Au « générique » de la santé française, les « génériques » ont le hoquet face aux réalités européennes…
La France, à l’image de la plupart des pays développés, cherche à sauver un système de santé chahuté par la crise économique comme un voilier empêtré dans les Quarantièmes rugissants. Avec, pourtant, une différence de taille au regard de ses voisins européens : elle est toujours persuadée que son modèle demeure le meilleur du monde…
Augmenter les complémentaires plutôt que baisser les génériques
Que le degré de prise en charge des dépenses de soins par la collectivité reste l’un des plus élevés, comparativement au niveau de liberté de choix offert au patient pour se soigner, ne fait pas vraiment débat. Ce qui est aujourd’hui de plus en plus remis en question est le plafond des efforts que chacun est en mesure de consentir pour préserver à la fois l’esprit et l’efficacité d’un système fondé sur la solidarité.
Dans un contexte où le concert de lamentations qui accompagnent traditionnellement l’annonce du déficit de la Sécurité sociale prend des allures de marche funèbre, la publication de chiffres concernant les médicaments génériques en Europe devrait au contraire sonner la charge libératrice de la cavalerie budgétaire.
Le jour même où l’on ponctionne les contrats d’assurance complémentaire de 1,1 milliard d’euros, on apprend par la Caisse nationale d’Assurance-maladie que c’est précisément la somme que l’on économiserait si les prix des médicaments génériques en France s’alignaient sur ceux du Royaume-Uni…
Hypertenseur : 27 centimes en France, 7 en Allemagne…
L’organisation du système de santé de la perfide Albion étant loin pour ce qui le concerne d’être une référence, il est sans doute préférable de se concentrer sur d’autres comparaisons européennes.
Elles laissent également songeur : ainsi, pour le traitement du cholestérol, le prix des mêmes statines génériques est de 28 centimes l’unité dans une officine française contre… 5 centimes aux Pays-Bas. Et là où le patient gaulois déboursera 27 centimes pour un hypertenseur, le malade teuton s’en sortira pour moins de 7 centimes.
La baisse des prix des médicaments génériques et la progression de leur prescription ne suffiront sans doute pas à sauver de la faillite le système de santé français mais, puisque l’enjeu porte sur plusieurs millions d’euros chaque année, on aurait apprécié qu’il fût intégré dans les plans de financement dès 2012…
* Un médicament « générique » est la stricte copie d’un médicament original dont le brevet est tombé dans le domaine public. En raison de l’investissement moindre pour développer un médicament générique, son prix de vente est évidemment inférieur à celui du médicament original.