14 heures, nous avancions dans le centre de Syrte, c’est là que nous les avons vus. » Parmi tous ces hommes, il a reconnu un ingénieur de Misrata. Certains pensent que ces hommes avaient été capturés par les troupes de Kadhafi quelques mois plus tôt, mais aucune identification précise n’a été possible pour le moment.

Mouatassim Kadhafi dirigeait son unité d’élite

[image:2,s]Selon des habitants de Syrte, Mouatassim Kadhafi s’était exprimé publiquement lors de la chute de Tripoli, appelant les Libyens à prendre les armes contre les rebelles et fournissant des armes aux familles. Né en 1975, médecin et militaire de carrière, Mouatassim a été formé par des officiers égyptiens. En 2007, son père l’avait promu à la tête du Conseil de sécurité nationale. À ce titre, il dirigeait sa propre unité d’élite. Avant le début de la révolte, il était le principal concurrent de Seif Al-Islam, un autre fils de Kadhafi, pour succéder au leader libyen. Des responsables du CNT avaient indiqué à plusieurs reprises qu’ils soupçonnaient Mouatassim Kadhafi de s’être enfermé dans Syrte. Dès la mi-septembre, des combattants sur le front s’étaient déclarés certains que Mouatassim Kadhafi, se trouvait dans la ville.

Une prison secrète dans l’hôpital

[image:3,s]35 autres corps auraient également été retrouvés dans un hôpital de Syrte. « Ce ne sont pas les corps des patients, je suis sûr que ce sont des combattants », prétend Hesham Alhooni, chirurgien pédiatrique à Tripoli qui soigne les patients enfermés dans l’hôpital depuis deux jours. « Nous les avons trouvés enfermés, certains étaient attachés », précise-t-il.

Vendredi, un fidèle de Kadhafi capturé par les troupes révolutionnaires confirmait en effet qu’une partie de l’hôpital avait servi de prison secrète. Hesham Alhooni a affirmé que ces hommes avaient été tués quelque temps auparavant. À l’extérieur de l’hôpital, d’autres corps ont aussi été retrouvés, exécutés, les mains liées dans le dos. Le médecin décrit une scène épouvantable : « Le bâtiment a été quasiment détruit. Il y avait les corps des patients, même un petit bébé, mort juste avant qu’on ne puisse accéder dans l’enceinte de l’hôpital, parce qu’il n’y avait aucun médecin à l’intérieur. » 55 patients sont aujourd’hui encore enfermés dans l’hôpital. Les cas les plus graves ont maintenant été transférés à Tripoli par la Croix-Rouge. Une équipe de vingt médecins, est arrivée pour soigner le reste des patients.

[image:4,s]Syrte bientôt libérée

Pendant ce temps, une bataille désordonnée continue dans la ville. Les troupes attaquent par trois points espacés. L’ennemi semblait avoir disparu lorsque des tirs ont éclaté. Après trois heures, les combats ont commencé à s’organiser. La lutte reprend alors sur trois fronts différents, contre une force de, semble-t-il, un millier d’hommes.

Pour le moment, la bataille a fait 6 morts et 75 blessés.

 

Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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