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Herman Cain, la réponse des ultraconservateurs à Obama ?

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Une jeunesse « pauvre », mais heureuse


Herman Cain est né à Memphis, Tennessee, le 13 décembre 1945. Avec ses parents Lenora et Luther Cain, il grandit au sein de la communauté afro-américaine d’Atlanta en Géorgie. Sa jeunesse ne le prédestinait pas à entrer en politique.
Sa mère est femme de ménage et son père, chauffeur, cumule jusqu’à trois emplois pour subvenir aux besoins de sa famille et remplir les deux objectifs qu’il a fixés à sa vie : être le propriétaire de sa maison et voir ses deux fils diplômés.
Lycéen particulièrement doué en mathématiques, Herman Cain entre à l’université de Purdue et finance ses études en travaillant pour le département balistique de la marine américaine.


Un « self made man » à l’américaine


[image:2,s]Fraîchement diplômé, il quitte la marine et rejoint le groupe Coca-Cola. Petit coup de pouce du destin, une relation familiale : Luther Cain, son père, a été le chauffeur de Robert Woodruff, le président de Coca-Cola. En 1977, il rejoint l’entreprise Pillsbury, toujours dans l’industrie agro-alimentaire, et se retrouve très vite à la tête de 400 restaurants Burger King dans la région de Philadelphie. Il devient par la suite PDG de Godfather’s Pizza, autre enseigne de la même compagnie. De cet épisode biographique, il tire le surnom dont l’ont affublé ses adversaires : le « pizzaiolo ».


Un « pizzaiolo » en politique


En 1995, cet homme d’affaires change radicalement de voie, devient président de la Banque fédérale de la réserve de Kansas City. Il démissionne de ses fonctions en août 1996 pour se lancer en politique, et il devient un des principaux conseillers économiques de Robert Dole, challenger malheureux de Bill Clinton lors de la présidentielle de 1996. À l’approche de l’élection de 2000, Herman Cain envisage déjà de se présenter aux primaires républicaines. Un petit tour de piste et puis s’en va, tant paraît imbattable le rouleau-compresseur George W. Bush. Il aspire ensuite à représenter la Géorgie au Sénat américain, mais ne parvient pas à décrocher l’investiture républicaine en vue des élections de 2004. Partie remise, espère-t-il.


Une voix qui porte à la droite de la droite


Herman Cain s’impose progressivement comme une voix qui porte au sein de la droite conservatrice. Il devient éditorialiste, commentateur sur la chaîne Fox Business, et présente, jusqu’en juillet 2011, sur une radio de l’État de Géorgie, son propre talk-show, le bien-nommé « Herman Cain Show ». En 2010, il participe à plus de 40 réunions à l’invitation de membres du « Tea Party ». La droite conservatrice et populiste promet de faire souffler un vent nouveau sur la scène politique américaine. Après Sarah Palin, ex-gouverneur d’Alaska, candidate au poste de vice-président aux côtés de John McCain lors de l’élection de 2008, ses membres tombent sous le charme d’Herman Cain, figure paternelle, charismatique… et puis Cain est un Noir. Le 21 mai 2011, il se déclare candidat à l’investiture républicaine.


Un bon père de famille


Le parcours d’Herman Cain offre un modèle dans lequel une certaine Amérique, provinciale, farouchement conservatrice, voire réactionnaire, est en mesure de se reconnaître. Il est, à sa manière, le parfait exemple du rêve américain mesuré et des effets de la lutte pour les droits civils. Bon père de famille, il est marié depuis 1968 avec Gloria Etchinson, femme au foyer et bibliothécaire bénévole. Ensemble, en 43 ans de mariage, ils ont eu deux enfants et trois petits-enfants.


Les réflexes islamophobes de ce baptiste pratiquant


[image:3,s]La religion tient une place importante dans la vie d’Herman Cain. Il a d’ailleurs lors de ses discours des airs de prédicateur. Membre actif de son église locale, il chante aussi le gospel. Très croyant, il explique que s’il est candidat, c’est parce que Dieu le lui a commandé. Son Dieu à lui n’est pas seulement de miséricorde…
Herman Cain ne porte pas les musulmans dans son cœur, et il ne rate jamais une occasion de les critiquer. En 2006, alors qu’on lui diagnostique un cancer du colon et du foie – dont il est désormais guéri -, il raconte s’être senti « mal à l’aise » quand il a découvert que son chirurgien était musulman.
Il s’est également opposé à la création d’un centre islamique dans le Tennessee, expliquant qu’il s’agissait-là « d’une atteinte et d’un abus à la liberté vis-à-vis de la religion chrétienne ». Interrogé sur ses propos discriminatoires, il répond sans gêne aucune : « Je préfère être trop prudent avec des gens qui pourraient être des terroristes ». Fin mars 2011, il a clairement annoncé qu’il ne voulait pas de musulmans dans son gouvernement.
Un tel positionnement ne laisserait rien présager de bon quant à l’évolution du Proche-Orient et la recherche d’une solution pacifique entre Israël et les Palestiniens.


Ses positions extrêmes inquiètent jusque dans son parti


Il soutient l’idée d’un plan de relance qui ne soit pas financé par les caisses fédérales. Il critique l’inefficacité des mesures fiscales annoncées par Barack Obama avec l’argument selon lequel il se contenterait de faire grimper la pression fiscale sans veiller à l’efficacité des mesures. Ses conseillers proposaient d’appeler sa politique fiscale la « politique optimale », il a opté pour 9-9-9. Son plan substituerait le code fiscal actuel par un impôt sur le revenu de 9 %, une taxe sur les transactions d’affaires de 9 % et une taxe sur la valeur ajoutée fédérale de 9 %.
Son positionnement, très radical, inquiète, y compris un certain nombre des membres de son parti. 


Des provocations sans faire gaffe ?


[image:4,s]Lors d’une récente interview sur le Christian Broadcasting Network, interrogé sur la politique étrangère, il lance : « Quand on va me demander qui est le président de Ubeki-beki-beki-beki-stan-stan, je leur dirai : vous savez quoi ? Je ne sais pas. Vous le savez, vous ? Et ensuite, je dirai : en quoi cela va-t-il créer ne serait-ce qu’un emploi ? » Lors d’un meeting récent, dans le Tennessee, il aurait déclaré qu’il était partisan de l’installation d’une barrière électrifiée de 6 mètres de haut tout le long de la frontière américano-mexicaine et qu’il faudrait de grands panneaux, prévenant, pour dissuader, du danger de mort à s’en approcher. Deux jours après, sur NBC, il se rétracte, précisant que c’était une blague et qu’il avait aussi dit que les Américains devaient avoir le sens de l’humour.


Herman Cain joue-t-il un drôle de jeu ?


Pour certains analystes, toutes ces extravagances renforcent leurs soupçons personnels sur le sérieux de la candidature Cain. Celle-ci aurait surtout pour objectif de montrer que les Noirs ont aussi leur place au sein du Parti républicain, de suggérer ainsi que les attaques contre Barack Obama n’ont rien de raciste et de priver le président sortant de quelques voix au sein de la communauté afro-américaine.
Mais une élection réserve parfois des surprises. Et même dans une primaire républicaine, c’est parfois le candidat le plus sympathique qui l’emporte. Et, Herman Cain fait de son mieux pour donner de lui l’image d’un candidat sympa et normal… 


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