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L’éducation, une mine d’or pour les entrepreneurs

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La scène se déroule dans un bidonville typique de Delhi. L’eau remontée des égouts ruissellent le long des routes, laissant flotter quelques morceaux de papier et des bouteilles vides. Du linge est étendu et sèche dans l’odeur fétide amenée par le vent. Ici et là, un garçon filiforme récupère de l’eau à la pompe, un bébé, dont les yeux ont été noirci au crayon, joue, non sans une grande expression de bonheur, dans la crasse.


Ce n’est pas un endroit rêvé pour vivre. Mais même ici, Ramesh Singh, un conducteur de pousse-pousse, a décidé d’envoyer son fils, Dhiraj, dans une école privée lorsqu’un programme pilote lui en a donné la chance il y a plusieurs années. « Vous avez bien vu quand le professeur l’a interrogé » interroge Ramesh. « Il a terminé sa troisième année à l’école du gouvernement et il ne peut toujours rien lire du tout. »


Echec de l’Etat dans l’éducation


Riches ou pauvres, les Indiens abandonnent au fur et à mesure les écoles publiques dirigées de manière désastreuse. Seulement deux tiers des enfants en âge d’aller à l’école sont scolarisés. La concurrence est féroce pour intégrer les écoles privées. Il y a de longues listes d’attente et il faut connaître les bonnes personnes pour avoir une chance d’être accepté.


Plus décourageant encore, en raison de sa démographie, l’Inde aura besoin de construire 250 000 nouvelles écoles pour atteindre son objectif de scolarisation en 2015. Ce qui signifie qu’il y a une vraie opportunité et certains investisseurs pensent que l’Inde pourrait bien être le premier pays dans le monde où le modèle d’éducation des enfants, de la maternelle au lycée serait, une entreprise.


L’école que Ramesh a choisi pour Dhiraj s’appelle R.S Ecole Publique. Quand j’ai visité cette école, la peinture se détachait des murs. Les barreaux des fenêtres faisaient plus penser à une prison qu’à un endroit destiné aux enfants, les élèves, dans la cour, étaient obligés de plisser les yeux pour ne pas attraper la poussière amenée par le vent.


L’éducation : une entreprise comme une autre ?


[image:2,s]Satya Narayanan est président de Career Launcher « L’Inde a besoin d’entrepreneurs et d’organisations qui veulent construire un modèle d’exécution évolutive des écoles. En termes de chiffres, cela pourrait se transformer en une chaîne d’une centaine d’écoles sur une période de cinq à sept ans. »
Avec quatorze écoles en marche, pour la plupart dans des villes secondaires mais dont cinq en zone rurale, Indus World School a fait un bon départ.
Plus tôt cette année, la société a financé le Gaja Capital Partners et a acquis une partie des actifs de Housing Development Finance Corp pour environ 10 millions de dollars, signe que l’affaire est sur la bonne voie. Selon Satya Narayanan, IWS espère faire fonctionner 75 écoles avec plus de 45 000 élèves d’ici cinq ans, ce qui pourrait ouvrir la voie à une vague d’adeptes.


Les indiens s’arrachent le concept


Selon l’entrepreneur, au moins une douzaine de groupes indiens seraient en train de penser aux mêmes genres d’investissements. Mais avec 250 000 écoles, il n’y a pas trop d’inquiétudes à avoir au sujet de la concurrence, c’est le marché de l’océan bleu.
Néanmoins, Satya Narayanan veut être sûr que l’innovation ne se réduit pas seulement au concept. La société développe constamment sa propre propriété intellectuelle pour son programme d’études, avec un accent particulier sur les aspirations de carrière et les objectifs de l’éducation supérieure, ce qui plaît aux parents de classe moyenne indienne.
Les chaînes d’écoles peuvent-elles vraiment réussir là où l’Etat à échoué, spécialement pour des élèves comme Dhiraj Singh, dont les parents ne peuvent pas payer plus qu’une somme dérisoire ?


Une opportunité offerte par le gouvernement


Jusqu’ici IWS, comme la plupart des écoles indiennes de l’élite offraient des bourses à une centaine d’étudiants, pas plus. Mais l’élan du pays qui a récemment adopté une nouvelle loi nommée Droit à l’Education (RTE), pourrait bien libérer des fonds pour les acteurs privés. « La RTE a besoin d’une structure opérationnelle », ajoute Narayanan. « Nous pouvons faire beaucoup en seulement une génération si nous utilisons la RTE intelligemment. » 


Global Post / Sybille de Larocque – JOL Press

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