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La reine Élisabeth II en visite officielle en Australie

La question que tout le monde se pose : cette visite sera-t-elle la dernière de la reine ? C’est une question justifiée compte tenu de l’âge avancé de la souveraine (85 ans) et de la forte probabilité qu’elle abdique, un jour prochain, en faveur de son successeur.

L’autre question essentielle : qu’est-il arrivé au Mouvement républicain australien (ARM) ? Après avoir longtemps parlé de l’élection d’un président en Australie comme d’un aboutissement logique, ils en parlent désormais comme d’une éventualité.

La réponse se trouve peut-être dans « l’effet William et Kate » qui a insufflé un engouement nouveau pour la monarchie en Australie.
Selon un sondage mené par Roy Morgan, et paru juste avant le début du voyage de la reine dans The Australian, « Seulement 34 % des Australiens âgés de 14 ans et plus se prononcent en faveur d’une république, le pourcentage le plus bas depuis 1991. 55 % veulent conserver la monarchie, le chiffre le plus élevé depuis la même année. »
 

Mercredi 19 octobre, le couple royal arrive à Canberra 
 

Qui veut encore d’une république ?
 

1991 est une date clé, c’est l’année de création de l’ARM, à la suite d’un mouvement du Parti travailliste Australie, désormais au pouvoir, pour instaurer la république. Le mouvement avait mobilisé beaucoup de sympathisants puis un référendum avait été organisé en 1999 (la constitution australienne ne peut être modifiée que par le biais d’un référendum). Malgré l’enthousiasme pour le concept, les électeurs ont rejeté le changement. Cette défaite a été mise en grande partie sur le compte de l’incapacité de l’ARM à se réunir autour du même projet. Une partie du mouvement souhaitait que le président soit élu directement par le peuple, une autre se prononçait en faveur de l’élection du président par le Parlement.

Dix ans après ce référendum, l’opinion semble avoir changé. Même le Premier ministre, Julia Gillard, une républicaine convaincue, ne semble plus pressée de se séparer du pays colonial. Julia Gillard a écarté un autre référendum sur le sujet et certains disent même d’elle qu’elle a nui à la cause des républicains en acceptant d’aller au mariage du prince William et de Kate Middleton en avril.

La Grande-Bretagne ne veut pas divorcer de l’Australie

Les médias britanniques, en particulier, se sont réjouis de constater le recul de l’envie des Australiens de se séparer de la Grande-Bretagne qui a établi la première colonie blanche en Nouvelles Galles du Sud en 1788.

Nick Bryant, journaliste pour la BBC, dans un article titré L’effet William et Kate, évoquait un « sentiment persistant de déférence envers la Grande-Bretagne » comme cause de l’intérêt des Australiens pour le mariage royal. « Une des raisons pour lesquelles la monarchie a survécu aussi longtemps en Australie, en dehors de l’inertie constitutionnelle, du manque de consensus politique et des divisions au sein des républicains, est  que l’Australie est un pays étonnamment anglo-centré et où l’influence britannique prend une place immense dans l’espace culturel. Ce qui veut dire qu’avoir un chef d’état britannique n’est pas si illogique. »

William superstar

D’autres attribuent l’intérêt des Australiens à rester loyaux envers l’Angleterre à l’effet « star » du prince William et au charme de la reine. Le correspondant pour la famille royale de la BBC, en reportage à Canberra, première étape du voyage de la reine depuis son atterrissage mercredi 19 octobre au soir, rappelle que le prince William, peu avant son mariage, a assuré un « voyage très réussi en Australie et en Nouvelle-Zélande pour rencontrer les victimes des catastrophes naturelles ». « Son charme discret et sa sincérité évidente donnent de lui une impression très positive. »

« Il n’est pas surprenant que les politiciens australiens, même ceux qui se déclaraient farouchement en faveur de la république, aient réalisé que l’avenir de la monarchie dans ce pays ne soit plus un problème. »

Un républicanisme toujours vivant

Pendant ce temps, les journalistes des grands médias, officiellement à gauche, soutiennent que le républicanisme est vivant et bien vivant.

Glenn Patmore, expert en droit constitutionnel à Melbourne et auteur de Choisir la république écrivait dans le Sydney Morning Herald mercredi 19 octobre que les sondages actuels montrent encore un soutien considérable à la république, ainsi qu’une large part d’indécis dans la population. Selon lui, juste après l’échec du référendum, une étude « montrait que 89 % des personnes interrogées se disaient en faveur d’un chef de l’État qui serait australien ». Il ajoute que lors du « Sommet 2020 », organisé en 2007, 999 membres du Parti travailliste se déclaraient en faveur d’une république, clé de voute d’une réforme constitutionnelle. En conclusion, Glenn Patmore souligne que « Même si la reine mérite le respect, elle ne devrait pas officier en tant que chef d’État lors de nos cérémonies. »

Le couple royal passera dix jours sur le sol australien. Au programme, cinq jours à Canberra, un à Brisbane, un à Melbourne et un peu plus de trois à Perth, où la reine annoncera l’ouverture de la réunion des chefs du gouvernement du Commonwealth.
 

1954, première visite de la reine en Australie
 
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