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Faut-il encore avoir peur du téléphone portable ?

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Le téléphone portable nous grille-t-il les neurones, oui ou non ? Le nombre d’études menées sur le sujet et acceptées par les publications scientifiques les plus prestigieuses devient difficile à comptabiliser. Aucune ne donne de réponse claire sur la base d’une méthodologie incontestable.


[image:2,l] Au mois de mai, c’est le Centre international de recherche sur le cancer [le CIRC : avouez que ça ne s’invente pas !] qui, après avoir compilé des centaines et des centaines de travaux dans une méta-analyse d’ampleur exceptionnelle, concluait… qu’on ne pouvait pas conclure.


Jusqu’à vendredi et la publication par le British Medical Journal d’une énième étude, le message officiel des autorités sanitaires était en quelque sorte : « On n’est sûr de rien, mais dans le doute, faites gaffe. » (traduction non littérale mais assez fidèle).


Depuis ce week-end, donc, changement de ton : « Il n’y a pas plus de cancers dus au téléphone portable que de beurre en broche. » (traduction libre, mais parfaitement exacte).


Des tumeurs en proportions égales entre abonnés au GSM et les autres


Sur le papier, tout le monde est rassuré. Pensez : une étude menée pendant plus de 13 ans sur 358 403 personnes par une équipe de scientifiques danois qui ne passent pas pour des rigolos ! Certes, on a bien diagnostiqué quelques tumeurs du système nerveux central par-ci par-là, mais en proportions égales entre les abonnés au GSM et les autres.


Donc, affaire classée, on passe à autre chose, on peut enfin se concentrer sur les vrais dossiers de santé publique, le bisphénol A dans les canettes de Coca zéro surtaxé ou le dépistage systématique du cancer de la prostate chez les retraités corréziens anosognosiques…


Malheureux : on le sait depuis toujours. Dans toute étude, il y a un biais. Mais, dans celle-ci, ce n’est plus un biais, c’est un loup !


5 milliards d’utilisateurs de portables, 7 milliards d’habitants sur la planète


Les auteurs de l’étude ont d’abord choisi de ne pas tenir compte de l’intensité d’utilisation du portable : 1 heure par mois ou 1 heure par jour, même combat, même absence d’effets sur nos neurones ?


Après tout, si les tumeurs ne sont pas plus nombreuses chez les abonnés que chez les non-abonnés, la démonstration d’innocuité n’en est que plus probante.


Mais on s’aperçoit que l’étude ne considère comme utilisateurs que les abonnés individuels, alors que ceux dont le téléphone portable est fourni par l’entreprise – a priori pourtant de gros consommateurs – sont rangés parmi les non-abonnés. C’est ballot. [image:1,s]


Reste que le téléphone portable compte désormais plus de 5 milliards d’utilisateurs au moment même où notre planète connectée passe le cap des 7 milliards d’habitants. En majorité, donc, appelés à répondre sans crainte des gliomes et des méningiomes à la question universelle : « T’es où, là ? »


> Lire aussi notre article sur les dangers du téléphone portable

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