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Le président Calderon défend sa guerre contre la drogue

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[image:1,l]Les prochaines élections présidentielles auront lieu au Mexique dans moins d’un an, et le président Felipe Calderon a commencé à défendre son bilan controversé dans la guerre contre la drogue. La loi mexicaine ne permet au président élu que de gouverner pour un seul mandat de six ans. Calderon ne pourra donc pas se porter candidat aux prochaines élections. Pourtant, il entend assurer sa succession et soutenir son parti, le PAN (Partido Accion Nacional), parti conservateur chrétien au pouvoir depuis 2000.

La guerre totale de Calderon contre les cartels

La présidence de Calderon a été fortement marquée par la guerre contre la drogue. La cible : les cartels qui contrôlent à la fois le marché local et le trafic vers les États-Unis, premier consommateur mondial de cocaïne.

Cette guerre s’appuie sur un plan d’attaque militaire massif contre les cartels. Le pays l’assume alors même que nombreux sont les Mexicains qui commencent à se lasser de telles effusions de sang.
Dès 2006, le président Calderon engage, pour la première fois, l’armée. L’Opération Mexique sûr de son prédécesseur Vincente Fox, en 2005, s’était limitée à une opération de police. Le 12 décembre 2006, plus de 5 000 militaires sont envoyés dans l’État de Michoacan pour reprendre aux cartels les territoires qu’ils contrôlent. L’arrestation ou la mort des principaux chefs ouvre la voie à de violentes luttes internes.
D’autres opérations suivent, de grande ampleur, le Plan Tijuana en Basse-Californie, l’Opération Chihuahua pour accélérer la lutte contre le cartel de Juarez. L’explosion de violence est sans précédent en 2008, et on ne recense pas moins de 5 000 morts pour cette seule année. La police et l’armée mexicaines souffrent d’un retard technologique flagrant face aux forces paramilitaires dont se sont dotés les cartels.
[image:2,s]En mars 2009, plus de 5 000 militaires sont envoyés à Ciudad Juarez, en renfort des 2 000 déjà présents, pour affronter les trois cartels qui se font la guerre. L’imminence des élections législatives du 5 juillet 2009 a précipité les opérations anti-corruption. En vain pour le pouvoir en place puisque le PRI (Partido Revolucionario Institucional) l’emporte tout de même face au PAN, en deuxième position.
En 2010, les affrontements entre les gangs et les attaques contre les forces de l’ordre et les civils redoublent d’intensité. Bilan : 15 000 morts dans l’année, un bilan supérieur à celui observé en Irak – 60 morts militaires et 3 000 civils tués en 2010…

Le président accuse l’opposition de vouloir négocier avec les cartels

[image:3,s]Le week-end des 15 et 16 octobre, le président a voulu justifier son engagement en lançant une provocation forte. Dans une interview au New York Times, il a déclaré que si le parti d’opposition PRI revenait au pouvoir, il négocierait avec les cartels de la drogue. « Ça dépend de qui sera au pouvoir. Il y a plusieurs hommes politiques dans le PRI qui approuvent secrètement ma politique, même si publiquement ils disent l’inverse, a-t-il déclaré. D’autres membres du PRI croient que les méthodes de négociations du passé pourraient encore marcher à l’heure actuelle. Je ne sais pas quel genre de négociations pourrait avoir lieu, mais je sais que c’est la mentalité de beaucoup d’entre eux. Si cette opinion prévaut, il faudra s’inquiéter. »

La réaction du PRI

Le PRI a dominé la politique mexicaine pendant près de 70 ans avant de perdre la présidence en 2000. Pendant ces années, il a établi un système de patronage politique qui concentre le pouvoir dans les mains du président. Le PRI nie tout lien avec les cartels de la drogue, et demande à Calderon d’être plus précis, de révéler des noms, de décrire des agissements à l’appui de ses accusations.
Pour tenter de se justifier, le cabinet de Calderon affirme que le Times s’était intéressé aux négociations menées par le PRI dans le passé. Ce ne serait donc pas Calderon qui aurait formulé ces accusations, mais le Times.

Le dernier mot aux électeurs

Les prochaines élections présidentielles feront office de référendum sur l’approche de Calderon dans la lutte contre les cartels de la drogue. Les morts depuis le début de la guerre contre les cartels sont estimés à 40 000. Même le président, dans une interview, se lasse de devoir défendre la situation actuelle. Pour Calderon, il s’agit de résultats sur le long terme. « Ce que je peux dire, c’est que le Mexique sera plus sûr, affirme-t-il, et si on n’avait pas agi, aujourd’hui la situation serait encore beaucoup plus préoccupante. »

La question se pose désormais : sera-ce suffisant pour convaincre les électeurs ?

 

Global post/Adaptation de Melania Perciballi – JOL Press

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