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« Ayez peur » : l’économie mondiale au fond du trou… noir?

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L’espace infini à la une de The Economist, cette semaine. Pourtant, la rédaction de l’hebdomadaire économique et politique britannique de référence n’a pas la tête à la rêvasserie et, les pieds fermement plantés sur Terre, c’est un cri d’alarme qu’elle lance. Au milieu de la couverture et de ses constellations d’étoiles, blanches sur fond bleu, un trou noir. Le symbole est frappant et le message direct : sur ce cercle parfait, en lettres rouges, on peut lire « Be Afraid », « Ayez peur ».

Au fond du trou… noir

Toutes les études le montrent, le monde a peur. Depuis trois ans, sauf à vivre sur une autre planète, nombreux sont ceux qui craignent que ce monde tel que nous le connaissons, libéral et démocratique, globalisé, en proie à la crise économique mondiale, aille droit dans le mur. Mais « se prendre un mur », à condition de faire en sorte de ne pas le heurter trop violemment, on peut espérer s’en remettre. Passé le KO, on se relève. Mais, « Ayez peur », estime le magazine, car c’est pire ! Ce n’est pas vers un mur que se dirige l’économie mondiale mais vers un trou noir, le néant scientifiquement…

La faute aux responsables politiques…

Pourtant, la situation ne saurait être aussi désespérée que l’image pourrait le laisser penser. S’il y a des raisons tangibles d’avoir peur, ce n’est que tant que les politiques ne font pas véritablement quelque chose d’utile et efficace pour l’économie mondiale : « Until politicians actually do something about the world economy… » À première vue, on comprend le message de The Economist comme un violent réquisitoire, dirigé contre les politiques, responsables de cette situation. Cible privilégiée, les Européens, et avant tout ceux de la zone euro, « manquant de conviction et de courage ». Ni l’administration américaine ni les gouvernements de pays émergents ne sortent blanchis par ce jugement. Le respectable The Economist rejoindrait donc à son tour le chœur des procureurs aux airs de « Y’a qu’à… faut qu’on »… 

Le néant n’est pas une fatalité

Pas totalement. D’abord, l’auteur décerne un satisfecit à la gestion par ces mêmes responsables de la première étape de la crise, celle qui suivit directement l’effondrement de Lehman Brothers. Ensuite, il identifie les raisons de ce défaut des politiques : d’abord, leur choix « obsessionnel » de l’austérité fiscale et budgétaire à court terme ; ensuite, l’incapacité de tous, au pouvoir comme dans l’opposition, à dire la vérité aux électeurs, par peur d’une sanction immédiate.

Pourtant, « Until politicians actually do something », c’est bien à eux, aux dirigeants politiques, d’agir… fut-ce à grand renfort de sang, de sueur et de larmes. The Economist ne tombe pas dans le populisme révolutionnaire et ses cassandre conservent des raisons d’espérer.

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