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L’effondrement du Brésil menace la voisine Argentine

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[image:1,l]Dans un pays qui a connu deux crises économiques en moins de trois décennies, personne ne veut plus entendre parler de calamités économiques.
Mais lorsque le spectre d’une autre crise financière globale s’avance vers le pays, l’Argentine commence à reconnaître qu’elle est également exposée à des risques économiques.

Le ralentissement de l’économie brésilienne

Le Brésil, la plus grande économie d’Amérique latine, a crû à un rythme accéléré de 7,5 % en 2010, mais cette année sa croissance est descendue à 3,8 %, selon le FMI. Des signaux montrent déjà que la demande de consommation risque de s’affaiblir, dans un contexte dominé par la peur de l’inflation, par des taux de prêts élevés et par une situation mondiale imprévisible.

Quelles conséquences pour l’Argentine ?

La peur est que si le Brésil – son partenaire commercial le plus proche – n’échappe pas à la récession planétaire, l’Argentine n’y parviendra pas mieux. Un effondrement de l’économie brésilienne est susceptible de se répercuter dans toute l’Argentine.
Une croissance économique plus lente au Brésil et une réduction de la consommation affecteraient l’Argentine, estime Riordan Roett, directeur du programme Western Hemisphere Studies à la Johns Hopkins University. La demande brésilienne s’est révélée soutenue pour les produits argentins. »
Marquée par sa dette de 100 milliards de dollars en 2001, l’Argentine n’est plus un acteur international majeur. Elle s’est donc moins exposée aux volatilités du marché mondial. Mais le Brésil est la puissance émergente qui crée le lien le plus fort entre l’Argentine et le reste du monde.
L’Argentine exporte une grosse partie de ses biens manufacturiers au Brésil. Cette année, le pays pourrait même devancer les États-Unis en tant que deuxième partenaire commercial du Brésil, derrière la Chine, prévient David Fleischer, professeur de sciences politiques à l’université de Brasilia.
Début octobre, Jose Ignacio de Mendigueren, à la tête de l’Union des industriels argentins, avait jeté l’alarme : « Le pire des scénarios serait que la croissance du Brésil commence à ralentir. » La façon dont la crise affecte leur économie « est très importante pour nous. Nous sommes très attentifs à ce qui va se passer ».

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Le secteur automobile est le plus menacé

L’Argentine expédie voitures, céréales, plastique et acier à son voisin du nord. Les voitures, surtout, irriguent les échanges : quelque 80 % des automobiles produites en Argentine partent pour le Brésil.
Mais les exportations de voitures ont chuté de plus de 11 %.
En septembre, Fiat Argentina avait annoncé mettre au chômage technique temporairement 400 travailleurs, et Renault Argentina l’envisage à son tour. Dans les deux cas, les syndicats des travailleurs du secteur ont expliqué que ces suspensions de production dépendaient des stocks excédentaires au Brésil (Fiat est revenu rapidement à un taux de production normal, et Renault reste dans l’expectative).
D’autres branches de l’économie argentine montrent à leur tour des signes de fatigue. Alpargatas, important fabricant de textiles, a suspendu le travail de 2 500 ouvriers pendant une semaine. En cause, un repli desventes.

L’Argentine doit-elle craindre une dévaluation du real brésilien ?

[image:3,s]De plus, la dévaluation de la monnaie brésilienne – qui a chuté de 15 % en septembre – rend les produits argentins moins compétitifs. À quoi s’ajoute le ralentissement de la croissance qui produit son impact sur la consommation des Brésiliens.
Cette situation n’est pas sans précédents, nuance Carlos Germano, analyste politique de Buenos Aires. En 1999, la monnaie brésilienne avait chuté, les exportations argentines avaient enchéri, ce qui a contribué à la crise dévastatrice de 2001.
Mais Germano pense que l’Argentine a retenu la leçon. Il ne pense pas que les deux pays d’Amérique du Sud réitèrent les mêmes erreurs. Avec des hauteurs acceptables de dette et un marché intérieur fort, l’Argentine est encore relativement bien protégée.

Le gouvernement argentin prêt à faire face à la crise

La chute des prix ou l’affaiblissement de la demande de la Chine pourraient provoquer des tensions supplémentaires, mais le gouvernement se dit prêt à affronter la réalité. « Nous devons surveiller de près la récession du commerce mondial. L’Argentine irrigue vraiment la planète », a prévenu le ministre de l’Économie argentin Roberto Faletti cette semaine. Ce faisant, c’est la première fois qu’un membre du gouvernement argentin a admis que son pays pourrait ne pas sortir indemne de la crise.
« Si la demande internationale chute, concède Faletti, l’Argentine devra impérativement suppléer ses exportations par une demande intérieure dopée et des échanges renforcés avec nos voisins régionaux, comme la nation s’y est employée pendant la crise de 2009. »
« Chaque pays de la région baigne dans son propre marché, analyse Riordan Roett, le chercheur en sciences politiques spécialiste d’Amérique Latine déjà cité. Tout va dépendre de l’allure de leurs réserves de capitaux, de quoi engager ou non un processus contracyclique. »

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Cristina Kirchner veut rassurer

La présidente Cristina Kirchner a défendu ce mois-ci le modèle économique de son gouvernement à travers un plan industriel stratégique. « Nous avons créé des conditions macroéconomiques qui nous permettent de rester debout malgré les turbulences. » Kirchner est presque sûre de décrocher un deuxième mandat aux prochaines élections. « Les recettes d’ajustements n’amènent qu’à la récession, le défi de l’Argentine est de donner tort aux oiseaux de mauvais augure, les mêmes qui nous prédisaient que la tempête de 2009 allait nous détruire. »

 

Global Post/Adaptation Melania Perciballi – JOL Press

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