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La presse, l’élection présidentielle et l’État

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La Fédération de la presse magazine régionale (FPMR) vient de publier ses propositions formulées à destination des candidats à l’élection présidentielle. À quelques mois de l’échéance, on peut parier que d’autres s’en saisiront également et tenteront d’obtenir des engagements.


On peut s’interroger sur ces premières demandes, largement tournées vers l’intervention publique, la première est même la création d’un large ministère de la Communication et des Libertés. La FMPR s’inscrit dans le droit fil de cette longue tradition de la presse française : l’appel à la puissance publique pour surmonter ses propres difficultés.


L’État au secours de la presse française


L’État a en effet déployé une batterie d’aides, toujours plus large le temps passant, afin de soutenir les titres le plus faibles économiquement et de garantir la fameuse pluralité liée directement à l’exercice de la démocratie dans l’esprit du législateur. Le principe est sans doute compréhensible.


Et les sommes en jeu sont importantes, on en connaît plus précisément le montant… depuis 2010 seulement et la publication du rapport Cardoso, qui chiffre à 1 milliard l’ensemble des interventions de l’État en faveur de la presse (12 % de son chiffre d’affaires !) dont 600 millions d’euros d’aides directes.


Les sujets d’étonnement ne manquent pas


Premier des étonnements, qu’il ait fallu attendre 2010 et ce rapport écrit par un ancien président d’Arthur Andersen, non-spécialiste de la presse, pour avoir une vision complète des aides de l’État ! Un bon 40 % de ces aides sont en réalité des exonérations (taxe professionnelle, TVA réduite, tarifs postaux réduits) ou des aides indirectes, comme le financement des plans de réduction de coûts dans les imprimeries de presse.


Les véritables aides « motrices » qui soutiennent les groupes ou les aident à se moderniser représentent moins de 10 % du total, à peine plus que les aides au portage. L’effet direct de l’intervention de l’État reste assez réduit et pas toujours bien orienté. Il peut tenir des discours martiaux, la profession peut l’appeler au secours, mais, en réalité, son pouvoir est davantage réglementaire que financier
De plus, il a tendance à intervenir avec une vision court terme : mathématiquement, on compte bien peu d’aides de l’État réellement destinées à aider la presse à prendre son destin en main et à se préparer aux temps futurs.


Le portage, par exemple, un peu délicat à comprendre pour le profane (le portage concurrence aussi bien La Poste que Presstalis… et quel rôle vient y jouer l’État ?), vient d’être quasiment abandonné par La Poste que le gouvernement avait chargée de développer.


Comme l’écrit, cruellement (et avec un brin d’emportement), E. Schwartzenberg : « Toutes les aides sont conçues, de façon négative, pour pallier une mauvaise gestion ou financer un plan social. Aucune n’est conçue de façon positive, pour financer un nouveau projet, un journal, un supplément, un site Internet. »

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